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au hasard, à la surface du globe, des pâturages naturels qui dispensaient de pourvoir autrement a leur nourriture ; que leur propriétaire, rassuré a cet égard, ne cultivait pour lui qu’une faible partie de ses vastes domaines, toute sa science consistait à choisir des terres neuves, fécondes, qu’il abandonnait à un long repos après en avoir tiré quelques récoltes, et l’art de la culture n’était pour lui que celui du ''labourage.''
cnxr. 10°.


Plus tard, lorsque la propriété commença à être divisée, pour subvenir aux besoins croissans de la population, force fut bien d’étendre proportionnellement les cultures alimentaires, et par conséquent de les ramener plus souvent à la même place. — Aux labours il fallut joindre les ''engrais'' ; et, conme on reconnut encore leur insuffisance, on ne trouva rien de mieux que d’obtenir autant de récoltes successives que le permettait la fertilité du sol, et de le laisser ensuite plus ou moins longtemps inculte. C’est ainsi que s’établirent sur une grande partie de l’Europe l’assolement triennal et quelques autres dans lesquels des céréales succèdent invariablement à des céréales et sont suivies d’une jachère plus ou moins prolongée.
au hasard, ala surface du globe, des pâtura—
ges naturels qui dispensaient de pourvoir
autrement a leur nourriture; que leur pro-
priétaire, rassuré a cet égard, ne cultivait
pour lui qu'une faible partie de ses Vastes
domaines, toute sa science consistait à rhoi-
sir des terres neuves, fécondes, qu'il aban-
donnait à un long repos après en avoir tiré
quelques récoltes, et l’art de la culture n'était
pour lui que celui du labourage.


''Jusque là à peine se doutait-on de la théorie des assolemens.'' Les prairies naturelles et les pâturages sur jachère continuaient à former toute la nourriture des bestiaux. On ne cultivait que par exception un très-petit nombre de plantes fourragères, comme s’il eût été déraisonnable ou sans profit de demander au sol des récoltes qui ne fussent pas immédiatement utiles à l’homme ; comme si toute autre plante que cette dont on obtenait directement le prix en argent ne méritait pas les soins du laboureur.
Plus tard, lorsque la propriété commença
à être divisée, pour subvenir aux besoins
croissans de la population, force fut bien
d'étendre proportionnellement les cultures
alimentaires, et par conséquent de les rame-
ner plus souvent à la meule place. — Aux
labours il fallutjoindreles engrais; et,conime
on reconnut encore leur insuffisance, on ne
trouva rien de mieux que d'obtenir autant
de récoltes successives que le permettait la
fertilité du sol, et de le laisser ensuite plus
ou moins longtemps inculte. C’est ainsi que
s‘établirent sur une grande partie de l’Eu—
rope l’assoleuient triennal et quelques au-
tres dans lesquels des céréales suCCedent in-
variablement à des céréales et sont suivies
d'une jachère plus ou moins prolongée.


L’introduction des ''prairies artificielles'' fut presque partout le premier pas vers un meilleur système. — Les ''cultures sarclées, binées'' ou ''butées'' vinrent ensuite. — On s’aperçut que toutes les récoltes n’étaient pas également épuisantes ; que toutes ne se succédaient pas avec un même succès ; que telles pouvaient revenir plus fréquemment que telles autres sur le même terrain, etc. Une science nouvelle se déroula aux yeux du cultivateur, et, tandis que la pratique lui en dévoilait en partie les principes, l’observation plus attentive des phénomènes naturels acheva de les lui révéler.
Jusque là à peine se doutait-on (le la t/ze'o-
rie des assolemens. Les prairies naturelles et
les pâturages sur jachère continuaient à for—
mer toute la nourriture des bestiaux. On ne
cultivait que par exception un très—petit
nombre de plantes fourragères,conlme s'il eût
été déraisonnable ou sans profit de deman-
der au sol des récoltes qui ne fussent pas
immédiatement utiles à l homme; comme si
toute autre plante que celte dont on obtenait
directement le prix en argent ne méritait
pas les soins du laboureur.


