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:Gymnase : ''le Roman d’un jeune homme pauvre''. — Odéon : ''Célimène'', comédie en 1 acte, en vert, de H. Louis Legendre ; ''l’Ile aux corneilles'', comédie en 1 acte, en vers, de M. B. d’Hervilly ; ''la Maison des Deux Barbeaux'', comédie en 3 actes, de MM. André Theuriet et Henri Lion. — Renaissance : ''la Parisienne'', comédie en 3 actes, de M. Becque. — Vaudeville ; ''Clara Soleil'', comédie en 3 actes, de MM. E. Gondinet et P. Sivrac.
:Gymnase : ''le Roman d’un jeune homme pauvre''. — Odéon : ''Célimène'', comédie en 1 acte, en vert, de H. Louis Legendre ; ''l’Ile aux corneilles'', comédie en 1 acte, en vers, de M. B. d’Hervilly ; ''la Maison des Deux Barbeaux'', comédie en 3 actes, de MM. André Theuriet et Henri Lion. — Renaissance : ''la Parisienne'', comédie en 3 actes, de M. Becque. — Vaudeville ; ''Clara Soleil'', comédie en 3 actes, de MM. E. Gondinet et P. Sivrac.


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Si j’étais Dieu, je n’irais pas au théâtre et je ne lirais pas de romans : la conscience de la vie universelle m’amuserait pendant la suite des siècles ; la nature me suffirait, et je me moquerais de l’art. N’étant qu’un homme, je suis bien aise d’être Parisien : où donc, ailleurs qu’à Paris, trouverais-je tant de prêteurs de lunettes pour me faire connaître ce coin-ci, et celui-là, et puis ce troisième, de cette réalité dont je ne saurais embrasser tout le spectacle ? L’un me présente des verres bleus, l’autre blancs, et le dernier noirs ; chacun les a de naissance et ne saurait voir les choses autrement que teintées de la sorte ; chacun me permet de voir avec lui et d’ajouter ses sensations à ma petite expérience. Plaisirs divers, assurément, que ces officieux me proposent : tellement divers, que, pour jouir de tous, il faut un goût spécial, et, sans doute, une éducation. Ce plaisir convient à la majorité des hommes, celui-là convient à beaucoup, et ce troisième à quelques-uns ; les mêmes causes qui me procurent l’un ou l’autre laisseraient telle personne indifférente, ou, pis encore, lui causeraient de la peine. Tout le monde n’aime pas à contempler une féerie ; tout le monde n’aime pas à regarder les passans par la fenêtre ; tout le monde n’aime pas à suivre une leçon de pathologie dans une clinique. Prenez pourtant que ces trois divertissemens, de par l’espèce et la culture de ma sensibilité, me soient permis, où les goûterai-je mieux que dans cette ville où ''le Roman d’un jeune homme pauvre, la Maison des Deux Barbeaux'' et ''la Parisienne'', à quelques jours d’intervalle, éclatent sur les affiches ? Vive Paris pour un dilettante ! Il peut ici, par avance, avec
Si j’étais Dieu, je n’irais pas au théâtre et je ne lirais pas de romans : la conscience de la vie universelle m’amuserait pendant la suite des siècles ; la nature me suffirait, et je me moquerais de l’art. N’étant qu’un homme, je suis bien aise d’être Parisien : où donc, ailleurs qu’à Paris, trouverais-je tant de prêteurs de lunettes pour me faire connaître ce coin-ci, et celui-là, et puis ce troisième, de cette réalité dont je ne saurais embrasser tout le spectacle ? L’un me présente des verres bleus, l’autre blancs, et le dernier noirs ; chacun les a de naissance et ne saurait voir les choses autrement que teintées de la sorte ; chacun me permet de voir avec lui et d’ajouter ses sensations à ma petite expérience. Plaisirs divers, assurément, que ces officieux me proposent : tellement divers, que, pour jouir de tous, il faut un goût spécial, et, sans doute, une éducation. Ce plaisir convient à la majorité des hommes, celui-là convient à beaucoup, et ce troisième à quelques-uns ; les mêmes causes qui me procurent l’un ou l’autre laisseraient telle personne indifférente, ou, pis encore, lui causeraient de la peine. Tout le monde n’aime pas à contempler une féerie ; tout le monde n’aime pas à regarder les passans par la fenêtre ; tout le monde n’aime pas à suivre une leçon de pathologie dans une clinique. Prenez pourtant que ces trois divertissemens, de par l’espèce et la culture de ma sensibilité, me soient permis, où les goûterai-je mieux que dans cette ville où ''le Roman d’un jeune homme pauvre, la Maison des Deux Barbeaux'' et ''la Parisienne'', à quelques jours d’intervalle, éclatent sur les affiches ? Vive Paris pour un dilettante ! Il peut ici, par avance, avec