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{{tiret|plu|tôt}} avec la peinture. (Qu’on rapproche le ''Paysage dans le Golfe de Gênes'' et ''Ischia'' de Lamartine de toute l’''España'' où Gautier paraît l’ancêtre direct du Parnasse).
{{tiret2|plu|tôt}} avec la peinture. (Qu’on rapproche le ''Paysage dans le Golfe de Gênes'' et ''Ischia'' de Lamartine de toute l’''España'' où Gautier paraît l’ancêtre direct du Parnasse). Elle perdit l’aptitude à construire musicalement un symbole, selon le type du ''Satyre'' ou de la ''Maison du Berger''. Ceux de Banville, esquissés avec pauvreté, tournent à l’allégorie banale, et c’est avec une singulière gaucherie que Leconte de Lisle s’essaie parfois à quelque symbole
comme celui qui termine ''Qaïn''. On se rendra encore mieux compte de la différence entre les deux inspirations en comparant, avec le ''Satyre'' et ''Plein Ciel'', le ''Zenith'' de Sully Prudhomme. Et tout Sully Prudhomme fait
Elle perdit l’aptitude à construire musicalement un symbole, selon le type du ''Satyre'' ou de la ''Maison du Berger''.
corps avec le Parnasse. Il décrit subtilement les émotions, il ne les ressuscite pas. Il se relie aux analystes du cœur, à La Rochefoucauld, à La Bruyère, à Racine aussi. Puisque les sujets sont dans le Parnasse traités pour eux-mêmes, non plus en allusion, leur choix, leur nature, prennent une valeur essentielle. On fuit le lieu commun. Sully Prudhomme s’attachera aux émotions raffinées
Ceux de Banville, esquissés avec pauvreté, tournent à
d’un homme bien élevé et de culture profonde, comme auparavant Baudelaire aux « frissons nouveaux » d’une nature indépendante et tourmentée. Leconte de Lisle
l’allégorie banale, et c’est avec une singulière gaucherie
croira enrichir la poésie en allant chercher des sujets dans les traductions de poèmes hindous ou finnois, comme Voltaire pensait renouveler la tragédie en demandant des personnages à la Chine et à l’Amérique. Dans
que Leconte de Lisle s’essaie parfois à quelque symbole
l’''Enquête'' de Jules Huret, il déclare qu’il ne restait plus que cette mine à exploiter, et il se demande ce qu’après lui les poètes pourront bien trouver de nouveau ; instructivement on touche ici du doigt le mur d’incompréhension maussade auquel pouvait avec l’âge se buter un vieux Parnassien.
comme celui qui termine ''Qaïn''. On se rendra encore
mieux compte de la différence entre les deux inspirations en comparant, avec le ''Satyre'' et ''Plein Ciel'', le ''Zenith''
de Sully Prudhomme. Et tout Sully Prudhomme fait
corps avec le Parnasse. Il décrit subtilement les émotions, il ne les ressuscite pas. Il se relie aux analystes du
cœur, à La Rochefoucauld, à La Bruyère, à Racine aussi.
Puisque les sujets sont dans le Parnasse traités pour eux-mêmes, non plus en allusion, leur choix, leur nature,
prennent une valeur essentielle. On fuit le lieu commun.
Sully Prudhomme s’attachera aux émotions raffinées
d’un homme bien élevé et de culture profonde, comme
auparavant Baudelaire aux « frissons nouveaux » d’une
nature indépendante et tourmentée. Leconte de Lisle
croira enrichir la poésie en allant chercher des sujets
dans les traductions de poèmes hindous ou finnois,
comme Voltaire pensait renouveler la tragédie en demandant des personnages à la Chine et à l’Amérique. Dans
l’''Enquête'' de Jules Huret, il déclare qu’il ne restait plus
que cette mine à exploiter, et il se demande ce qu’après
lui les poètes pourront bien trouver de nouveau ; instructivement on touche ici du doigt le mur d’incompréhension maussade auquel pouvait avec l’âge se buter
un vieux Parnassien.


Ce long détour était nécessaire pour concevoir l’attitude, en face du Parnasse, d’un poète comme Mallarmé
Ce long détour était nécessaire pour concevoir l’attitude, en face du Parnasse, d’un poète comme Mallarmé qui, dès le début, mena sa poésie selon des modes déjà
subtils d’allusion. Sous « l’enseigne un peu rouillée maintenant du Parnasse », il revint comme Verlaine dans certaines des voies romantiques. La poésie, de ses mains,
qui, dès le début, mena sa poésie selon des modes déjà
subtils d’allusion. Sous « l’enseigne un peu rouillée
maintenant du Parnasse », il revint comme Verlaine dans
certaines des voies romantiques. La poésie, de ses mains,