« Page:Ruskin - Sésame et les lys.djvu/31 » : différence entre les versions

AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
Balises : Modification par mobile Modification par le web mobile
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page corrigée
+
Page validée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
<br/>
<nowiki />


Les limites de son rôle dérivent de la nature de ses vertus. Et ces vertus, c’est encore aux lectures d’enfance que je vais aller demander en quoi elles consistent. Ce livre, que vous m’avez vu tout à l’heure lire au coin du feu dans la salle à manger, dans ma chambre, au fond du fauteuil revêtu d’un appuie-tête au crochet, et pendant les belles heures de l’apres-midi, sous les noisetiers et les aubepines du parc, où tous les souffles des champs infinis venaient de si loin jouer silencieusement auprès de moi, tendant sans mot dire à mes narines distraites l’odeur des trèfles et des sainfoins sur lesquels mes yeux fatigués se levaient parfois, ce livre, comme vos yeux en se penchant vers lui ne pourraient déchiffrer son titre à vingt ans de distance, ma mémoire, dont la vue est plus appropriée à ce genre de perceptions, va vous dire quel il était : ''le Capitaine Fracasse'', de Théophile Gautier. J’en aimais par-dessus tout deux ou trois phrases qui m’apparaissaient comme les plus originales et les plus belles de l’ouvrage. Je n’imaginais pas qu’un autre auteur en eût jamais écrit de comparables. Mais j’avais le sentiment que leur beauté correspondait à une réalité dont Théophile Gautier ne nous laissait entrevoir, une ou deux fois par volume, qu’un petit coin. Et comme je pensais qu’il la connaissait assurément tout entière, j’aurais voulu lire d’autres livres de lui où toutes les phrases seraient aussi belles que celles-là et auraient pour objet les choses sur lesquelles j’aurais désiré avoir son avis. « Le rire n’est point cruel de sa nature ; il distingue l’homme de la bête, et il est, ainsi qu’il appert
Les limites de son rôle dérivent de la nature de ses vertus. Et ces vertus, c’est encore aux lectures d’enfance que je vais aller demander en quoi elles consistent. Ce livre, que vous m’avez vu tout à l’heure lire au coin du feu dans la salle à manger, dans ma chambre, au fond du fauteuil revêtu d’un appuie-tête au crochet, et pendant les belles heures de l’après-midi, sous les noisetiers et les aubépines du parc, où tous les souffles des champs infinis venaient de si loin jouer silencieusement auprès de moi, tendant sans mot dire à mes narines distraites l’odeur des trèfles et des sainfoins sur lesquels mes yeux fatigués se levaient parfois, ce livre, comme vos yeux en se penchant vers lui ne pourraient déchiffrer son titre à vingt ans de distance, ma mémoire, dont la vue est plus appropriée à ce genre de perceptions, va vous dire quel il était : ''le Capitaine Fracasse'', de Théophile Gautier. J’en aimais par-dessus tout deux ou trois phrases qui m’apparaissaient comme les plus originales et les plus belles de l’ouvrage. Je n’imaginais pas qu’un autre auteur en eût jamais écrit de comparables. Mais j’avais le sentiment que leur beauté correspondait à une réalité dont Théophile Gautier ne nous laissait entrevoir, une ou deux fois par volume, qu’un petit coin. Et comme je pensais qu’il la connaissait assurément tout entière, j’aurais voulu lire d’autres livres de lui où toutes les phrases seraient aussi belles que celles-là et auraient pour objet les choses sur lesquelles j’aurais désiré avoir son avis. « Le rire n’est point cruel de sa nature ; il distingue l’homme de la bête, et il est, ainsi qu’il appert