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des îles Philippines et du Japon, et sur les côtes du Pégu et de Bengale[1] ; celles de l’Afrique, entre Mozambique[2] et la mer Rouge, et entre le cap Vert[3] et le royaume de Maroc[4].

En Amérique, il s’en trouve dans la baie de Honduras, dans le golfe de la Floride, sur les côtes de l’île du Maragnon au Brésil ; et tous les voyageurs s’accordent à dire que si les chats sauvages, les sangliers, les renards, les oiseaux, et même les poissons et les crabes n’étaient pas fort friands de cette drogue précieuse, elle serait bien plus commune[5] : comme elle est d’une odeur très forte au moment que la mer vient de la rejeter, les Indiens, les Nègres et les Américains la cherchent par l’odorat plus que par les yeux, et les oiseaux, avertis de loin par cette odeur, arrivent en nombre pour s’en repaître, et souvent indiquent aux hommes les lieux où ils doivent la chercher[6]. Cette odeur désagréable et forte s’adoucit peu à peu à mesure que l’ambre gris se sèche et se durcit à l’air ; il y en a de différents degrés de consistance et de couleur différente : du gris, du brun, du noir et même du blanc, mais le meilleur et le plus dur paraît être le gris cendré. Comme les poissons, les oiseaux et tous les animaux qui fréquentent les eaux ou les bords de la mer avalent ce bitume avec avidité, ils le rendent mêlé de la matière de leurs excréments, et cette matière étant d’un

    Mindanao, qui est une île très considérable en comparaison de Jolo. On pourrait peut-être apporter de cette différence la raison suivante : Jolo se trouve comme au milieu de toutes les autres îles de ces mers, et dans le canal de ces violents et furieux courants qu’on y ressent, et qui sont occasionnés par le resserrement des mers en ces parages ; et ce qui semblerait appuyer ces raisons est que l’ambre ne vient sur les côtes de Jolo que sur la fin des vents d’aval ou d’ouest. Voyage dans les mers de l’Inde, par M. le Gentil ; Paris, 1781, t. II, in-4o, p. 84 et 85.

  1. On en recueille aussi sur les côtes du Pégu et de Bengale, etc. Voyage de Mandeslo, suite d’Oléarius, t. II, p. 139.
  2. Quand le gouverneur de Mozambique revient à Goa, au bout de trois ans que son gouvernement est fini, il emporte environ d’ordinaire avec lui pour trois cent mille pardos d’ambre gris, et le pardos est de vingt sous de notre monnaie ; il s’en trouve quelquefois des morceaux d’une grosseur considérable. Voyages de Tavernier, t. IV, p. 73. — Il vient de l’ambre gris en abondance de Mozambique et de Sofala. Relation de Saris : Histoire générale des Voyages, t. II, p. 185.
  3. On trouve quelquefois de l’ambre gris aux îles du cap Vert, et particulièrement à l’île de Sal ; et l’on prétend que si les chats sauvages, et même les tortues vertes, ne mangeaient pas cette précieuse gomme, on y en trouverait beaucoup davantage. Robertz, dans l’Histoire générale des Voyages, t. II, p. 323.
  4. Sur le bord de l’Océan, dans la province de Sui, au royaume de Maroc, on rencontre beaucoup d’ambre gris, que ceux du pays donnent à bon marché aux Européens qui y trafiquent. L’Afrique de Marmol ; Paris, 1667, t. II, p. 30. — On tire des rivières de Gambie, de Catsiao et de Saint-Domingo de très bons ambres gris : dans le temps que j’étais sur la mer, elle en jeta sur le rivage une pièce d’environ trente livres ; j’en achetai quatre livres, dont une partie fut vendue en Europe, au prix de huit cent florins la livre. Voyage de Vaden de Broeck, t. II, p. 308.
  5. Voyez l’Histoire générale des Voyages, t. II, p. 187, 363, 367 ; t. V, p. 210, et t. XIV, p. 247. — L’ambre gris est assez commun sur quelques côtes de Madagascar et de l’île Sainte-Marie : après qu’il y a eu une grande tourmente, on le trouve sur le rivage de la mer. C’est un bitume qui provient du fond de l’eau, se coagule par succession de temps, et devient ferme : les poissons, les oiseaux, les crabes, les cochons, l’aiment tant qu’ils le cherchent incessamment pour le dévorer. Voyages de Flacour, p. 29 et 150.
  6. Histoire des Aventuriers, etc. ; Paris, 1686, t. Ier, p. 307 et 308. — Le nommé Barker a trouvé et ramassé lui-même un morceau d’ambre gris, dans la baie de Honduras, sur une grève sablonneuse, qui pesait plus de cent livres ; sa couleur tirait sur le noir, et il était dur à peu près comme un fromage, et de bonne odeur après qu’il fut séché. Voyage de Dampier, t. Ier, p. 20.