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POLYBE, LIV. XXIV.

mains. Il lui importait de cacher la haine qu’il avait pour eux, et de gagner du temps pour se disposer à la guerre qu’il se proposait de leur déclarer. Ce fut dans cette vue qu’il marcha contre les Barbares, traversa la Thrace, et se jeta sur le pays des Odrysiens, des Bessiens et des Denthelètes. Il entra d’emblée dans Philippopolis. Les habitans, à son approche, s’étaient enfuis sur les montagnes. Il fit ensuite des courses dans le plat pays, ravagea les uns, recevant les autres à composition. Il mit enfin garnison dans la ville et revint dans son royaume. Cette garnison fut chassée quelque temps après par les Odrysiens, qui ne gardèrent pas la foi qu’ils avaient promise à ce prince. (Ambassades.) Dom Thuillier.


Commencement des malheurs de Démétrius, fils de Philippe.


Démétrius, de retour en Macédoine, fit connaître la réponse que le sénat lui avait faite. Quand les Macédoniens y virent que c’était en considération de ce prince qu’ils avaient été si favorablement traités, qu’on lui était redevable de la grâce qu’on avait reçue, et que dans la suite il n’y aurait rien que les Romains ne fissent pour l’obliger, ils le regardèrent comme le libérateur de la patrie ; car la manière dont Philippe se conduisait avec les Romains leur faisait craindre que ceux-ci ne vinssent bientôt fondre avec une armée sur la Macédoine. Philippe et Persée furent choqués des honneurs que Démétrius recevait ; ils ne pouvaient digérer que les Romains voulussent qu’on n’eût obligation de leurs faveurs qu’à ce jeune prince. Le père cependant eut assez de force pour cacher en lui-même et dissimuler son chagrin ; mais Persée fit éclater ses ressentimens. C’était un prince qui non-seulement était beaucoup moins aimé des Romains que son frère, mais lui était infiniment inférieur soit par le caractère, soit par les talens ; ce qui lui faisait appréhender que, quoique aîné, il ne fût exclus de la succession à la couronne. Pour prévenir ce malheur, il commença par corrompre et se gagner les amis de Démétrius..... (Ibid.)


Philippe.


Il arriva dans ce temps-là un événement qui fut, pour ce prince et pour tout le royaume de Macédoine, le commencement d’une horrible calamité et qui mérite bien d’être remarquée. La fortune, comme pour tirer vengeance de tous les crimes et de toutes les impiétés dont Philippe avait souillé sa vie, déchaîna contre lui des furies qui, ne le quittant ni le jour, ni la nuit, le tourmentèrent jusqu’au dernier moment de sa vie. Preuve éclatante qu’il est un œil de la justice auquel l’homme ne peut se soustraire et qu’il est impie de mépriser. La première pensée que ces furies vengeresses lui inspirèrent fut que, devant déclarer la guerre aux Romains, il chassât des grandes villes, et en particulier des villes maritimes, tous ceux qui les habitaient avec leurs femmes et leurs enfans, de les transférer dans la province qui, appelée autrefois Péonie, porte aujourd’hui le nom d’Émathie, et de peupler ces villes de Thraces et de Barbares qui, pendant son expédition contre les Romains, lui seraient plus fidèles et plus attachés. Cette transmigration causa un deuil et un tumulte prodigieux dans toute la Macédoine, une irruption d’ennemis n’y aurait pas apporté plus de désordre et de confu-