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L'introduction des prairies artificielles fut
presque partout le premier pas vers un meil—
leur systeme. —— Les cultures sal'cle'm', bine’cs
0u butées vinrent ensuite. — On s‘aperçut
que toutes les récoltes n'étaient pas égale-
nieut épuisantes; que toutes ne se succé-
daient pas avec un ineuie succès; que telles
pouvaient revenir plus fréquemment que
telles autres sur le même terrain, etc. Une
science nouvelle se déroula aux yeux du cul-
tivateur, et, taudis que la pratique lui en dé-
voilait en partie les principes, l'observation
plus attentive des phénomènes naturels
acheva de les lui révéler.


''Quoique les végétaux qui vivent en famille'', c’est-a-dire groupés en masse homogène, ne soient pas très-communs à la surface du globe, on voit cependant diverses espèces envahir à elles seules des terrains entiers et s’y maintenir plus on moins longtemps sans mélange d’autres espèces. Mais, tôt ou tard leur végétation devenant moins vigoureuse, des plantes différentes commencent à se montrer parmi elles, bientôt elles se trouvent dominées et souvent entièrement détruites. — On a cité plusieurs exemples semblables pour des plantes herbacées, dans la nature inculte. — Vous en trouvons fréquemment dans nos pâturages et nos prairies naturelles. La qualité des herbages y change, pour ainsi dire, sans cesse : ici le trèfle rampant (''Trifolium repens''), la lupuline (''Medicago lupulina'') et quelques autres légumineuses succèdent spontanément aux graminées ; — la ce sont diverses renoncules (''Ranunculus acris, bulbosus, arvensis''), ailleurs la jacée des prés (''Centaurea jacea''), la mille-feuille (''Achillea millefolium''), l’oseille (''Rumex acetosa''), etc. — Il serait facile de multiplier beaucoup de semblables citations, et, si l’on étudiait les générations successives de ces plantes usurpatrices, la courte existence d’un homme suffirait parfois pour les voir abandonner à leur tour au profit de quelques autres les terrains dont elles s’étaient emparées.
S l°".—— Théorie chimique des assolemcns.


Dans certaines contrées il ne serait pas impossible de constater que ''les végétaux destructeurs des moissons alternent sur le même sol'', et quoique plusieurs causes autres que celles qui nous occupent ici puissent concourir a ce résultat, il y a tout lieu de croire qu’il est du, en grande partie, au besoin de productions variées.
Quoi ue les végétaux qui vivent en fa-
mille, cest-a-dire groupés en masse homo—
gène, ne soient pas très—communs à la sur-
face du globe, on voit cependant diverses
espèces envahir à elles seules des terrains
entiers et s'y maintenir plus on moins long-
temps sans mélange d'autres espèces. Mais,
tût ou tard leur végétation devenant moins
vigoureuse, des plantes différentes commen-
cent à se montrer parmi elles, bientôt elles
se trouvent dominées et souvent entière—
ment. détruites. — On a cité plusieurs
exemples semblables. pour des plantes her—
bacées, dans la nature inculte. — Vous en
trouvons fréquemment dans nos pâturages
et. nos prairies naturelles. La qualité des


Les arbres eux-mêmes obéissent a la loi des assolemens. A côté des importans écrits des Bosc, des {{sc|Touin}}, des {{sc|Soulange Bodin}}, des {{sc|Dureau de la Malle}} et de plusieurs autres, les observations publiées par {{sc|M. Thiebault de Berneaud}} ne doivent laisser aucun doute à cet égard.
TllEORIE DES ASSOLEMENS.

