« Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, V.djvu/406 » : différence entre les versions
Pywikibot touch edit |
|||
État de la page (Qualité des pages) | État de la page (Qualité des pages) | ||
- | + | Page corrigée | |
En-tête (noinclude) : | En-tête (noinclude) : | ||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
{{nr|396|{{sc|revue philosophique}}|}} |
|||
Contenu (par transclusion) : | Contenu (par transclusion) : | ||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
<nowiki/> |
|||
Cette double manière de concevoir les créations idéales de l’imagination indique des différences de tempérament et d’expérience |
Cette double manière de concevoir les créations idéales de l’imagination indique des différences de tempérament et d’expérience |
||
Ligne 4 : | Ligne 5 : | ||
de la disposition de l’esprit à croire aux suggestions favorables. |
de la disposition de l’esprit à croire aux suggestions favorables. |
||
Quelques esprits sont prompts à admettre toute idée agréable et |
Quelques esprits sont prompts à admettre toute idée agréable et |
||
encourageante, comme quelque chose de réel. Ils s’y cramponnent, |
encourageante, comme quelque chose de réel. Ils s’y cramponnent, |
||
avec assurance, sans qu’ils y soient déterminés par la force de |
avec assurance, sans qu’ils y soient déterminés par la force de |
||
l’évidence. D’autres, au contraire, manifestent une disposition tout à |
l’évidence. D’autres, au contraire, manifestent une disposition tout à |
||
fait opposée. Ils sont lents à admettre des idées gaies, même quand |
fait opposée. Ils sont lents à admettre des idées gaies, même quand |
||
elles paraissent évidentes. Les premiers sont les natures promptes |
elles paraissent évidentes. Les premiers sont les natures promptes |
||
à espérer ; les seconds sont enclins au désespoir. |
à espérer ; les seconds sont enclins au désespoir. |
||
Nous ne nous arrêterons pas ici à faire l’analyse complète de cette |
Nous ne nous arrêterons pas ici à faire l’analyse complète de cette |
||
diversité. Il est évident qu’elle se relie étroitement à cette différence |
diversité. Il est évident qu’elle se relie étroitement à cette différence |
||
d’aptitude à sentir le plaisir et la douleur dont nous avons déjà parlé. |
d’aptitude à sentir le plaisir et la douleur dont nous avons déjà parlé. |
||
L’homme, particulièrement sensible à la douleur, sera disposé, |
L’homme, particulièrement sensible à la douleur, sera disposé, |
||
cœteris paribus, à croire plutôt à ce qui est douloureux qu’à ce qui |
''{{lang|la|cœteris paribus}}'', à croire plutôt à ce qui est douloureux qu’à ce qui |
||
est agréable <ref>Il est clair que la disposition à accepter la création idéale comme réelle ou à la rejeter comme illusoire, dépendra en partie de la nature de l’impulsion qui excite l’activité imaginative. L’imagination, quand elle est excitée par une joie actuelle, est plus disposée à l’espérance et à la foi que si elle est tourmentée par un sentiment de douleur.</ref>. Mais ce n’est pas là la seule source du contraste. On |
est agréable <ref>Il est clair que la disposition à accepter la création idéale comme réelle ou à la rejeter comme illusoire, dépendra en partie de la nature de l’impulsion qui excite l’activité imaginative. L’imagination, quand elle est excitée par une joie actuelle, est plus disposée à l’espérance et à la foi que si elle est tourmentée par un sentiment de douleur.</ref>. Mais ce n’est pas là la seule source du contraste. On |
||
a dit que la vigueur de la foi au succès dépend du degré de l’activité |
a dit que la vigueur de la foi au succès dépend du degré de l’activité |
||
d’un homme ou de sa disposition à faire des efforts. C’est pourquoi |
d’un homme ou de sa disposition à faire des efforts. C’est pourquoi |
||
l’homme pratique est généralement doué d’une foi robuste, c’est-à-dire est un homme prompt à espérer. Or les poètes, considérés dans |
l’homme pratique est généralement doué d’une foi robuste, c’est-à-dire est un homme prompt à espérer. Or les poètes, considérés dans |
||
leur ensemble, forment un contraste avec les hommes pratiques, |
leur ensemble, forment un contraste avec les hommes pratiques, |
||
et à ce point de vue on peut s’attendre qu’ils soient des hommes |
et à ce point de vue on peut s’attendre qu’ils soient des hommes |
||
ayant relativement une foi peu robuste. En outre |
ayant relativement une foi peu robuste. En outre, comme nous |
||
l’avons dit, la nature poétique montre une disposition à sentir d’une |
l’avons dit, la nature poétique montre une disposition à sentir d’une |
||
manière relativement vive et forte le côté déplaisant et désagréable |
manière relativement vive et forte le côté déplaisant et désagréable |
||
des choses. Dans cette mesure donc, les poètes seront enclins à envisager les conceptions idéales dans un sens pessimiste. Leur imagination créera de belles et nobles formes, mais leur esprit refusera de |
des choses. Dans cette mesure donc, les poètes seront enclins à envisager les conceptions idéales dans un sens pessimiste. Leur imagination créera de belles et nobles formes, mais leur esprit refusera de |
||
s’y attacher comme à des réalités qui relèvent l’âme et rehaussent |
s’y attacher comme à des réalités qui relèvent l’âme et rehaussent |
||
la valeur du monde. |
la valeur du monde. |
||
Il faut ajouter que le progrès de l’expérience altère essentiellement |
Il faut ajouter que le progrès de l’expérience altère essentiellement |
||
cette vigeur de la foi et augmente ainsi le penchant de l’esprit au |
cette {{corr|vigeur|vigueur}} de la foi et augmente ainsi le penchant de l’esprit au |
||
pessimisme. On sait que la jeunesse espère facilement, et les jeunes |
pessimisme. On sait que la jeunesse espère facilement, et les jeunes |
||
poètes, dans la vive ardeur de leur imagination, sont disposés à se |
poètes, dans la vive ardeur de leur imagination, sont disposés à se |