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Mais si le ''sol'' est ''tout-à-fait tourbeux'', ce n’est qu’à la longue et par un traitement approprié à sa nature qu’il peut être rendu apte à nourrir un petit nombre de végétaux d’abord, et devenir ensuite avec le temps susceptible des plus riches cultures, la luzerne, la garance, la betterave.
Mais si le ''sol'' est ''tout-à-fait tourbeux'', ce n’est qu’à la longue et par un traitement approprié à sa nature qu’il peut être rendu apte à nourrir un petit nombre de végétaux d’abord, et devenir ensuite avec le temps susceptible des plus riches cultures, la luzerne, la garance, la betterave.


Lorsque sous la couche tourbeuse on trouve de la bonne terre, ce qu’il y a de mieux à faire c’est d’exploiter la tourbe pour alimenter les foyers ou les usines du voisinage, s’il y a une consommation suffisante. On connaît les procédés d’extraction, la fabrication des mottes, etc., nous n’en parlerons pas, mais nous devons mentionner le ''procédé pour carboniser la tourbe'' introduit dans les marais de Bourgoin par le général Evain, aujourd’hui ministre de la guerre en Belgique, alors employé de M. Lapierre, adjudicataire de ces marais. C’est une sorte d’alambic à l’aide duquel on sépare, de la tourbe par la distillation, la partie bitumineuse,et l’on convertit le surpl us en morceaux de charbons propres à être employés dans les fabriques d’acier, comme le goudron obtenu peut l’être dans la marine. Il existe aux environs de Paris (à Croï) un grand établissement où ce procédé est, dit-on, en pleine activité. (Voir le livre des ''Arts agricoles'', où cet objet sera traité dans un article spécial.)
Lorsque sous la couche tourbeuse on trouve de la bonne terre, ce qu’il y a de mieux à faire c’est d’exploiter la tourbe pour alimenter les foyers ou les usines du voisinage, s’il y a une consommation suffisante. On connaît les procédés d’extraction, la fabrication des mottes, etc., nous n’en parlerons pas, mais nous devons mentionner le ''procédé pour carboniser la tourbe'' introduit dans les marais de Bourgoin par le général Evain, aujourd’hui ministre de la guerre en Belgique, alors employé de {{M.|Lapierre}}, adjudicataire de ces marais. C’est une sorte d’alambic à l’aide duquel on sépare, de la tourbe par la distillation, la partie bitumineuse, et l’on convertit le surpl us en morceaux de charbons propres à être employés dans les fabriques d’acier, comme le goudron obtenu peut l’être dans la marine. Il existe aux environs de Paris (à Croï) un grand établissement où ce procédé est, dit-on, en pleine activité. (Voir le livre des ''Arts agricoles'', où cet objet sera traité dans un article spécial.)


Comme on n’a pas toujours à sa portée une ville où le besoin de combustibles fasse rechercher la tourbe, et comme d’ailleurs, même dans ce cas, il serait la plupart du temps trop long d’attendre la consommation de toute la couche tourbeuse pour tirer du sol un produit agricole, il faut tâcher de ''faire croître une végétation avantageuse'' sur ces tourbes elles-mêmes. Le plus simple de tous les moyens, c’est de les rendre à l’état marécageux ; mais, outre que le produit des marais est bien mince, ce serait perpétuer des foyers d’infection. Il vaut mieux, quand on est convenablement placé pour cela, recourir au moyen employé par les Hollandais dans plusieurs de leurs principaux ''polders''. Le sol est divisé par de larges fossés en lanières étroites et longues, légèrement relevées en ados sur le milieu. Chacune de ces lanières reçoit au printemps et jusqu’à l’automne le nombre de bœufs ou de vaches qu’elle peut nourrir ; ces animaux n’en sortent ni nuit ni jour, ils se gardent seuls, grâce à la largeur des fossés dont le fond vaseux est un obstacle suffisant pour les vaches de ce pays naturellement paresseuses et sédentaires, accoutumées d’ailleurs par des corrections et des entraves à ne pas sortir de leurs ''domaines'' respectifs, où du reste elles se trouvent trop bien pour tenter fortune ailleurs. Chacune de ces lanières contient de 3 à 4 et jusqu’à 7 et 8 vaches, d’après son étendue et d’après la plus ou moins grande abondance et la qualité de l’herbe. Les propriétaires soigneux font ''épargir'' fréquemment la fiente de ces animaux, afin qu’il ne se forme pas d’inégalités et que le sol soit uniformément amendé partout ; ils font aussi arracher les chardons avec un ''échardonnoir'', espèce de grandes tenailles en bois, très-commode pour cet objet (''fig''. 135). [[File:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I (page 154) - Fig 135.jpg|center|500px]]
Comme on n’a pas toujours à sa portée une ville où le besoin de combustibles fasse rechercher la tourbe, et comme d’ailleurs, même dans ce cas, il serait la plupart du temps trop long d’attendre la consommation de toute la couche tourbeuse pour tirer du sol un produit agricole, il faut tâcher de ''faire croître une végétation avantageuse'' sur ces tourbes elles-mêmes. Le plus simple de tous les moyens, c’est de les rendre à l’état marécageux ; mais, outre que le produit des marais est bien mince, ce serait perpétuer des foyers d’infection. Il vaut mieux, quand on est convenablement placé pour cela, recourir au moyen employé par les Hollandais dans plusieurs de leurs principaux ''polders''. Le sol est divisé par de larges fossés en lanières étroites et longues, légèrement relevées en ados sur le milieu. Chacune de ces lanières reçoit au printemps et jusqu’à l’automne le nombre de bœufs ou de vaches qu’elle peut nourrir ; ces animaux n’en sortent ni nuit ni jour, ils se gardent seuls, grâce à la largeur des fossés dont le fond vaseux est un obstacle suffisant pour les vaches de ce pays naturellement paresseuses et sédentaires, accoutumées d’ailleurs par des corrections et des entraves à ne pas sortir de leurs ''domaines'' respectifs, où du reste elles se trouvent trop bien pour tenter fortune ailleurs. Chacune de ces lanières contient de 3 à 4 et jusqu’à 7 et 8 vaches, d’après son étendue et d’après la plus ou moins grande abondance et la qualité de l’herbe. Les propriétaires soigneux font ''épargir'' fréquemment la fiente de ces animaux, afin qu’il ne se forme pas d’inégalités et que le sol soit uniformément amendé partout ; ils font aussi arracher les chardons avec un ''échardonnoir'', espèce de grandes tenailles en bois, très-commode pour cet objet (''fig''. 135). [[File:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I (page 154) - Fig 135.jpg|center|500px]]