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d’aise à voir certains « tableaux » formés par les personnages de ''Denise'' ; et, s’il ne pouvait que lire la brochure <ref> Calmann Lévy, éditeur.</ref>, il se réjouirait de tant d’indications de scène. N’importe : ces moyens d’exécution me paraissent d’un art inférieur, et je le dis. Mais, avec la même fermeté, je maintiens que l’invention de ''Denise'' est d’un art supérieur. C’est assez pour la classer hors du vulgaire des drames, dans un ordre où nos respects n’ont que rarement à saluer un ouvrage nouveau.
d’aise à voir certains « tableaux » formés par les personnages de ''Denise'' ; et, s’il ne pouvait que lire la brochure<ref> Calmann Lévy, éditeur.</ref>, il se réjouirait de tant d’indications de scène. N’importe : ces moyens d’exécution me paraissent d’un art inférieur, et je le dis. Mais, avec la même fermeté, je maintiens que l’invention de ''Denise'' est d’un art supérieur. C’est assez pour la classer hors du vulgaire des drames, dans un ordre où nos respects n’ont que rarement à saluer un ouvrage nouveau.


Après cela, quiconque lirait cette étude loin des conversations de Paris, croirait que nous avons tout dit sur ''Denise'' ; et peut-être, en effet, avons-nous dit, au moins rapidement, tout ce qu’il fallait en dire a cette place. Il n’y manquerait que de constater que la pièce est-bien jouée, que M. Worms et Mlle Bartet prêtent la vibration de leurs nerfs et de leurs voix au héros et à l’héroïne, et qu’ils la communiquent au public ; que M. Coquelin est parfait dans le rôle de Thouvenin et qu’il y donne, avec l’exemple de l’autorité, le modèle de la diction la plus nuancée du monde ; que Mme Granger représente Mme Brissot avec conscience ; que M. Got, dans le personnage de Brissot, a le pathétique ordinaire de sa brusquerie, et que Mlle Pierson, sous le nom de Mme de Thauzette, fait apprécier à leur prix, pour la première fois depuis son entrée à la Comédie-Française, les ressources variées de sa bonne grâce ; que Mlle Reichenberg, qui figure Marthe, un peu trop sèche sans doute dans la seconde partie du rôle, en marque la première d’une pointe bien fine.
Après cela, quiconque lirait cette étude loin des conversations de Paris, croirait que nous avons tout dit sur ''Denise'' ; et peut-être, en effet, avons-nous dit, au moins rapidement, tout ce qu’il fallait en dire a cette place. Il n’y manquerait que de constater que la pièce est-bien jouée, que M. Worms et Mlle Bartet prêtent la vibration de leurs nerfs et de leurs voix au héros et à l’héroïne, et qu’ils la communiquent au public ; que M. Coquelin est parfait dans le rôle de Thouvenin et qu’il y donne, avec l’exemple de l’autorité, le modèle de la diction la plus nuancée du monde ; que Mme Granger représente Mme Brissot avec conscience ; que M. Got, dans le personnage de Brissot, a le pathétique ordinaire de sa brusquerie, et que Mlle Pierson, sous le nom de Mme de Thauzette, fait apprécier à leur prix, pour la première fois depuis son entrée à la Comédie-Française, les ressources variées de sa bonne grâce ; que Mlle Reichenberg, qui figure Marthe, un peu trop sèche sans doute dans la seconde partie du rôle, en marque la première d’une pointe bien fine.