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m’ayant dit qu’il s’y trouvait des hippopotames, je dételai, j’attendis que le soleil eût baissé à l’horizon et je me rendis au bord de la rivière. Quel battement de cœur en entendant ce souffle bien connu ! J’écartai les roseaux avec précaution, et je vis trois hippopotames qui remontaient le fil de l’eau. Ils étaient sur leurs gardes et ne laissaient apercevoir qu’une très-petite portion de leurs têtes.

Je fis un détour, me plaçai en amont sans qu’ils m’eussent découvert, et tirai sur l’un d’eux.

C’était un vieux mâle ; il ne montrait que son œil ; j’en étais à cinquante pas ; la balle frappa juste au milieu ; une balle numéro sept avec mon fusil de Burrow.

Trois jours après, revenant de chasser un buffle, j’aperçus un crocodile échoué


Descente trop rapide (voy. p. 381).


à quelque distance de la rive et qui dormait profondément. Je ne vis d’abord qu’une masse informe, ne distinguai pas le museau d’avec la queue, et fus sur le point de le tirer à l’envers. Quand la balle l’eut frappé, il releva la tête, ouvrit ses formidables mâchoires, et je compris que je lui avais brisé l’épine dorsale. Il aurait néanmoins gagné la rivière, si un nouveau coup dans la gorge et un troisième dans la poitrine ne l’avaient achevé.

Pendant une heure, je restai sur l’autre rive, prêt à lui envoyer une quatrième balle dans le cas où il redonnerait signe de vie.

Lorsque je fus certain qu’il était bien mort, je me hâtai d’aller au wagon prendre une hache, et revins en toute hâte avec mes hommes, afin de couper


Crocodile enlevé par ses compagnons.


la tête du monstre que je voulais emporter. Quelle ne fut pas ma surprise de ne plus voir mon animal ; ses pareils avaient profité de mon absence pour le traîner dans l’Omlilas. Je fus vivement contrarié ; car il est rare de tuer un crocodile à terre, et dans l’eau il coule à fond dès qu’il est mort.

Je gagnai ensuite les hauteurs, passai une triste journée à la crête des Omgowies, et changeai de route par le conseil d’un nommé Joubert[1].

Le 22, nous traversions l’Omvelouse-Noir, et le lendemain nous avions passé l’Inyoni. Un jour que nous étions occupés à nous ouvrir un chemin à travers de grandes herbes mouillées, où s’élevaient des arbres épineux et chétifs, apparut une femelle de rhinocéros qui me regarda d’un air étonné et marcha lentement vers moi. Je n’avais qu’un fusil rayé de petit calibre ; mon porteur d’armes était à vingt pas en arrière avec mon numéro neuf. Je lui faisais les signes les plus pressants mais il paraissait peu décidé à m’obéir. À la fin cependant (c’était un garçon de cœur), il accourut, me jeta le fusil avec l’étui et le reste, et grimpa sur un arbre aussi lestement qu’un singe. J’arrachai le fusil de son enveloppe et envoyai au rhinocéros une balle en pleine poitrine. La bête se retourna, partit en soufflant comme un marsouin et disparut.

Les chiens, pendant ce temps-là, avaient dépisté un autre rhinocéros qu’ils ramenaient de mon côté. L’animal arrivait au grand trot, la tête haute, la queue roulée sur la croupe, avançant d’une allure superbe, à la fois puissante et rapide. Il avait l’air très-disposé à me charger ; mais une balle qui l’atteignit derrière l’épaule, et qui le fit tomber sur les genoux, modifia ses intentions ; il se releva et partit.

Convaincu de l’avoir frappé mortellement, je me mis à sa poursuite ; nous trouvâmes en effet un rhinocéros couché dans l’herbe ; mais son dernier soupir remontait à quelques heures : c’était le premier que j’avais tiré. J’enlevai les cornes et la langue, je taillai

  1. Citoyen de la république transvaalienne chez qui, plus tard, nous verrons Baldwin.