« Wikisource:Extraits/2020/32 » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Élisa Mercœur
 
(Aucune différence)

Dernière version du 2 août 2020 à 20:00

Élisa Mercœur, Le Chant du Barde écossais

1843


Le torrent qui grondait est resté suspendu ;
          La neige blanchit la bruyère,
     Et du rocher, lentement descendu,
Un fantôme s’égare au vallon solitaire.

La brise de minuit balance les rameaux
          Du vieux chêne au tremblant feuillage ;
Tout est silencieux ; et l’ombre d’un héros
          Paraît au sein de son nuage.

Les Bardes ont chanté les exploits du vieux temps ;
Sous leurs doigts ont frémi les harpes fantastiques ;
          À leurs accords mélancoliques
Les esprits ont mêlé de lugubres accens.

Qui vient de s’égarer sur tes cordes légères ?
Harpe, depuis long-temps tu ne résonnais plus :
Qui te rend tous les sons que je croyais perdus ?
Serait-ce le toucher des ombres de mes pères ?

Où sont-ils les beaux jours où mes chants belliqueux
Doublaient la noble ardeur des guerriers invincibles,
Descendant au tombeau pleins de gloire et terribles,
Fiers d’immortaliser le nom de leurs aïeux !

    Il est fini leur exil sur la terre ;
Leurs corps n’enferment plus leurs esprits radieux :
C’était une vapeur et subtile et légère,
Que le vent de la mort chassa jusques aux cieux.

    Las ! il n’est plus l’effroi des Scandinaves ;
Le noir sapin succombe au souffle des hivers :
          Ils sont tombés les chefs des braves,
Et sous la mousse épaisse ils dorment aux déserts.

Lorsque vous reviendrez des collines sauvages,
Chasseurs, ne foulez pas cet humide gazon ;
Quelquefois, au milieu de transparens nuages
Les ombres des guerriers