« La Comtesse de Cagliostro/Chapitre II » : différence entre les versions

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Cagliostro ! l’extraordinaire personnage qui intrigua si vivement l’Europe et agita si profondément la cour de France sous le règne de Louis XVI ! Le collier de la reine… le cardinal de Rohan… Marie-Antoinette… quels épisodes troublants de l’existence la plus mystérieuse.
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« Son prestige fut tel qu’elle força les portes des Tuileries et parut à la cour de Napoléon III. On parlait même de séances privées où l’impératrice Eugénie réunissait autour de la belle comtesse les plus intimes de ses fidèles. Un numéro clandestin du journal satirique, le Charivari, qui fut d’ailleurs saisi sur-le-champ, nous raconte une séance à laquelle assistait un de ses collaborateurs occasionnels. J’en détache ce passage :
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« Quelque chose de la Joconde. Une expression qui ne change pas beaucoup, mais qu’on ne peut guère définir, qui est aussi bien câline et ingénue que cruelle et perverse. Tant d’expérience dans le regard et d’amertume dans son invariable sourire, qu’on lui accorderait alors les quatre-vingts ans qu’elle s’octroie. À ces moments-là, elle sort de sa poche un petit miroir en or, y verse deux gouttes d’un flacon imperceptible, l’essuie et se contemple. Et, de nouveau, c’est la jeunesse adorable.
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Et le baron poursuivit :
 
— Ce rapport, et probablement aussi l’influence dangereuse que prenait la comtesse aux Tuileries, devait couper court à sa fortune. Un arrêté d’expulsion fut signé contre elle et contre son frère. Le frère s’en alla par l’Allemagne, elle par l’Italie. Un matin elle descendit à Modane, où l’avait conduite un jeune officier. Il s’inclina devant elle et la salua. Cet officier s’appelait le prince d’Arcole. C’est lui qui a pu se procurer les deux documents, le numéro du Charivari et le rapport secret dont l’original est entre ses mains avec ses timbres et signatures. C’est enfin lui qui, tout à l’heure, certifiait devant vous l’identité indubitable de celle qu’il a vue ce matin-là et de celle qu’il voit aujourd’hui.
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et de celle qu’il voit aujourd’hui.
 
Le prince d’Arcole se leva et gravement articula :
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Toutes ces divulgations, toutes ces péripéties d’une vie aux apparences fabuleuses, se développèrent en moins de dix minutes. Aucune argumentation. Aucune tentative de logique et d’éloquence pour imposer une thèse inconcevable. Rien que des faits. Rien que des preuves en raccourci, violentes, assenées comme des coups de poing, et d’autant plus effarantes qu’elles évoquaient, contre une toute jeune femme, des souvenirs dont quelques-uns remontaient à plus d’un siècle !
 
Raoul d’Andrésy n’en revenait pas. La scène lui semblait tenir du roman, ou plutôt de quelque mélodrame fantastique et ténébreux, et les conjurés lui semblaient également en dehors de toute réalité, eux qui écoutaient toutes ces histoires comme si elles avaient eu la valeur de faits indiscutables. Certes Raoul n’ignorait pas la médiocrité intellectuelle de ces hobereaux, derniers vestiges d’une autre époque. Mais, tout de même, comment pouvaient-ils faire abstraction des données mêmes du problème qui leur était posé par l’âge que l’onl’
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on attribuait à cette femme ? Si crédules qu’ils fussent, n’avaient-ils pas des yeux pour voir ?
 
En face d’eux, d’ailleurs, l’attitude de la Cagliostro paraissait encore plus étrange. Pourquoi ce silence, qui somme toute était une acceptation, et parfois un aveu ? Se refusait-elle à démolir une légende d’éternelle jeunesse qui lui agréait et favorisait l’exécution de ses desseins ? Ou bien, inconsciente de l’effroyable danger suspendu sur sa tête, ne considérait-elle toute cette mise en scène que comme une simple plaisanterie ?
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Les amis du baron demeuraient immobiles, la figure âpre et contractée. Derrière ceux qui le cachaient presque entièrement aux regards de Joséphine Balsamo, Raoul apercevait Beaumagnan. Ses bras accoudés au dossier de la chaise, il tenait son visage dans ses mains. Mais les yeux étincelaient entre les doigts disjoints, et s’attachaient à la face même de l’ennemie.
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Dans le grand silence, Godefroy d’Étigues énonça l’acte d’accusation, ou plutôt les trois actes de la formidable accusation. Il le fit sèchement, comme il l’avait fait jusque-là, sans détails inutiles, sans éclats de voix, plutôt comme on lit un procès-verbal.
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Godefroy d’Étigues fit une nouvelle pause. Le silence redevint accablant, si lourd que les juges semblaient immobilisés dans cette atmosphère pesante et chargée d’angoisse. Seule, la comtesse de Cagliostro gardait un air distrait, comme si aucune parole ne l’eût atteinte.
 
Toujours étendu
Toujours étendu dans son poste, Raoul d’Andrésy admirait la beauté charmante et voluptueuse de la jeune femme, et, en même temps, il éprouvait un malaise à voir tant de preuves s’amasser contre elle. L’acte d’accusation la serrait de plus en plus près. De toutes parts, les faits venaient à l’assaut, et Raoul ne doutait point qu’une attaque plus directe encore ne la menaçât.
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Toujours étendu dans son poste, Raoul d’Andrésy admirait la beauté charmante et voluptueuse de la jeune femme, et, en même temps, il éprouvait un malaise à voir tant de preuves s’amasser contre elle. L’acte d’accusation la serrait de plus en plus près. De toutes parts, les faits venaient à l’assaut, et Raoul ne doutait point qu’une attaque plus directe encore ne la menaçât.
 
— Dois-je vous parler du troisième crime ? demanda le baron.