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combien d’inconstantes paroles jetées au vent pour combler l’ennui des heures et varier de fades causeries, se sont probablement gravées à titre de résultats sententieux et mémorables ; combien de lettres familières arrachées par l’importunité à la politesse pourront se produire un jour pour les irrécusables épanchemens d’un cœur qui se confie ; quand, allant plus loin, je viens à me demander ce que seraient, par rapport à la vérité, des mémoires sur eux-mêmes élaborés par certains génies qui ne s’en remettraient pas de ce soin aux autres, oh ! j’avoue qu’alors il me prend quelque pitié de ce que la postérité, équitable, je le crois, mais aussi avidement curieuse, court risque d’accepter pour vrai et de recueillir pêle-mêle dans l’héritage des grands hommes. Cette idée-là, légèrement vaniteuse, mais pas du tout chimérique, me rend courage pour ces essais, et me réconcilie avec les avantages incomplets, actuellement réalisables, que le critique et le biographe attentif peut tirer de sa position près des vivans modèles. Ce sont des matériaux scrupuleux dont il fait choix, et qui serviront plus tard à en contrôler d’autres, aux mains de l’historien définitif. J’ai toujours gardé à {{M.|de}} Valincour la même rancune que lui témoigne l’honnête Louis Racine, pour n’avoir pas laissé quelques pages de renseignemens biographiques et littéraires sur ses illustres amis, les poètes. En échappant de reste pour ma faible part au reproche qu’on a le droit d’adresser à {{M.|de}} Valincour, je sais qu’il en est un autre tout contraire à éviter. Il serait naïf et d’un empressement un peu puéril de se constituer l’historiographe viager de tout ce qui a un renom, de se faire le desservant de toutes les gloires. Un sentiment plus grave, plus recueilli, a inspiré ces courts et rares essais consacrés à des génies contemporains. Nous n’avons pas indifféremment passé de l’un à l’autre. Un prêtre illustre qui est plus à nos yeux qu’un écrivain, et dont le saint caractère grandit en ce moment dans l’humilité du silence ; un philosophe méconnu qui avait doté notre siècle de naturelles et majestueuses peintures ; puis des poètes admirés du monde et surtout préférés de nous, comme celui que nous abordons en ce moment, ce sont là nos seuls choix jusqu’ici, et désormais nous n’en prévoyons
combien d’inconstantes paroles jetées au vent pour combler l’ennui des heures et varier de fades causeries, se sont probablement gravées à titre de résultats sententieux et mémorables ; combien
de lettres familières arrachées par l’importunité à la politesse
pourront se produire un jour pour les irrécusables épanchemens
d’un cœur qui se confie ; quand, allant plus loin, je viens à me
demander ce que seraient, par rapport à la vérité, des mémoires
sur eux-mêmes élaborés par certains génies qui ne s’en remettraient pas de ce soin aux autres, oh ! j’avoue qu’alors il me prend
quelque pitié de ce que la postérité, équitable, je le crois, mais
aussi avidement curieuse, court risque d’accepter pour vrai et
de recueillir pêle-mêle dans l’héritage des grands hommes. Cette
idée-là, légèrement vaniteuse, mais pas du tout chimérique, me
rend courage pour ces essais, et me réconcilie avec les avantages incomplets, actuellement réalisables, que le critique et le
biographe attentif peut tirer de sa position près des vivans modèles. Ce sont des matériaux scrupuleux dont il fait choix, et
qui serviront plus tard à en contrôler d’autres, aux mains de
l’historien définitif. J’ai toujours gardé à M. de Valincour la
même rancune que lui témoigne l’honnête Louis Racine, pour
n’avoir pas laissé quelques pages de renseignemens biographiques
et littéraires sur ses illustres amis, les poètes. En échappant
de reste pour ma faible part au reproche qu’on a le droit d’adresser à M. de Valincour, je sais qu’il en est un autre tout contraire à éviter. Il serait naïf et d’un empressement un peu puéril de se constituer l’historiographe viager de tout ce qui
a un renom, de se faire le desservant de toutes les gloires. Un
sentiment plus grave, plus recueilli, a inspiré ces courts et
rares essais consacrés à des génies contemporains. Nous n’avons
pas indifféremment passé de l’un à l’autre. Un prêtre illustre qui
est plus à nos yeux qu’un écrivain, et dont le saint caractère
grandit en ce moment dans l’humilité du silence ; un philosophe
méconnu qui avait doté notre siècle de naturelles et majestueuses
peintures ; puis des poètes admirés du monde et surtout préférés
de nous, comme celui que nous abordons en ce moment, ce sont
là nos seuls choix jusqu’ici, et désormais nous n’en prévoyons