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bien d’autrui ou au bien personnel en accord avec le bonheur d’autrui. Mais le sens moral est actif chez ceux même qui ne croient pas en Dieu. L’éthique est pour Hutcheson indépendante des idées théologiques aussi bien que des arrière-pensées égoïstes. Il concède cependant que là où le sens moral est émoussé, l’injonction de l’autorité est le seul moyen qu’on ait d’engager la lutte contre les passions. Du reste le sens moral n’agit pas toujours à la façon d’un instinct immédiat. Il peut en résulter un sentiment d’obligation : là même où l’incitation directe ne mène pas à l’action ou à l’abstention, la conscience peut faire sentir qu’en ne prenant pas une certaine décision on se trouvera en conflit avec les préceptes de la charité, que par suite on perdra sa paix intérieure ({{lang|en|serenity}}) et que peut-être on s’attirera aussi des désagréments intérieurs ou extérieurs. Le sentiment du devoir est donc pour Hutcheson un sentiment dérivé et secondaire. —
bien d’autrui ou au bien personnel en accord avec le bonheur d’autrui. Mais le sens moral est actif chez ceux même qui ne croient pas en Dieu. L’éthique est pour Hutcheson indépendante des idées théologiques aussi bien que des arrière-pensées égoïstes. Il concède cependant que là où le sens moral est émoussé, l’injonction de l’autorité est le seul moyen qu’on ait d’engager la lutte contre les passions. Du reste le sens moral n’agit pas toujours à la façon d’un instinct immédiat. Il peut en résulter un sentiment d’obligation : là même où l’incitation directe ne mène pas à l’action ou à l’abstention, la conscience peut faire sentir qu’en ne prenant pas une certaine décision on se trouvera en conflit avec les préceptes de la charité, que par suite on perdra sa paix intérieure ({{lang|en|serenity}}) et que peut-être on s’attirera aussi des désagréments intérieurs ou extérieurs. Le sentiment du devoir est donc pour Hutcheson un sentiment dérivé et secondaire. —


Dans les problèmes éthiques particuliers, Hutcheson se sert comme mesure du principe du bonheur. Dans son ''{{lang|System of moral phylosophy}}'' se trouvent une foule de remarques pénétrantes, humaines et libérales sur divers faits moraux, sociaux et politiques. — Une biographie et une caractéristique excellentes de Hutcheson et de son rôle ont été données par W. R. Scott dans son livre ''Francis Hutcheson'' (1900).
Dans les problèmes éthiques particuliers, Hutcheson se sert comme mesure du principe du bonheur. Dans son ''{{lang|en|System of moral phylosophy}}'' se trouvent une foule de remarques pénétrantes, humaines et libérales sur divers faits moraux, sociaux et politiques. — Une biographie et une caractéristique excellentes de Hutcheson et de son rôle ont été données par W. R. Scott dans son livre ''Francis Hutcheson'' (1900).


Joseph Butler, qui, après avoir terminé ses études dans une académie de dissidents, passa par la suite à l’Église d’État et mourut évêque en 1752, est un énergique penseur et un habile observateur. Il donna à la doctrine du sens moral de Shaftesbury une forme encore plus théologique que Hutcheson. À cela se rattachaient en particulier sa vue pénétrante des sombres côtés de la vie et l’éloignement où il se tenait vis-à-vis de l’optimisme enthousiaste de Shaftesbury.
Joseph Butler, qui, après avoir terminé ses études dans une académie de dissidents, passa par la suite à l’Église d’État et mourut évêque en 1752, est un énergique penseur et un habile observateur. Il donna à la doctrine du sens moral de Shaftesbury une forme encore plus théologique que Hutcheson. À cela se rattachaient en particulier sa vue pénétrante des sombres côtés de la vie et l’éloignement où il se tenait vis-à-vis de l’optimisme enthousiaste de Shaftesbury.