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bon motif ; mais, en ce cas, il y a, selon moi, deux appréciations
404 REVUE PHILOSOPHIQUE
distinctes : l’une, portant sur le motif, et seule morale, déclare que
l’agent a bien fait d’avoir obéi à sa conscience (dans l’hypothèseil
il n’a rien négligé pour l’éclairer) ; — l’autre, portant sur l’acte, est
tout utilitaire ; elle prononce qu’il est nuisible. Le sens commun ne
fait pas expressément cette distinction ; mais il en a certainement
l’intuition confuse ; et la preuve, c’est qu’il lui arrive d’absoudre
l’acte en considération du motif, tout en déplorant ce désaccord
entre les dispositions et les effets d’une volonté honnête, mais égarée.


Quoi qu’il en soit, {{M.|Sidgwick}} admet comme un fait qu’il existe
bon motif; mais, en ce cas, il y a, selon moi, deux appréciations
des intuitions morales ; les utilitaires eux-mêmes en conviennent ;
distinctes : l'une, portant sur le motif, et seule morale, déclare que
mais, quant à leur origine, ils ne sont pas d’accord avec les intuitionistes ; ils n’y voient que des expériences d’utilité, généralisées,
l'agent a bien fait d'avoir obéi à sa conscience (dans l'hypothèse
il n'a rien négligé pour l'éclairer); — l'autre, portant sur l'acte, est
tout utilitaire; elle prononce qu'il est nuisible. Le sens commun ne
fait pas expressément cette distinction; mais il en a certainement
l'intuition confuse ; et la preuve, c'est qu'il lui arrive d'absoudre
l'acte en considération du motif, tout en déplorant ce désaccord
entre les dispositions et les effets d'une volonté honnête, mais égarée.

Quoi qu'il en soit, M. Sidgwick admet comme un fait qu'il existe
des intuitions morales; les utilitaires eux-mêmes en conviennent;
mais, quant à leur origine, ils ne sont pas d'accord avec les intuitio-
nistes; ils n'y voient que des expériences d'utilité, généralisées,
accumulées et devenues à la longue héréditaires sous forme de
accumulées et devenues à la longue héréditaires sous forme de
modifications organiques spéciales. En ce sens, elles sont vraiment
modifications organiques spéciales. En ce sens, elles sont vraiment
innées à l'individu, bien qu'à l'égard de l'espèce elles soient acquises.
innées à l’individu, bien qu’à l’égard de l’espèce elles soient acquises.
Telle est, on le sait, l'expression savante et, semble- t-il, définitive,
Telle est, on le sait, l’expression savante et, semble-t-il, définitive,
qu'a donnée H. Spencer à la théorie utilitaire de l'origine des notions
qu’a donnée H. Spencer à la théorie utilitaire de l’origine des notions
morales. — M. Sidgwick refuse d'entrer dans ce débat, qui pour lui
morales. — {{M.|Sidgwick}} refuse d’entrer dans ce débat, qui pour lui
n'a qu'une importance secondaire : quelles qu'aient été primiti-
n’a qu’une importance secondaire : quelles qu’aient été primitivement ces notions, l’essentiel, au point de vue de la science des
mœurs, c’est qu’elles soient aujourd’hui conçues avec certains
vement ces notions, l'essentiel, au point de vue de la science des
moeurs, c'est qu'elles soient aujourd'hui conçues avec certains
caractères et que nous y reconnaissions des règles obligatoires de
caractères et que nous y reconnaissions des règles obligatoires de
conduite. — Nous ne pensons pas que la question d'origine puisse
conduite. — Nous ne pensons pas que la question d’origine puisse
être ainsi écartée. Si, en effet, la théorie d'H. Spencer était la
être ainsi écartée. Si, en effet, la théorie d’H. Spencer était la
vraie; s'il était prouvé que les intuitions morales dérivent toutes et
vraie ; s’il était prouvé que les intuitions morales dérivent toutes et
sans exception d'expériences utilitaires, il serait impossible de
sans exception d’expériences utilitaires, il serait impossible de
leur attribuer des caractères que celles-ci n'auraient pas. L'utile
leur attribuer des caractères que celles-ci n’auraient pas. L’utile
n'ayant rien d'absolu , les intuitions morales ne sauraient être
n’ayant rien d’absolu, les intuitions morales ne sauraient être
absolues; l'utile n'ayant en soi rien d'obligatoire, on ne voit pas
absolues ; l’utile n’ayant en soi rien d’obligatoire, on ne voit pas
comment les intuitions morales pourraient jamais prendre la forme
comment les intuitions morales pourraient jamais prendre la forme
d'un impératif. L'obligation ne serait plus qu'une illusion psycho-
d’un ''impératif''. L’obligation ne serait plus qu’une illusion psychologique destinée à s’évanouir devant les analyses d’une science
plus avancée.
logique destinée à s'évanouir devant les analyses d'une science
plus avancée.


Après ces considérations préliminaires sur le principe de l'intui-
Après ces considérations préliminaires sur le principe de l’intuitionisme, {{M.|Sidgwick}} s’efforce de montrer que les intuitions
tionisme , M. Sidgwick s'efforce de montrer que les intuitions
morales, telles que les formule le sens commun, peuvent bien fournir
morales, telles que les formule le sens commun, peuvent bien fournir
pratiquement des règles de conduite, mais qu'elles n'ont ni la clarté
pratiquement des règles de conduite, mais qu’elles n’ont ni la clarté
ni la précision qu'exige la science. Elles ne sont vraies que dans
ni la précision qu’exige la science. Elles ne sont vraies que dans
certaines limites ; elles sont souvent en contradiction les unes avec
certaines limites ; elles sont souvent en contradiction les unes avec
les autres ; aucune ne peut être prise absolument et en toute rigueur
les autres ; aucune ne peut être prise absolument et en toute rigueur
sans mener à des difficultés inextricables. Elles ont besoin, pour
sans mener à des difficultés inextricables. Elles ont besoin, pour

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