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vieux dialectes délaissés des beaux parleurs, et conservés encore par la province plus fidèle à ses vieux us, à ses coutumes vénérables qui sont autant d’honneurs rendus et de souvenirs payés à un passé auquel nous devons d’être ce que nous sommes.

Certes, il est loin de ma pensée de vouloir revenir sur les faits accomplis, de m’insurger contre les décrets de l’histoire et de rêver une restauration chimérique, impossible et partant insensée de littératures et de dialectes dont la vitalité est éteinte. La langue française est à cette heure composée, constituée, consacrée par la voix et la plume d’hommes qui seront la gloire de l’humanité. La France, la Belgique, une partie de la Suisse s’enorgueillissent d’écrivains et de penseurs qui ont pris pour instrument le français moderne, et ce serait une dérision que de tenter de leur faire renier des gloires récentes pour des souvenirs charmants, grandioses même, auxquels le temps et le progrès ont imprimé leur sceau indélébile.

Pourquoi tomber dans l’erreur de l’école félibrenque de Provence, ou plutôt de Mistral, son chef ? Pourquoi ces vains espoirs de restauration d’une langue et par conséquent d’une société qui n’existent plus depuis le treizième siècle, hormis dans quelques chansons et dans quelques noëls populaires ? Où sont les historiens, où sont les philosophes, où sont les savants qui ont écrit en langue d’oc[1] ? Cette sœur jumelle de la langue d’oïl n’a pas eu plus de bonne fortune que les enfants de celle-ci, pas plus que le normand, que le bourguignon, que le picard, que le wallon. Tous ont été absorbés dans la grande unité française, quand la féodalité croula sur

  1. Voir, sur cette école nouvelle et sur ses prétentions, les Français du Nord et du Midi, par E. Garcin. — Didier, édit. — L’auteur, malgré ses bizarres idées sur le celtisme, y défend très bien l’unité française.