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vous attendais un jour ou l’autre, mes petits, pour vous apprendre la loi suprême de la vie de ce monde.
<section begin="s1" />dais un jour ou l’autre, mes petits, pour vous apprendre la loi suprême de la vie de ce monde.


« Le vrai bonheur, c’est celui qu’on crée par l’amour infini pour les autres, c’est le reflet du bonheur de ceux qu’on aime et qu’on regarde comme dans un miroir. Si vous voulez être vraiment heureux, mes chers, mes très chers petits, oubliez-vous un peu vous-mêmes et appelez à votre secours la reine des fées, celle dont volontairement je ne vous ai pas encore parlé : la fée des sacrifices. Allons, petits, du courage ; réfléchissez à ce que je vous ai dit et donnez-moi le bonsoir, car…
»  Le vrai bonheur, c’est celui qu’on crée par l’amour infini pour les autres, c’est le reflet du bonheur de ceux qu’on aime et qu’on regarde comme dans un miroir. Si vous voulez être vraiment heureux, mes chers, mes très chers petits, oubliez-vous un peu vous-mêmes et appelez à votre secours la reine des fées, celle dont volontairement je ne vous ai pas encore parlé:la fée des sacrifices. Allons, petits, du courage; réfléchissez à ce que je vous ai dit et donnez-moi le bonsoir, car… »


… Folette n’acheva point. Comme une lampe qui va s’éteindre, elle avait atteint l’extrême limite de ses forces. Les enfants la comprirent et, sans rien dire, ils embrassèrent tous deux son front de cire et ils partirent, songeurs.
… Folette n’acheva point. Comme une lampe qui va s’éteindre, elle avait atteint l’extrême limite de ses forces. Les enfants la comprirent et, sans rien dire, ils embrassèrent tous deux son front de cire et ils partirent, songeurs.


La nuit tombait tout à fait. À l’horizon, on ne voyait plus qu’un long fil ensanglanté par la mort du jour. Dans la nature impavide, une chouette, inconsciente du petit drame intime qui se jouait, jetait ses premiers appels à la lune qui se levait sur la vapeur lactée d’une nuit heureuse…
La nuit tombait tout à fait. À l’horizon, on ne voyait plus qu’un long fil ensanglanté par la mort du jour. Dans la nature impavide, une chouette, inconsciente du petit drame intime qui se jouait, jetait ses premiers appels à la lune qui se levait sur la vapeur lactée d’une nuit heureuse…


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Des jours et des jours s’écoulèrent encore. L’été s’avançait. Dans le ciel plus pâle commençait la lente procession des « fils de la Vierge »:les feuilles s’empourpraient peu à peu sur les arbres ; dans les herbes, les colchiques baissaient leurs petites têtes délicates coiffées de mauve tendre. Pierre et Violette n’avaient parlé qu’une fois ensemble de la scène de la tonnelle et de la visite à Folette; puis, comme d’un accord tacite, le silence était tombé sur ces souvenirs trop lourds.

Ils continuaient de se promener et de jouer ensemble, mais, malgré la mobilité de leur âge, un peu de mélancolie voilait souvent leurs regards, qui venaient d’apprendre à voir la vie. D’ailleurs, ils n’avaient plus Folette pour les égayer ou les encourager. Un jour qu’ils étaient retournés au moulin, ils avaient été reçus sur le pas de la porte par une bonne femme du bourg :

— Qu’est-ce vous venez faire ici ? leur avait-elle demandé, les poings sur les hanches, un peu bourrue.

— Voir Folette.

— Vous ne la verrez plus, mes petits, elle est trop malade.

Et la bonne femme avait fermé l’huis.

D’autorité, elle s’était instituée la garde de leur vieille amie, qui devenait trop faible pour se servir elle-même et pour les recevoir.

Pierre et Violette avaient eu un immense chagrin.

Dans leur tristesse et leur désabusement, ils avaient donc désappris peu à peu le chemin du moulin triste.<section end="s2" />