« La Comtesse de Cagliostro/Chapitre XIII » : différence entre les versions

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Simple engourdissement, pareil à celui que peut éprouver un boxeur atteint en quelque endroit sensible. Mais lorsque Raoul en sortit, il constata, sans la moindre surprise d’ailleurs, qu’il se trouvait dans la même situation que Beaumagnan, captif comme lui et, comme lui, adossé au bas du mur.
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Le redoutable geôlier multiplia d’ailleurs les précautions qui devaient lui faciliter sa tâche. Il avait réuni les extrémités des deux cordes qui attachaient les captifs, et les avait enroulées toutes deux au dossier d’une chaise placée par lui en équilibre instable, et sur laquelle il déposa le poignard que lui avait donné Joséphine Balsamo. Que l’un des captifs bougeât et la chaise tombait.
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— Tu es moins bête que tu n’en as l’air, lui dit Raoul.
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Tout de suite, Raoul discerna une silhouette de femme, et, aussitôt, avant même de voir, il sut que cette femme n’était autre que Clarisse.
 
Quelle émotion l’envahit ! Joséphine Balsamo s’était donc trompée, en supposant que Clarisse ne pourrait réagir ! Inquiète, retenue par la crainte des dangers qui le menaçaient
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surmontant sa lassitude et sa peur, la jeune fille avait dû se poster aux environs du vieux phare et attendre la nuit.
 
Et maintenant, elle tentait l’impossible pour sauver celui qui l’avait trahie si cruellement.
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Quels étaient leurs moyens individuels d’y parvenir ? Tout dépendait de cela.
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D’une part il y avait Beaumagnan et Léonard, tous deux pourvus de complices et à la tête d’organisations puissantes. Que Beaumagnan fût attendu par ses amis, que Léonard pût rejoindre la Cagliostro, et le butin appartenait au plus rapide. Mais Raoul était plus jeune et plus vif. S’il n’avait pas commis la bêtise de laisser sa bicyclette à Lillebonne, toutes les chances étaient pour lui.
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Il enrageait. Pour rien au monde, il n’eût abandonné la lutte. Il ne s’agissait plus seulement de millions et de millions, et d’une chose qui donnerait à toute sa vie un sens magnifique ; il s’obstinait aussi par amour-propre. Ayant déchiffré l’énigme indéchiffrable, il devait arriver le premier au but. N’être pas là, ne pas prendre et laisser prendre, c’eût été, jusqu’au dernier de ses jours, une humiliation intolérable.
 
Aussi, sans tenir compte de sa fatigue, il courait à cent mètres en arrière de la voiture, encouragé par cette idée que tout le problème n’était pas résolu, que ses adversaires seraient, au même titre que lui, contraints de chercher l’emplacement de cette borne, et que, dans ces investigations, il reprendrait l’avantage.
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borne, et que, dans ces investigations, il reprendrait l’avantage.
 
D’ailleurs, la chance le favorisa. En approchant de Jumièges, il avisa un falot qui se balançait devant lui et perçut le bruit aigre d’une sonnette, et, tandis que les autres avaient passé droit, s’arrêta.
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Ses mains palpaient au fond de sa poche les deux cartouches de dynamite, et ses yeux cherchaient éperdument la pierre la plus haute dont le curé de Jumièges lui avait parlé. Était-ce celle-ci ? ou celle-là ? Quelques secondes lui suffiraient pour introduire les cartouches par les fissures que les plantes bouchaient. Trois minutes plus tard, il enfouirait les diamants et les rubis dans le sac qu’il avait détaché de son guidon. S’il en restait des miettes parmi les décombres, tant mieux pour ses ennemis !
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Il avançait cependant, pas à pas, et, à mesure qu’il avançait, le même tertre prenait une apparence qui n’était point conforme à ce qu’attendait Raoul. Nulle pierre plus haute… Nul sommet qui pût jadis permettre à celle qu’on appelait la Dame de Beauté de venir s’asseoir et de guetter au tournant du fleuve l’arrivée des barques royales. Rien de saillant. Au contraire… Que s’était-il donc produit ? Quelque crue subite du fleuve, ou quelque orage avait-il récemment modifié ce que les intempéries séculaires avaient respecté ? Ou bien…
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— C’est elle.
 
Beaumagnan ne répondit pas. Pouvait-on douter que ce fût elle ? Est-ce que l’image de cette femme ne se confondait pas avec tout ce qui était ici-bas désastre, bouleversement, cataclysme, souffrance infernale ?
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Avait-il besoin, comme le firent ses compagnons, de se jeter à terre et de fouiller dans le chaos pour y découvrir une parcelle oubliée du trésor ? Non ! non ! après le passage de la sorcière, il n’y avait plus que poussière et que cendre ! Elle était le grand fléau qui dévaste et qui tue. Elle était l’incarnation même du Satan. Elle était le néant et la mort !
 
Il se dressa, toujours théâtral et romantique en ses attitudes les plus naturelles, promena autour de lui des yeux douloureux, puis, subitement, ayant fait un signe de croix, il se frappa la poitrine d’un grand coup de poignard, de ce poignard qui appartenait à Joséphine Balsamo.
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« Les raisons de ce suicide sont absolument mystérieuses. Deux de ses amis, MM. Godefroy d’Étigues et Oscar de Bennetot, qui l’accompagnaient, racontent que cette nuit ils couchaient au château de Tancarville où ils étaient invités pour quelques jours, lorsque M. Beaumagnan les réveilla. Il était blessé et dans un état d’agitation extrême. Il exigea de ses amis qu’on attelât et qu’on se rendît aussitôt à Jumièges, et de là au Mesnil-sous-Jumièges. Pourquoi ? Pourquoi cette expédition dans une prairie isolée ? Pourquoi ce suicide ? Autant de questions auxquelles il leur est impossible de rien comprendre. »
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Le surlendemain, les journaux du Havre inséraient une série de nouvelles que cet article résume assez fidèlement :
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— La justice ? Elle essaiera de débrouiller l’affaire. Déjà, à propos du suicide de Beaumagnan, on parla de la Cagliostro. Si la justice renoue tous les fils de l’affaire, elle ira plus loin, jusqu’au bout.
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— Oui, plaisanta Raoul, jusqu’à la veuve Rousselin, jusqu’à l’assassinat du sieur Jaubert, c’est-à-dire jusqu’à vous et jusqu’au cousin Bennetot.