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et puis le travail de l’homme, dont on rencontre le témoignage, redouble la vigueur du tableau. Dans les montagnes sont des fabriques d’horlogerie ; dans les sinuosités des vallées, des forges et des usines ; partout la force, partout la fécondité, tant celle de Dieu que celle de l’homme. Le Wurtembergeois est revêtu d’une puissante nature : il a le front haut, les épaules larges, l’œil vif. La terre du Wurtemberg produit avec abondance le froment, le vin et le génie. Schiller, Hegel et Schelling sont Souabes, et aussi Wieland, Spittler, Moser, Paulus ; et encore le poète Uhland, le Béranger de l’Allemagne.
{{tiret2|gra|vité,}} et puis le travail de l’homme, dont on rencontre le témoignage, redouble la vigueur du tableau. Dans les montagnes sont des fabriques d’horlogerie ; dans les sinuosités des vallées, des forges et des usines ; partout la force, partout la fécondité, tant celle de Dieu que celle de l’homme. Le Wurtembergeois est revêtu d’une puissante nature : il a le front haut, les épaules larges, l’œil vif. La terre du Wurtemberg produit avec abondance le froment, le vin et le génie. Schiller, Hegel et Schelling sont Souabes, et aussi Wieland, Spittler, Moser, Paulus ; et encore le poète Uhland, le Béranger de l’Allemagne.


Les libertés constitutionnelles n’ont point été en 1819 une nouveauté pour le Wurtemberg ; dès le commencement du XVI{{e}} siècle, les princes qui gouvernaient le duché étaient soumis à de nombreuses restrictions de leur pouvoir, et les Souabes avaient leurs franchises. Aujourd’hui ils se montrent plus fermes que d’autres Allemands dans la défense de leurs droits ; ils y portent la constance et la facilité de l’habitude. Les députés Uhland, Menzel, Pfizer, sont l’honneur de la seconde chambre de Stuttgard ; les discussions y sont ingénieuses ; le ton en est plus vif qu’à Carlsruhe.
Les libertés constitutionnelles n’ont point été en 1819 une nouveauté pour le Wurtemberg ; dès le commencement du {{s|xvi}}, les princes qui gouvernaient le duché étaient soumis à de nombreuses restrictions de leur pouvoir, et les Souabes avaient leurs franchises. Aujourd’hui ils se montrent plus fermes que d’autres Allemands dans la défense de leurs droits ; ils y portent la constance et la facilité de l’habitude. Les députés Uhland, Menzel, Pfizer, sont l’honneur de la seconde chambre de Stuttgard ; les discussions y sont ingénieuses ; le ton en est plus vif qu’à Carlsruhe.


On ne saurait porter trop d’estime aux hommes politiques de l’Allemagne qui défendent la liberté. Ils prévoient pour leur pays une longue oppression, plusieurs me l’ont dit, mais ils persistent dans leur devoir avec une gravité qui n’est pas sans tristesse.
On ne saurait porter trop d’estime aux hommes politiques de l’Allemagne qui défendent la liberté. Ils prévoient pour leur pays une longue oppression, plusieurs me l’ont dit, mais ils persistent dans leur devoir avec une gravité qui n’est pas sans tristesse.


Le caractère national sème aussi autour d’eux des difficultés douloureuses. Le loyal Allemand n’a pas l’habitude, mais la peur de la résistance constitutionnelle contre le pouvoir ; il la tient presque pour un scandale ; c’est toujours le fidèle Germain, le féal des anciens jours. Prendre en Allemagne le rôle de l’opposition, c’est accepter le martyre pour les grandes occasions comme pour les petites circonstances de la vie : en dehors des situations officielles du gouvernement, l’Allemand vit, pour ainsi dire, en paria. A Londres, à Paris, l’opposition est une puissance, et les hommes qui la représentent se meuvent dans une sphère indépendante ; ils traitent d’égal à égal avec les détenteurs du pouvoir. Et puis les distractions d’une large vie, les longues distances qui, séparant les hommes, leur épargnent les désagrémens et les aigreurs de trop fréquentes rencontres, tout concourt à corriger l’amertume et les irritations
Le caractère national sème aussi autour d’eux des difficultés douloureuses. Le loyal Allemand n’a pas l’habitude, mais la peur de la résistance constitutionnelle contre le pouvoir ; il la tient presque pour un scandale ; c’est toujours le fidèle Germain, le féal des anciens jours. Prendre en Allemagne le rôle de l’opposition, c’est accepter le martyre pour les grandes occasions comme pour les petites circonstances de la vie : en dehors des situations officielles du gouvernement, l’Allemand vit, pour ainsi dire, en paria. À Londres, à Paris, l’opposition est une puissance, et les hommes qui la représentent se meuvent dans une sphère indépendante ; ils traitent d’égal à égal avec les détenteurs du pouvoir. Et puis les distractions d’une large vie, les longues distances qui, séparant les hommes, leur épargnent les désagrémens et les aigreurs de trop fréquentes rencontres, tout concourt à corriger l’amertume et les irritations