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tombées à terre et enfouies sous la végétation, que la nature du bois{{lié}}<ref>Ces poutres sont en wacapou, arbre surnommé ''incorruptible'' à Cayenne, et le meilleur de la colonie pour tous les genres de constructions. </ref> a conservées presque sans altération jusqu’à ce jour. Les Indiens qu’ils y avaient rassemblés étaient nombreux, et se livraient, sous leur direction, à la culture en grand du cacaoyer. Lorsqu’on pénètre à quelque distance dans le bois, on en trouve des plantations immenses qui disputent encore le terrain aux arbres et aux lianes qui les enveloppent de toutes parts. On dit que, sous l’administration des Portugais, deux d’entre eux se transportèrent sur les lieux, et, dans l’espace de deux à trois mois, y récoltèrent pour 20,000{{lié}}francs de cacao. Il serait facile d’en faire encore autant aujourd’hui, si cette denrée en valait la peine{{lié}}<ref>Le cacao vaut en ce moment ''vingt centimes'' la livre à Cayenne ; aussi ne se donne-t-on pas la peine de le récolter, et chaque jour les cacaoyers disparaissent pour faire place à d’autres produits de plus grande valeur. </ref>.
tombées à terre et enfouies sous la végétation, que la nature du
bois <ref>Ces poutres sont en wacapou, arbre surnommé ''incorruptible'' à Cayenne, et le meilleur de la colonie pour tous les genres de constructions. </ref> conservées presque sans altération jusqu’à ce jour. Les Indiens qu’ils y avaient rassemblés étaient nombreux, et se livraient, sous leur direction, à la culture en grand du cacaoyer.
Lorsqu’on pénètre à quelque distance dans le bois, on en trouve
des plantations immenses qui disputent encore le terrain aux
arbres et aux lianes qui les enveloppent de toutes parts. On dit
que, sous l’administration des Portugais, deux d’entre eux se
transportèrent sur les lieux, et, dans l’espace de deux à trois
mois, y récoltèrent pour 20,000 francs de cacao. Il serait facile
d’en faire encore autant aujourd’hui, si cette denrée en valait la peine <ref>Le cacao vaut en ce moment vingt centimes la livre à Cayenne ; aussi ne se donne-t-on pas la peine de le récolter, et chaque jour les cacaoyers disparaissent pour faire place à d’autres produits de plus grande valeur. </ref>.


Rien n’indique maintenant que la Mission ait été là : soixante-dix ans écoulés depuis sa dispersion ont permis à la végétation d’y atteindre son développement accoutumé, et les arbres y égalent en grandeur ceux du voisinage. Une foule de plantes grimpantes et d’arbustes qui croissent de préférence dans les terrains abandonnés, rendent l’emplacement qu’elle occupait encore plus impraticable que les forêts vierges elles-mêmes. Un sentier tracé par les Indiens permet cependant d’y pénétrer, et à une lieue dans l’intérieur on rencontre une roche granitique isolée, d’environ deux cents pieds de hauteur, qui ne tient à aucune chaîne de montagnes des environs. De son sommet, qu’on peut atteindre en grimpant à l’aide des broussailles, on découvre une vue immense, qui ne consiste, au reste, que dans un océan de forêts sans bornes.
Rien n’indique maintenant que la Mission ait été là : soixante-dix ans écoulés depuis sa dispersion ont permis à la végétation d’y
atteindre son développement accoutumé, et les arbres y égalent
en grandeur ceux du voisinage . Une foule de plantes grimpantes
et d’arbustes qui croissent de préférence dans les terrains abandonnés, rendent l’emplacement qu’elle occupait encore plus
impraticable que les forêts vierges elles-mêmes. Un sentier tracé
par les Indiens permet cependant d’y pénétrer, et à une lieue dans
l’intérieur on rencontre une roche granitique isolée, d’environ deux
cents pieds de hauteur, qui ne tient à aucune chaîne de montagnes
des environs. De son sommet, qu’on peut atteindre en grimpant
à l’aide des broussailles, on découvre une vue immense, qui ne
consiste, au reste, que dans un océan de forêts sans bornes.


La Mission est éloignée de six lieues de la crique Aramontabo ; il faut encore en faire douze avant d’arriver à une habitation qui appartient à un Indien nommé Kassar. Dans cet intervalle, la rivière offre le même aspect que les jours précédens. Son lit est entrecoupé d’îles et de roches qui ne forment aucun saut digne d’être remarqué. On laisse sur la rive droite la crique Annotaye,
La Mission est éloignée de six lieues de la crique Aramontabo ;
il faut encore en faire douze avant d’arriver à une habitation qui
appartient à un Indien nommé Kassar. Dans cet intervalle, la rivière offre le même aspect que les jours précédens. Son lit est
entrecoupé d’îles et de roches qui ne forment aucun saut digne
d’être remarqué. On laisse sur la rive droite la crique Annotaye,