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POLYBE, LIV. XXIV.

choses qui devaient le piquer ; mais il s’était tellement gagné et l’amitié du peuple et la confiance du sénat, qu’après avoir dit simplement qu’il ne convenait pas au peuple romain d’écouter un accusateur de Publius Cornélius Scipion, à qui les accusateurs mêmes devaient la liberté qu’ils avaient de parler, l’assemblée se dissipa et laissa l’accusateur tout seul. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


V.


Différentes réponses du sénat à différens ambassadeurs.


La seconde année de la présente olympiade, il vint à Rome des ambassadeurs de la part d’Eumène, de Pharnace, des Achéens, des Lacédémoniens exilés et de ceux qui étaient dans la ville. Les Rhodiens y en avaient aussi envoyé pour se plaindre du meurtre qui s’était fait dans Sinope. Le sénat répondit aux ambassadeurs de Sinope, d’Eumène et de Pharnace, qu’il députerait pour être informé au juste de l’état des affaires des Sinopéens et des démêlés que les deux rois avaient ensemble.

À l’égard des autres, comme Q. Marcius était tout récemment arrivé de Grèce, de Macédoine et du Péloponnèse, et qu’il avait donné sur ces pays-là tous les éclaircissemens qu’on pouvait souhaiter, le sénat ne jugeait pas qu’il fût nécessaire d’en écouter les ambassadeurs. On fit appeler cependant ceux du Péloponnèse et de la Macédoine, et on les laissa parler. Mais dans la réponse qu’on leur fit et dans les jugemens que l’on porta, on eut moins égard à leurs remontrances qu’au rapport qu’avait fait Marcius ; qu’à la vérité Philippe avait obéi aux ordres du sénat, mais qu’il ne s’y était soumis qu’avec une extrême répugnance, et qu’à la première occasion qui lui paraîtrait favorable, il ne manquerait pas de se déclarer contre les Romains. Sur ce rapport, le sénat loua Philippe de ce qu’il avait fait ; mais il le loua de telle sorte qu’il l’avertissait en même temps de se donner de garde de rien entreprendre contre la république romaine.

Touchant le Péloponnèse, Q. Marcius avait rapporté que les Achéens ne voulaient renvoyer aucune affaire au sénat, et que c’était une ligue fière et orgueilleuse qui prétendait tout décider par elle-même ; que si les pères ne les écoutaient que de certaine façon et témoignaient tant soit peu n’être pas contens de leurs procédés, les Lacédémoniens feraient certainement la paix avec Messène, et qu’alors les Achéens viendraient en supplians implorer le secours des Romains. Sur quoi le sénat fit réponse à Sérippe, ambassadeur de Lacédémone, qu’il avait fait jusqu’alors pour les Lacédémoniens tout ce qui lui avait été possible ; mais que pour le présent il ne croyait pas que le différend qu’ils avaient avec les Messéniens le regardât. Le sénat répondit ainsi pour laisser les Lacédémoniens en suspens. Quand ensuite les Achéens demandèrent qu’en vertu du traité d’alliance, on leur donnât, si l’on pouvait, du secours contre les Messéniens, ou que, si cela ne se pouvait pas, on prît du moins des mesures pour empêcher qu’il n’allât d’Italie à Messène ni armes, ni vivres, on ne leur accorda ni l’un, ni l’autre. Loin de là, le sénat répondit que quand les Lacédémoniens, ou les Corinthiens, ou les Argiens, se détacheraient de la ligue des Achéens, ceux-ci ne devraient pas être surpris que les pères ne s’intéressassent pas à cette séparation. C’était comme publier à son de trompe qu’ils permettaient à qui que ce fût de se séparer de la ligue des Achéens. On retint