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POLYBE, LIV. XXIV.

sion. On ne cacha plus la haine contre le prince ; on éclata en imprécations contre lui.

Cet ordre inhumain fut à peine exécuté, qu’il lui vint dans l’esprit de ne rien laisser qui fût suspect et dont il pût avoir à craindre. Il écrivit aux gouverneurs des villes de rechercher les enfans, tant de l’un que de l’autre sexe, des Macédoniens qu’il avait fait mourir, et de les enfermer dans des prisons. Quoique cet ordre regardât particulièrement Admète, Pyrrhique et Samus, et les autres qui étaient morts avec eux, il s’étendait cependant à tous les autres à qui Philippe avait fait perdre la vie. On dit que, pour justifier cette cruauté, il citait ce vers :

Sot qui, tuant le père, épargne les enfans.

Le sort de ces enfans, qui la plupart venaient de pères illustres et puissans, fit un grand éclat dans le royaume, et il n’y avait personne qui n’en fût vivement touché.

La fortune donna dans le même temps une troisième scène où les propres enfans de Philippe vengèrent les autres de l’inhumanité qu’il avait exercée contre eux. Persée et Démétrius étaient mal ensemble et cherchaient réciproquement à se perdre. Le père fut averti de leur division et de leur haine mutuelle, et l’inquiétude mortelle où il était de savoir lequel des deux serait assez hardi pour tuer l’autre, et duquel des deux il avait à redouter pour lui le même malheur dans sa vieillesse, le tourmentait nuit et jour. Quand on pense à l’état violent où l’esprit de ce prince était perpétuellement, on ne peut s’empêcher de croire que quelques dieux irrités punissaient dans sa vieillesse les crimes qu’il avait commis dans un autre âge. C’est ce que l’on verra encore plus clairement par ce que nous dirons dans la suite. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


IV.


Philopœmen et Lycortas, préteurs des Achéens.


Le premier n’était, en vertus, inférieur à aucun des héros de l’antiquité ; mais du côté de la fortune il n’était pas si favorisé. Lycortas, qui lui succéda, n’était en rien moins estimable que lui.

Philopœmen, pendant quarante ans dans un état populaire et susceptible de vicissitudes infinies, n’entreprit rien dont il ne s’acquittât avec honneur ; et, quoiqu’il n’accordât rien à la faveur et qu’il allât toujours sans respect humain au bien de la république, il eut cependant l’art de se soustraire aux traits de l’envie. En cela, je ne sais si l’on trouverait son semblable. (Ibid.)


Annibal.


C’est une chose singulière que ce général des Carthaginois ait été dix-sept ans en guerre, à la tête d’une armée composée de nations, de pays et de langage différens, qu’il conduisait à des expéditions étonnantes et dont on pouvait à peine espérer quelque succès, sans que jamais aucun de ses soldats se soit avisé de le trahir. (Ibid.)


Publius Scipion.


Après avoir brillé dans les premières charges de la république, ce Romain se vit assigné à comparaître devant le peuple pour répondre à une accusation que je ne sais quel plébéien avait intentée contre lui, selon la coutume des Romains. Il comparut en effet, et l’accusateur lui reprocha beaucoup de