« L’Espagne et la révolution de 1854 » : différence entre les versions

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{{journal|L’Espagne et la Révolution de 1854|[[Auteur:Charles de Mazade|Charles de Mazade]]|[[Revue des Deux Mondes]] T.10, 1855}}
 
L'Espagne depuis un an bientôt est livrée au caprice ironique d'une révolution qui a été l’œuvre involontaire ou imprévue de tout le monde, qui a commencé par tout ébranler pour en venir à s'agiter sur elle-même, et éprouve autant de peine à se fixer qu'à se développer. Ce n'est point la première fois que la Péninsule apparaît sous la figure d'un astre quelque peu irrégulier de la politique, décrivant des ellipses singulières. Quand un souffle de violence se répandait en Europe il y a quelques années, elle se réfugiait dans le calme et y trouvait une sorte de réhabilitation; quand la tempête s'est apaisée, elle s'est trouvée mûre pour des perturbations nouvelles, comme si elle voulait montrer ce qu'il y a toujours de distinct dans ses commotions. Lorsqu'enfin les plus grandes questions s'élèvent dans le monde, elle se lie les mains par ses convulsions intérieures, comme pour se désintéresser du mouvement général des choses. Née de la décomposition lente et irrésistible d'une situation qui parut un moment réunir toutes les conditions de la durée, la dernière révolution espagnole a cela de particulier, que si elle a été l’expression de l’impuissance des vieilles combinaisons, elle n'a rien fait triompher et en est encore à chercher sa loi et son but : elle n'a été qu'une grande crise qui est venue raviver les plaies invétérées de la Péninsule, rallumer tous les antagonismes, réveiller tous les problèmes et renouer en un mot le cours des fiévreuses agitations. La veille encore, l’Espagne, bien que sourdement travaillée et vaguement inquiète, conservait l’apparence de la paix, comme la dernière chance d'une meilleure fortune; le lendemain, pouvoirs réguliers, lois, institutions, tout s'était effondré et avait disparu. Dans ce court intervalle que s'était-il passé? Quelques généraux, entraînant leurs soldats dans le Camp des Gardes à Madrid le matin du 28 juin 1854, avaient relevé le drapeau des guerres intérieures. La scission de l’armée avait appelé la sédition du peuple. Sous le flot montant de l’insurrection, le gouvernement s'était dérobé pour ainsi dire, et la Péninsule restait en peu de jours avec une monarchie nominale, des forces incohérentes et des passions déchaînées. Or comment ces événemens se sont-ils accomplis et par quelle succession de circonstances ont-ils été possibles? De quel mélange de mobiles personnels et de causes politiques sont-ils le fruit? quelles conditions nouvelles ont-ils créées? C'est là une histoire qui embrasse la situation actuelle de l’Espagne dans ses origines, dans ses élémens confus, dans ses perspectives les plus prochaines, avec tout son mouvement d'hommes, d'ambitions et d'intérêts.