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ma fille et moi, que nous étions un peu gâtées ; mais
ma fille et moi, que nous étions un peu gâtées ; mais nous commençons à nous remettre, et nos amis nous veulent bien reconnoître. Pour vous, mon cousin, je me réponds à moi—même, et j’ai su qu’à Fontainebleau vous étiez fort bien ; et quand vous n’êtes pas à la cour, je me fie à ma nièce d’exercer votre vivacité en exerçant aussi la sienne. Je vous ai trop souvent recommandés l’un à l’autre pour craindre pour vous deux les accidents qui arrivent aux autres. J’ai senti la force du nom, dans le plaisir que m’a fait ma nièce de Montataire de s’être enfin rendue dame et maîtresse de tout le bien de Manicamp. Il est donc vrai qu’il y a de grands procès qui unissent, et qu’une fille qui n’a été mariée qu’avec des prétentions, qui est la chose du monde qui donne le moins de subsistance, se trouve présentement un très-solide et un très-bon parti. J’ai su aussi que Monsieur votre fils a eu une pension, et l’abbé un petit bénéfice en attendant mieux ; mon cœur a fait son devoir dans toutes ces occasions. Toute la cour est pleine de joie et de plaisirs pour le mariage de Monsieur de Chartres et de Mademoiselle de Blois<ref>3. Ce mariage eut lieu le 18 février 1692, à Versailles. Voyez la ''Gazette'' du 23.</ref>. Il y aura un grand bal, où tous ceux qui disent qu’ils n’ont pas un sou, font des dépenses de deux et trois cents pistoles. C’est ce qui fait qu’on ne croit point à leurs misères, qui sont pourtant bien véritables. Mais les François ont des ressources dans leurs envies<ref>4. Il y a bien ''leurs envies'', au pluriel, dans le manuscrit.</ref>de plaire au Roi, qui ne trouveroient point de créance dans ce qu’on nous en pourroit dire, si nous ne le voyions de nos propres yeux. Nous verrons donc tous les jeunes et vieux courtisans parés selon leur âge, et toujours magnifiquement. Je ne vous parlerai point des bulles ; nous sommes contents présentement qu’on en<section end="1340"/>
nous commençons à nous remettre, et nos amis nous
veulent bien reconnoître. Pour vous, mon cousin, je me
réponds à moi—même, et j`ai su qu'à Fontainebleau vous
étiez fort bien ; et quand vous n`êtes pas à la cour, je
me fie à ma nièce d’exercer votre vivacité en exerçant
aussi la sienne. Je vous ai trop souvent recommandés
l'un à l`autre pour craindre pour vous deux les accidents
qui arrivent aux autres. J’ai senti la force du nom, dans
le plaisir que m`a fait ma nièce de Montataire de s`être
enfin rendue dame et maitresse de tout le bien de Manicamp.
Il est donc vrai qu’il y a de grands procès qui
unissent, et qu’une fille qui n’a été mariée qu`avec des
prétentions, qui est la chose du monde qui donne le
moins de subsistance, se trouve présentement un très-solide
et un très-bon parti. J'ai su aussi que Monsieur
votre fils a eu une pension, et l’abbé un petit bénéfice en
attendant mieux ; mon cœur a fait son devoir dans toutes
ces occasions. Toute la cour est pleine de joie et de plaisirs pour le mariage de Monsieur de Chartres et de Made
moiselle de Blois<ref>3. Ce mariage eut lieu le 18 février 1692, à Versailles. Voyez la
Gazette du 23.</ref>. Il y aura un grand bal, où tous ceux
qui disent qu'ils n'ont pas un sou, font des dépenses de
deux et trois cents pistoles. C'est ce qui fait qu`on ne
croit point à leurs misères, qui sont pourtant bien véritables.
Mais les François ont des ressources dans leurs
envies<ref>4. Il y a bien ''leurs envies'', au pluriel, dans le manuscrit.</ref>de plaire au Roi, qui ne trouveroient point de
créance dans ce qu`on nous en pourroit dire, si nous ne
le voyions de nos propres yeux. Nous verrons donc tous
les jeunes et vieux courtisans parés selon leur âge, et
toujours magnifiquement. Je ne vous parlerai point des
bulles ; nous sommes contents présentement qu`on en