En 1746, rapporte-t-il un immense incendie dévora en partie la forêt de Chateau-Neuf (département de la Haute-Vienne) ; cette forêt était en essence de hêtre. Plus de cinq hectares que le feu avait entièrement consumés se couvrirent spontanément, les années suivantes, d’herbes et de broussailles, à travers lesquelles s’élevèrent un peu plus tard une infinité de petits chênes. — En 1799, les bois de Lumigny et de Crecy (Seine-et-Marne) ayant été exploités, le hêtre, qui en faisait également la base, se trouva remplacé, sans le secours de l’homme, par des framboisiers, des groseilliers, des fraisiers, des ronces, puis des chênes, aujourd’hui en pleine végétation. — Une semblable remarque a été faite à des époques différentes dans les forêts qui couronnent les bords escarpés du Dessombre, petite rivière dont les eaux vont se perdre dans le Doubs à St.-Hippolyte. Ces forêts sont composées d’arbres de hautes-futaies, principalement de hêtres. Lorsqu’une coupe a été faite, on voit bientôt l’emplacement découvert s’orner d’une infinité de framboisiers qui fournissent pendant 3 ou 4 ans une abondante récolte de leurs fruits succulens. A ces arbrisseaux succèdent des fraisiers, et à ceux-ci la ronce bleue, enfin les pousses de nouveau bois mettent un terme à cette succession de rosacées. — Après toutes les coupes de forêts de hêtres qui ont lieu sur le Jura, particulièrement au revers du Mont-d'Or, les groseilliers paraissent les premiers, les framboisiers occupent ensuite le sol pendant 3 ou 4 ans, puis les fraisiers deux années, et la ronce bleue de 8 a 10 ans ; enfin revient le hêtre ou apparaît le chêne. — Trois espèces de coupes se succèdent dans le même triage de la foret de Belesme, près Mortagne (Orne). La première a lieu sur un
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herbages y change, pour ainsi dire, sans
cesse : ici le trèfle rampant (Tri/blium re-
pem,, la lupuline (.lli-(licago lupulinn) et
quelques autres légumineuses succèdent
spontanément aux graminées; — la ce sont
diverses renoncules h’anunculus acris, bul-
bosus, arvenqis ), ailleurs la jacée (les prés
(Centaurea Jaceaf, 1.1 mille-feuille (Je/zilleu
millefolium ), l'oseille (_ Humec acetoxa ), etc.
— Il serait facile de multiplier beaucoup de
semblables citations, et, si l'on étudiait les
générations successives de ces plantes usur-
patrices, la courte existence d‘un homme
suffirait parfois pour les voir abandonner
à leur tour au profit de quelques autres les
terrains dont elles s’étaient emparées.

Dans certaines contrées il ne serait pas
impossible de constater que les végétaux (fav-
tructeury (les moissons alternent sur le même
sol, et quoique plusieurs causes autres que
Celles qui nous occupent ici puissent con-
courir a ce résultat, il y a tout lieu de
croire qu’il est du, en grande partie, au be—
soin de productions variées.

Les arbres eux—mêmes obéissent a la loi
des assolemens A côté des inlportaus écrits
des Bosc, des Tnonx, des Soerxue Bonix,
des Deux-ne DE L1 MALLE et de plusieurs au-
tres, les observations publiées par M. Tuni-
BxULT DE Bnnxsu'n ne doivent laisser aucun
doute à cet égard.

En 17—16, rapporte-t-il. un immense -in—
cendie dévora en partie la forêt de Chateau—
Nenf fdépartement de la Haute-Vienne);
cette foret était en essence de hetre. Plus
de cinq hectares que le feu avait entière-
ment consumés se couvrirent spontanément,
les années suivantes, d'herbes et de brous-
sailles, à travers lesquelles s'éleverent un
peu plus tard une infinité (le petits clienes.
—En 1799, les bois de Lumigny et (le Crecy
(Seine-et-Marne) ayant éte exploités, le
hetre, qui en faisait également la base, se
trouva remplacé, sans le secours de l'hom me,
par des frainboisiers, des groseillers, des
fraisiers, des ronces, puis des chênes, au—
jourd'hui en pleine végétation. — Une sem-
blable remarque a été faite à des époques
différentes dans les forêts qui couronuent
les bords escarpés du Dessombre, petite ri-
vière dont les eaux vont se perdre dans le
Doubs à St.-Hippol_v te. Ces forêts sont coni—
posées d‘arbres de hautes-t'utaies. principa-
lement de liètres. Lorsqu'une coupe a été
faite, on voit bientôt l’emplacement décou-
vert s'orner d'une infinité de framboisiers
qui fournissent pendant 3 ou 4 ans une abon-
dante récolte de leurs fruits sucrulens. A
ces arbrisseaux succèdent des fraisiers, et à
ceux-ci la ronce bleue, enfin les pousses de
nouveau bois mettent un trrme à cette suc-
cession de rosacées. — Après toutes les cou-
pes de forêts de hetres qui ont lieu sur le
Jura, partieulièrement a_u revers du Mont—
(l‘Ur, les grOséillers paraissent les premiers,
les framboisiers occupent ensuite le sol pen<
dant 3 ou 4 ans, puis les fraisiers deux an-
nées, et la ronce bleue de S a 10 ans; eutm
revient le hetre ou apparaît le eueue. -—
Trois especes de coupes se succèdent dans
le même triage de la foret de Belesme, près
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