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LES FREDAINES AMOUREUSES


Il m’adore… oui, oui, connu… Ce qu’il adore en ce moment, ce n’est pas une femme, ce sont les femmes en général. Ah ! cela lui serait indifférent une brune, une blonde… à la rigueur une femme en caoutchouc entretiendrait son zèle… Ah ! mon Dieu ! mais il est absolument fou. Ne propose-t-il pas de m’épouser ? pour avoir, dit-il, le droit de m’exprimer sans réserve les sentiments dont son cœur est oppressé, oh ! là là !… Comme si le mariage était nécessaire pour en arriver là… (Continuant à lire, Madame de Regnette interrompt son monologue, puis le reprend.) Tiens, il va venir. Attends, je viens !… Il veut savoir si je ne suis pas trop courroucée et se soumettre au châtiment dont je jugerai à propos de punir sa hardiesse. Ah ! mais certes, il va être malmené, ce gamin… Il a peut-être quinze ans ! Comme si une femme de mon âge ?… c’est absurde… En Angleterre on donne encore le fouet à ses contemporains… Nous avons perdu le sens commun chez nous de vouloir faire des hommes de ces moutards dès qu’ils sont sevrés.

(Madame de Regnette reste un moment silencieuse,
puis se met à rire toute seule.)
madame de regnette
(Reprenant son monologue.)

Ce doit être drôle cependant d’étudier les sensations d’un… novice… de l’initier… d’en faire un homme… un homme qui sache aimer… c’est rare… Actuellement… on aime… mais… on ne sait guère exprimer ses sentiments.

(On entend des pas dans l’antichambre et le
domestique introduit Ange Dumoutiers.)