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psychologique de la métaphore le confirme, dans l’invention de laquelle un acte unique fait jaillir les termes,

LES ÉLÉMENTS DE SA POÉSIE 107

psychologique de la métaphore le confirme, dans l’in-
vention de laquelle un acte unique fait jaillir les termes,
qui ne deviennent deux qu’à la réflexion et à l’analyse.
qui ne deviennent deux qu’à la réflexion et à l’analyse.
Une telle tendance se présente chez Mallarmé à l’état
Une telle tendance se présente chez Mallarmé à l’état
complet et pur. La réflexion et l’analyse, à la fin, sont
complet et pur. La réflexion et l’analyse, à la fin, sont
employées par lui à éliminer l’apparence de cette dua-
employées par lui à éliminer l’apparence de cette dualité, à faire porter la métaphore par un seul de ses
lité, à faire porter la métaphore par un seul de ses
termes, à tenir l’autre distant et tu. (Qu’on se rappelle
termes, à tenir l’autre distant et tu. (Qu’on se rappelle
le sonnet à Puvis, ou celui à Baudelaire.) Ainsi de-
le sonnet à Puvis, ou celui à Baudelaire.) Ainsi deviennent en lui visibles les liens qui réunissent l’idéalisme à la création poétique.
viennent en lui visibles les liens qui réunissent l’idéa-
lisme à la création poétique.


On évoquerait naturellement à ce sujet l’esthétique
On évoquerait naturellement à ce sujet l’esthétique
platonicienne de Schopenhauer. Rien ne fournit un COIÙ
platonicienne de Schopenhauer. Rien ne fournit un commentaire, plus frappant et plus clair au troisième livre
du ''Monde comme Volonté et comme Représentation'' que
mentaire, plus frappant ot plus clair au troisième livro
du Monde comme Volonté et comme Représentation quo
l’œuvre poétique et la pensée écrite de Mallarmé.
l’œuvre poétique et la pensée écrite de Mallarmé.


« Je dis : une fleur I et hors de l’oubli où ma voix
« Je dis : une fleur ! et hors de l’oubli où ma voix
relègue aucun contour, en tai>t que quelque chose
relègue aucun contour, en tant que quelque chose
d’autre par les calices su, musicalement se lève, idée
d’autre par les calices su, musicalement se lève, idée
même et suave, l’absente de tous bouquets . »
même et suave, l’absente de tous bouquets<ref>''Divagations'', p. 251.</ref>. »


« Idée même », réalité platonicienne et non signe
« Idée même », réalité platonicienne et non signe
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musical. — Et je rappelle que dans l’esthétique de
musical. — Et je rappelle que dans l’esthétique de
Schopenhauer la musique ne figure plus une image des
Schopenhauer la musique ne figure plus une image des
Idées, mais les Idées elles-mêmes. Surtout ce qui sur- 1
Idées, mais les Idées elles-mêmes. Surtout ce qui surgit sous les doigts de quelque « Musicienne du silence »
git sous les doigts de quelque « Musicienne du silence »
pour figurer l’Idée, c’est, essentiellement, l’ « absente »
pour figurer l’Idée, c’est, essentiellement, l’ « absente »
de tous bouquets. Il faudra déterminer de façon spé-
de tous bouquets. Il faudra déterminer de façon spéciale et prudente ce sens, cette théorie de l’absence, qui
ciale et prudente ce sens, cette théorie de l’absence, qui
joue un curieux rôle chez Mallarmé. Les lignes que je
joue un curieux rôle chez Mallarmé. Les lignes que je
viens de citer paraphrasent le dernier sonnet des Poèmes,
viens de citer paraphrasent le dernier sonnet des ''Poèmes'',
le « sein brûlé d’une antique Amazone ». Pour rendre
le « sein brûlé d’une antique Amazone ». Pour rendre
dignement l’Idée, ce n’est pas à l’être qu’il faut emprun-
dignement l’Idée, ce n’est pas à l’être qu’il faut emprunter notre expression, puisque le mot ne désigne une
ter notre expression, puisque lo mot ne désigne uno

1. Divagations, p. a!>i.