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vierge sans défense, et qui se confiait à ses sermens. Le père vient redemander sa fille, et ne trouve plus qu’une enfant perdue sans retour, honteuse de son crime, mais chérissant, malgré sa honte, celui par qui elle est coupable : le père jure de se venger. Au quatrième acte, nous retrouvons le roi, oubliant dans la débauche les plaisirs de la nuit dernière, éteignant dans le vin et sous les baisers d’une fille de joie les remords d’une conscience importune. Le père montre à sa fille le nouveau crime de son amant, et, après avoir vainement essayé de l’en détacher, la renvoie, pour consommer sa vengeance. Il a payé un ''brave'' qui doit lui livrer, le soir même, le cadavre du roi. La sœur de l’assassin, celle-là même qui tout à l’heure prodiguait les caresses au royal débauché, intercède pour lui. Le ''brave'', fidèle à sa parole, veut gagner son argent, et refuserait son salaire s’il ne livrait une victime. La jeune fille revient, déguisée en homme ; elle comprend le danger, et, pour sauver les jours du roi, vient s’offrir au poignard du ''brave''. Au cinquième acte, le père est seul avec sa victime. Il se croit vengé, il savoure à longs traits sa joie cruelle, il apostrophe le cadavre qu’il a payé, et qui doit expier le déshonneur de sa fille. Peu à peu sa joie s’exalte jusqu’au vertige, il veut compter les blessures de son ennemi, il veut baigner ses mains dans son sang glacé, sourire et insulter à ses lèvres livides et muettes. Il découvre le cadavre et reconnaît sa fille.
vierge sans défense, et qui se confiait à ses sermens. Le père vient
redemander sa fille, et ne trouve plus qu’une enfant perdue sans
retour, honteuse de son crime, mais chérissant, malgré sa honte,
celui par qui elle est coupable : le père jure de se venger. Au
quatrième acte, nous retrouvons le roi, oubliant dans la débauche
les plaisirs de la nuit dernière, éteignant dans le vin et sous les
baisers d’une fille de joie les remords d’une conscience importune.
Le père montre à sa fille le nouveau crime de son amant, et,
après avoir vainement essayé de l’en détacher, la renvoie, pour
consommer sa vengeance. Il a payé un ''brave'' qui doit lui livrer,
le soir même, le cadavre du roi. La sœur de l’assassin, celle-là
même qui tout à l’heure prodiguait les caresses au royal débauché, intercède pour lui. Le ''brave'', fidèle à sa parole, veut gagner
son argent, et refuserait son salaire s’il ne livrait une victime. La
jeune fille revient, déguisée en homme ; elle comprend le danger,
et, pour sauver les jours du roi, vient s’offrir au poignard du
''brave''. Au cinquième acte, le père est seul avec sa victime. Il se
croit vengé, il savoure à longs traits sa joie cruelle, il apostrophe
le cadavre qu’il a payé, et qui doit expier le déshonneur de sa
fille. Peu à peu sa joie s’exalte jusqu’au vertige, il veut compter
les blessures de son ennemi, il veut baigner ses mains dans son
sang glacé, sourire et insulter à ses lèvres livides et muettes. Il
découvre le cadavre et reconnaît sa fille.


Telle est, réduite à sa simplicité idéale, à ses proportions, à sa logique primitives, la nouvelle tragédie de {{M.|Hugo}}. Il est permis de conjecturer qu’elle a dû d’abord se présenter à sa pensée sous cette forme élémentaire ; personne à coup sûr ne voudra contester qu’il n’y eût là toute l’étoffe nécessaire pour la composition d’un poème dramatique.
Telle est, réduite à sa simplicité idéale, à ses proportions, à sa
logique primitives, la nouvelle tragédie de M. Hugo. Il est permis
de conjecturer qu’elle a dû d’abord se présenter à sa pensée sous
cette forme élémentaire ; personne à coup sûr ne voudra contester
qu’il n’y eût là toute l’étoffe nécessaire pour la composition d’un
poème dramatique.


Cet embryon, que nous avons essayé de décrire avec la plus rigoureuse précision, s’est développé progressivement dans le cerveau du poète. Cette fable qui, aux premiers momens de la conception, n’était que possible, il a fallu la rendre probable, et pour cela l’imagination a dû appeler à son aide les incidens et les acteurs subalternes. Elle a dû, avant tout, baptiser les trois idées qu’elle voulait mettre aux prises. Elle a nommé le roi, François{{lié}}{{rom-maj|i|1}}{{er}} ; la jeune fille, Blanche, et le père, Triboulet. Une
Cet embryon, que nous avons essayé de décrire avec la plus
rigoureuse précision, s’est développé progressivement dans le
cerveau du poète. Cette fable qui, aux premiers momens de la
conception, n’était que possible, il a fallu la rendre probable,
et pour cela l’imagination a dû appeler à son aide les incidens et
les acteurs subalternes. Elle a dû, avant tout, baptiser les trois
idées qu’elle voulait mettre aux prises. Elle a nommé le roi,
François Ier ; la jeune fille, Blanche, et le père, Triboulet. Une