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CARRAU. — MORALISTES ANGLAIS CONTEMPORAINS 411


une existence égale. Les choses humaines ne comportent rien d'ab-
une existence égale. Les choses humaines ne comportent rien d’absolu ; de là une justice humaine presque toujours flottante, incohérente, mélangée à haute dose d’utilité très-variable elle-même ; justice
que tout citoyen doit respecter, tout en s’efforçant, avec le plus de
solu; de là une justice humaine presque toujours flottante, incohé-
ménagement possible, de la rendre de plus en plus semblable à l’idéale
rente, mélangée à haute dose d'utilité très-variable elle-même; justice
justice. Celle-ci, à son tour, n’apparaît pas à toutes les consciences
que tout citoyen doit respecter, tout en s'efforçant, avec le plus de
sous des traits également nets et lumineux : c’est affaire aux penseurs d’en exprimer une image à mesure plus fidèle et plus vive.
ménagement possible, de la rendre de plus en plus semblable à l'idéale
L’intuitionisme n’a jamais soutenu que le travail de la réflexion n’eût
justice. Celle-ci, à son tour, n'apparaît pas à toutes les consciences
rien à voir dans la détermination des règles morales.
sous des traits également nets et lumineux : c'est affaire aux pen-
seurs d'en exprimer une image à mesure plus fidèle et plus vive.
L'intuitionisme n'a jamais soutenu que le travail de la réflexion n'eût
rien à voir dans la détermination des règles morales.


Ces remarques nous paraissent répondre par avance aux difficul-
Ces remarques nous paraissent répondre par avance aux difficultés que soulève {{M.|Sidgwick}} en ce qui concerne l’obligation d’obéir
aux lois. Sans doute, il est du devoir du citoyen d’obéir aux lois,
tés que soulève M. Sidgwick en ce qui concerne l'obligation d'obéir
mais à la condition qu’elles émanent d’une autorité légitime. Or, on
aux lois. Sans doute, il est du devoir du citoyen d'obéir aux lois,
est loin d’être d’accord sur les conditions idéales de la légitimité du
mais à la condition qu'elles émanent d'une autorité légitime. Or, on
pouvoir. Le régime représentatif nous semble aujourd’hui le plus
est loin d'être d'accord sur les conditions idéales de la légitimité du
conforme à la justice ; mais on peut raisonnablement contester qu’une
pouvoir. Le régime représentatif nous semble aujourd'hui le plus
minorité soit tenue d’obéir à la majorité, surtout si celle-ci est oppressive. On peut se demander encore si, dans les pays où le régime
conforme à la justice; mais on peut raisonnablement contester qu'une
représentatif n’existe pas, les citoyens qui regardent cette forme de
minorité soit tenue d'obéir à la majorité, surtout si celle-ci est oppres-
sive. On peut se demander encore si, dans les pays où le régime
représentatif n'existe pas, les citoyens qui regardent cette forme de
gouvernement comme la plus parfaite sont moralement obligés de
gouvernement comme la plus parfaite sont moralement obligés de
se soumettre à des lois émanées d'un pouvoir que leur raison con-
se soumettre à des lois émanées d’un pouvoir que leur raison condamne. En cas d’usurpation, il semble que la résistance, même à
main armée, soit juste : pourtant, si l’autorité nouvelle réussit à se
damne. En cas d'usurpation, il semble que la résistance, même à
donner la consécration de la durée et des services rendus, l’insurrection ne finit-elle pas par devenir un crime ? Quel nombre d’années,
main armée, soit juste : pourtant, si l'autorité nouvelle réussit à se
quelle somme de services font ainsi d’un usurpateur un souverain
donner la consécration de la durée et des services rendus, l'insur-
légitime ?
rection ne finit-elle pas par devenir un crime? Quel nombre d'années,
quelle somme de services font ainsi d'un usurpateur un souverain
légitime?


De toutes les obligations, la plus évidente, la plus rigoureuse, c'est,
De toutes les obligations, la plus évidente, la plus rigoureuse, c’est,
sans contredit , celle d'accomplir une promesse dans les termes
sans contredit, celle d’accomplir une promesse dans les termes
mêmes où elle a été entendue à la fois par les deux parties. Encore
mêmes où elle a été entendue à la fois par les deux parties. Encore
faut-il admettre cette restriction que la promesse peut toujours être
faut-il admettre cette restriction que la promesse peut toujours être
annulée par celui à qui elle a été faite, et qu'elle ne peut en aucun
annulée par celui à qui elle a été faite, et qu’elle ne peut en aucun
cas dispenser d'obligations strictes antérieurement contractées. Pour-
cas dispenser d’obligations strictes antérieurement contractées. Pourtant il paraît douteux au sens commun qu’une promesse soit obligatoire quand elle a été arrachée par la force ou extorquée par la
tant il paraît douteux au sens commun qu'une promesse soit obli-
gatoire quand elle a été arrachée par la force ou extorquée par la
fraude, ou quand les circonstances se sont matériellement modifiées
fraude, ou quand les circonstances se sont matériellement modifiées
depuis qu'elle a été faite, comme dans le cas où la personne envers
depuis qu’elle a été faite, comme dans le cas où la personne envers
qui l'on s'est engagée est morte et qu'on a de bonnes raisons de
qui l’on s’est engagée est morte et qu’on a de bonnes raisons de
croire qu'elle eût consenti à rompre le contrat. Et si l'accomplisse-
croire qu’elle eût consenti à rompre le contrat. Et si l’accomplissement de la promesse doit être cause d’un dommage pour celui à qui
l’on a donné sa parole, alors qu’il en espérait un profit légitime ? S’il
ment de la promesse doit être cause d'un dommage pour celui à qui
l'on a donné sa parole, alors qu'il en espérait un profit légitime? S'il

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