« Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 2.djvu/586 » : différence entre les versions
Pywikibot touch edit |
|||
État de la page (Qualité des pages) | État de la page (Qualité des pages) | ||
- | + | Page validée | |
En-tête (noinclude) : | En-tête (noinclude) : | ||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
{{nr|580|REVUE DES DEUX MONDES.|}} |
|||
Contenu (par transclusion) : | Contenu (par transclusion) : | ||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
< |
<nowiki/> |
||
Comment la science ne sortirait-elle pas de cette terre comme une plante précieuse et nécessaire ? Heidelberg la cultive. Oh ! si vous êtes jeune, si les idées et le sang circulent dans vos veines et dans votre tête par des ardeurs accélérées ; si vous aimez la science avec la fureur qui précipite dans les bras d’une maîtresse, et la nature avec l’impétuosité qui vous fait chercher le sein d’un ami ; si encore vous désirez lier commerce avec le génie germanique, sans trop vous éloigner de la douce patrie, afin que, de temps à autre, il vous en revienne à l’oreille et à l’ame des sons affaiblis et purs ; oh ! courez dans la vallée du Necker vous y enfermer et y vivre ; la pensée y sera toujours fraîche comme le torrent qui jette à vos pieds son écume ; la science y prendra la saveur et la fermeté d’une nourriture vivante bénie par le soleil ; studieux et inspiré, vous contracterez de l’érudition et vous doublerez la vie. L’histoire semble planer sur vos têtes, sous l’image d’une magnifique ruine ; de nobles vieillards passent auprès de vous, que vous pouvez interroger sur les temps et l’antiquité des choses, le philologue Creuzer, le jurisconsulte |
Comment la science ne sortirait-elle pas de cette terre comme une plante précieuse et nécessaire ? Heidelberg la cultive. Oh ! si vous êtes jeune, si les idées et le sang circulent dans vos veines et dans votre tête par des ardeurs accélérées ; si vous aimez la science avec la fureur qui précipite dans les bras d’une maîtresse, et la nature avec l’impétuosité qui vous fait chercher le sein d’un ami ; si encore vous désirez lier commerce avec le génie germanique, sans trop vous éloigner de la douce patrie, afin que, de temps à autre, il vous en revienne à l’oreille et à l’ame des sons affaiblis et purs ; oh ! courez dans la vallée du Necker vous y enfermer et y vivre ; la pensée y sera toujours fraîche comme le torrent qui jette à vos pieds son écume ; la science y prendra la saveur et la fermeté d’une nourriture vivante bénie par le soleil ; studieux et inspiré, vous contracterez de l’érudition et vous doublerez la vie. L’histoire semble planer sur vos têtes, sous l’image d’une magnifique ruine ; de nobles vieillards passent auprès de vous, que vous pouvez interroger sur les temps et l’antiquité des choses, le philologue Creuzer, le jurisconsulte Zachariæ, le théologien Paulus ; de plus jeunes serviteurs de la science ravivent de temps à autre les traditions de ces vénérables maîtres ; là rien des connaissances humaines ne saurait vous échapper, et vous y puisez, pour les épreuves futures de la vie, pour les jours moins rayonnans et plus sévères, des souvenirs, des émotions et des espérances qui ne sauraient mourir. |
||
Une civilisation intelligente anime le pays de Bade. Freybourg, qui met sa petite cathédrale à côté de celle de Cologne et de Strasbourg comme un gracieux échantillon, met aussi son université à côté de celle de Heidelberg. Manheim et Constance ont des lycées, des gymnases, et les écoles abondent dans l’étendue du duché. Cette terre est heureuse ; elle a les prospérités du présent et dans le passé des réminiscences glorieuses, car enfin elle a été le champ |
Une civilisation intelligente anime le pays de Bade. Freybourg, qui met sa petite cathédrale à côté de celle de Cologne et de Strasbourg comme un gracieux échantillon, met aussi son université à côté de celle de Heidelberg. Manheim et Constance ont des lycées, des gymnases, et les écoles abondent dans l’étendue du duché. Cette terre est heureuse ; elle a les prospérités du présent et dans le passé des réminiscences glorieuses, car enfin elle a été le champ de bataille des Romains et des Allemands, de Turenne et de Montecuculli, de Moreau et de l’archiduc Charles ; elle a donc le droit d’être féconde, puisque toujours l’épée, la charrue et la pensée, la remuèrent. |
||
Quand du pays de Bade le voyageur passe dans celui de Wurtemberg, la nature reste belle en devenant plus sévère. Les pentes ombreuses de la forêt Noire impriment à la contrée une mâle |
Quand du pays de Bade le voyageur passe dans celui de Wurtemberg, la nature reste belle en devenant plus sévère. Les pentes ombreuses de la forêt Noire impriment à la contrée une mâle {{tiret|gra|vité,}} |