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FRÉDÉRIKA BREMER


On peut dire qu’au romancier comme au voyageur une faculté est nécessaire avant tout : celle d’observer avec exactitude et rapidité, de saisir au vol les impressions, et de les rendre d’une manière fidèle. Le talent d’observation, qui se remarque dans les romans de Frédérika Bremer, lui a valu un rang honorable parmi les femmes auteurs du xixe siècle ; on le retrouve dans les récits de voyages qu’elle a publiés, quoiqu’ils soient beaucoup moins connus.

Elle était née au manoir de Tuorla, près d’Abo, en Finlande, le 17 août 1801. Elle avait trois ans lorsque son père acheta le petit domaine d’Arsta, à quelque distance de Stockholm, et alla s’y fixer avec sa famille. Frédérika reçut dans la maison paternelle une éducation soignée ; de bonne heure elle lut et parla très bien le français, et ses facultés littéraires se développèrent si prématurément, qu’à huit ans elle composa une ode à la lune, et à dix conçut le plan d’un poème dont le sujet n’était rien moins que la création du monde. Elle atteignait ses douze ans quand un court changement de séjour l’amena à Nynâs, une vieille maison bâtie dans un site pittoresque, qui éveilla chez Frédérika le sentiment de la nature. Son éducation se continuait ; elle apprenait l’anglais et l’allemand, et faisait d’étonnants progrès en histoire et en géographie.

En 1813, la famille était revenue à Arsta ; la jeune Frédérika commençait à prendre un profond intérêt à tous les grands événements politiques qui se passaient à cette époque, où l’Eu-