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aussi que la propriété n’existait pas par les lois de la nature, mais était une création sociale <ref> ''Discours sur l’égalité des partages dans les successions en ligne directe''. </ref>. Erreur. La propriété, dans son principe philosophique, est antérieure aux législations politiques. Et cette proposition est capitale ; car il suit que si les lois sociales peuvent et doivent modifier le droit de propriété, elles ne sauraient le détruire, par la raison qu’elles ne l’ont pas créé : il faut que le législateur reconnaisse toujours dans la propriété la liberté humaine elle-même ; qu’à ce titre il l’aime et la cultive, la développe et la perfectionne <ref> ''Voyez'' la dernière livraison de septembre, de ''la Propriété''. </ref>.
aussi que la propriété n’existait pas par les lois de la nature, mais était une création sociale{{lié}}<ref> ''Discours sur l’égalité des partages dans les successions en ligne directe''. </ref>. Erreur. La propriété, dans son principe philosophique, est antérieure aux législations politiques. Et cette proposition est capitale ; car il suit que si les lois sociales peuvent et doivent modifier le droit de propriété, elles ne sauraient le détruire, par la raison qu’elles ne l’ont pas créé : il faut que le législateur reconnaisse toujours dans la propriété la liberté humaine elle-même ; qu’à ce titre il l’aime et la cultive, la développe et la perfectionne{{lié}}<ref> ''Voyez'' la dernière livraison de septembre, de ''la Propriété''. </ref>.


L’idée de Dieu, c’est-à-dire l’idée la plus haute et la plus générale que l’homme puisse concevoir, fut ramenée à sa place par le spiritualisme de Rousseau. Il restaura dans son siècle la conscience et le sentiment religieux ; comme l’enseignement officiel du catéchisme ne partait que des lèvres et point du cœur, il ne veut pas parler de Dieu au jeune homme avant qu’il ne puisse le comprendre ; il le conduit, quand il a déjà passé par les orages du cœur, sur le haut d’une montagne, à la pointe du jour, les rayons du soleil colorant déjà la nature et les Alpes, et là, par la bouche d’un prêtre tolérant et bon, il lui apprend qu’il est un Dieu. Assurément cette scène n’est pas une règle d’éducation. La connaissance de Dieu se proportionne à tous les momens de la vie : le petit enfant la reçoit de sa mère qui la dépose tendrement dans son cœur ; il la retrouve dans les fêtes et les pompes du culte paternel. Mais quand Jean-Jacques écrivait l’''Emile'', il avait à sauver la conscience de Dieu des traditions d’une lettre corrompue, à la réveiller dans l’âme par des scènes solennelles et par de grandes apostrophes. Le christianisme fut pour lui la religion de l’homme, non pas celui d’aujourd’hui, dit-il, ''mais celui de l’Evangile, qui est tout différent'' <ref>''Contrat social'', liv. IV, chap. 8. </ref>. Mais, sur ce point, il fut dans une grande
L’idée de Dieu, c’est-à-dire l’idée la plus haute et la plus générale que l’homme puisse concevoir, fut ramenée à sa place par le spiritualisme de Rousseau. Il restaura dans son siècle la conscience et le sentiment religieux ; comme l’enseignement officiel du catéchisme ne partait que des lèvres et point du cœur, il ne veut pas parler de Dieu au jeune homme avant qu’il ne puisse le comprendre ; il le conduit, quand il a déjà passé par les orages du cœur, sur le haut d’une montagne, à la pointe du jour, les rayons du soleil colorant déjà la nature et les Alpes, et là, par la bouche d’un prêtre tolérant et bon, il lui apprend qu’il est un Dieu. Assurément cette scène n’est pas une règle d’éducation. La connaissance de Dieu se proportionne à tous les momens de la vie : le petit enfant la reçoit de sa mère qui la dépose tendrement dans son cœur ; il la retrouve dans les fêtes et les pompes du culte paternel. Mais quand Jean-Jacques écrivait l’''Émile'', il avait à sauver la conscience de Dieu des traditions d’une lettre corrompue, à la réveiller dans l’âme par des scènes solennelles et par de grandes apostrophes. Le christianisme fut pour lui la religion de l’homme, non pas celui d’aujourd’hui, dit-il, ''mais celui de l’Évangile, qui est tout différent''{{lié}}<ref>''Contrat social'', liv.{{lié}}{{rom-maj|iv|4}}, chap.{{lié}}8. </ref>. Mais, sur ce point, il fut dans une grande