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chute au milieu de la même régression moyenâgeuse, du même pathos, du même gâchis.

Partout et toujours la réaction parle le même langage.

Ainsi, M. Paul Iribe, dont le faux Témoin jamais ne perd une occasion d’attaquer la peinture moderne, M. Paul Iribe écrit :

Malgré la sirène du professeur Gropius de Berlin, nous resterons français. Malgré le son de la petite flûte idyllique de M. Le Corbusier de Genève, nous resterons français. Notre littérature a déjà connu un citoyen de Genève. Un deuxième nous paraît superflu.

Et au nom du luxe qu’il a de bonnes raisons de défendre, M. Paul Iribe exhortera la France à ne pas oublier qu’elle devint la patrie spirituelle de Léonard de Vinci.

C’est un mal foncier que révèlent et perpétuent l’idolâtrie du motif périmé, la vénération des cadavres formels et la rage à les ressusciter.

Il ne veut certes point la transformation du monde celui qui replâtre le vieux gâchis, consolide les façades écaillées et rafistole les ruines qui s’opposent au libre jeu des choses et de leurs reflets dans l’homme. À l’homme de nier ce qui le nie.

Détruire et nier ont été les mots d’ordre de presque toutes les écoles d’avant-garde de la bourgeoisie, a déclaré notre camarade J.-L. Garcin.

Pour moi, je dirai plutôt :

Détruire et nier ont été les mots d’ordre de toutes les écoles d’avant-garde, contre la bourgeoisie.

Il importe souvent de savoir aller à rebours, à condition toutefois que cet « à rebours » ne devienne jamais un « à reculons », comme ce fut sinistrement le cas pour Huysmans.

Non moins que pour tout autre mouvement dialectique, l’histoire, l’allégorie du grain d’orge, telle que nous l’a contée Engels, vaut pour le mouvement artistique.

Parmi les œuvres les plus importantes, il faut compter, il a toujours fallu compter celles qui, du fait même qu’elles constataient une décomposition, requéraient contre ses responsables, non sans d’ailleurs répandre sur la présente décomposition les phosphorescentes promesses d’une germination future.

De Grünewald à Dali, du Christ pourri à l’âne pourri, dans l’excès même de certaines fermentations, au fond des plus vénéneuses rutilances, la peinture a su trouver, exprimer des vérités nouvelles qui n’étaient pas seulement d’ordre pictural.

Mais cet apport de connaissances, cette aide en vue de la transformation d’un monde ne sauraient suffire, pour que l’homme au pinceau brigue cette place de mage à laquelle, depuis le Romantisme, l’homme à l’encrier a, non sans ridicule, osé prétendre.