« Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 3.djvu/308 » : différence entre les versions

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cou, lui disant qu’il devinoit bien ce qu’il avoit à lui dire ; que c’étoit le coup de sa mort, qu’il la recevoit de la main de Dieu ; qu’il perdoit le seul et véritable objet de toute sa tendresse et de toute son inclination naturelle ; que jamais il n’avoit eu de sensible joie ou de violente douleur que par ce fils, qui avoit des choses admirables : il se jeta sur un lit, n’en pouvant plus, mais sans pleurer, car on ne pleure point<ref>4. Tel est le texte de l’édition dite de Rouen (1726). Ce membre de phrase manque dans l’édition de 1725. Celle de la Haye (1726) porte : « car on ne pleure point dans cet état. » </ref>. Le Père pleuroit, et n’avoit encore rien dit ; enfin il lui parla de Dieu, comme vous savez qu’il en parle. Ils furent six heures ensemble ; et puis le Père, pour lui faire faire ce sacrifice entier, le mena à l’église de ces bonnes capucines, où l’on disoit vigiles pour ce fils. Il y entra<ref>5. Dans les éditions de Perrin : « Pour ce cher fils. Le maréchal y entra… » </ref> en tombant, en tremblant, plutôt traîné et poussé que sur ses jambes<ref>6. « Que porté sur ses jambes. » (''Édition de la Haye'', 1726.)</ref>. Son visage n’étoit plus connoissable. Monsieur le Duc le vit en cet état<ref>7. « Sa Majesté a témoigné son sensible déplaisir au maréchal duc de Gramont par une lettre de sa main et par la visite que le duc d’Enghien lui a rendue de sa part. Monsieur lui a fait l’honneur de l’aller voir. » (''Gazette du'' 9 ''décembre''.)</ref> ; et en nous le contant chez {{Mme}} de la Fayette, il pleuroit. Le pauvre maréchal revint enfin dans sa petite chambre. Il est comme un homme condamné. Le Roi lui a écrit. Personne ne le voit.
cou, lui disant qu’il devinoit bien ce qu’il avoit à lui dire ; que c’étoit le coup de sa mort, qu’il la recevoit de la main de Dieu ; qu’il perdoit le seul et véritable objet de toute sa tendresse et de toute son inclination naturelle ; que jamais il n’avoit eu de sensible joie ou de violente douleur que par ce fils, qui avoit des choses admirables : il se jeta sur un lit, n’en pouvant plus, mais sans pleurer, car on ne pleure point<ref>4. Tel est le texte de l’édition dite de Rouen (1726). Ce membre de phrase manque dans l’édition de 1725. Celle de la Haye (1726) porte : « car on ne pleure point dans cet état. » </ref>. Le Père pleuroit, et n’avoit encore rien dit ; enfin il lui parla de Dieu, comme vous savez qu’il en parle. Ils furent six heures ensemble ; et puis le Père, pour lui faire faire ce sacrifice entier, le mena à l’église de ces bonnes capucines, où l’on disoit vigiles pour ce fils. Il y entra<ref>5. Dans les éditions de Perrin : « Pour ce cher fils. Le maréchal y entra… » </ref> en tombant, en tremblant, plutôt traîné et poussé que sur ses jambes<ref>6. « Que porté sur ses jambes. » (''Édition de la Haye'', 1726.)</ref>. Son visage n’étoit plus connoissable. Monsieur le Duc le vit en cet état<ref>7. « Sa Majesté a témoigné son sensible déplaisir au maréchal duc de Gramont par une lettre de sa main et par la visite que le duc d’Enghien lui a rendue de sa part. Monsieur lui a fait l’honneur de l’aller voir. » (''Gazette du'' 9 ''décembre''.)</ref> ; et en nous le contant chez {{Mme}} de la Fayette, il pleuroit. Le pauvre maréchal revint enfin dans sa petite chambre. Il est comme un homme condamné. Le Roi lui a écrit. Personne ne le voit.