Souvenirs de la Marquise de Créquy de 1710 à 1803/Tome 7/01
CHAPITRE PREMIER.
Mme du Deffand venait de se laisser mourir, sans vouloir entendre parler de confession ni de sacremens, et la grosse Mme Denys venait de se remarier avec un homme dont elle aurait été la mère. Ce courageux personnage était un appelé M. Duvivier, lequel avait été capitaine de dragons et secrétaire de M. de Maillebois. Les philosophes encyclopédistes allaient disant partout que ce mariage était une insulte aux mânes de Voltaire, une indignité méprisable, un scandale affreux !
Mme Duvivier laissait dire, et mettait des guirlandes de fleurs avec des robes de linon. Mme Duvivier s’amusait comme une petite reine, et la première chose qu’elle avait faite était de vendre son château de Ferney, avec le cœur de son cher oncle par-dessus le marché. L’impératrice de Russie lui écrivit pour la complimenter sur ce beau mariage, et Monsieur, Comte de Provence, en rapportait de si belles particularités que je pense bien qu’il en inventait les trois quarts. Il assurait notamment que Mme Duvivier avait conçu l’ambition de faire tenir son premier enfant par la Maréchale de Noailles, laquelle avait la bonhomie d’en être furieuse ! — Me proposer de tenir sur les fonds baptismaux un horrible enfant qui va naître avec le sceau de la réprobation, et de m’engager spirituellement et sacramentellement pour un pareil ante-christ ! et quand on lui conseillait de se tranquilliser, parce que sa prétendue commère avait au moins soixante et dix ans, elle reprenait avec un air de persuasion douloureuse : — C’est une chose dont il ne m’est pas permis de douter, c’est une chose qui m’est revenue par Monsieur, et nous ne doutons pas aussi de ce que c’est une œuvre du démon.
Monsieur fut tellement ému de compassion pour ses angoisses, car il est bon de vous dire qu’elle avait fait un vœu par lequel elle se croyait engagée, quoiqu’il fût des plus téméraires et celui-ci consistait à ne jamais se refuser à tenir aucun enfant. On n’avait pas l’idée de cette sorte de dévotion-là ! Enfin, Monsieur fut lui dire de se tenir tranquille, parce que la mère de cet ante-christ avait changé d’avis, et que ce serait à moi qu’elle comptait s’adresser. — Tant mieux ! dit-elle à Monsieur, je ne serai pas fâchée de la savoir dans l’embarras… Elle est si confiante et si moqueuse !
À propos de baptême et de Monsieur, frère du Roi, je me rappelle une petite chose qui marque assez bien son caractère, il avait été désigné pour représenter le Roi d’Espagne au baptême de Madame Royale, dont cette Princesse était la filleule, et le Grand-Aumônier lui demanda quels noms il fallait donner à Madame ![1]
— Monsieur le Cardinal, lui répliqua pointilleusement le fondé de pouvoir de Sa Majesté Catholique, il me semble que la première chose à me demander doit être relative aux noms et qualifications ou profession du père et de la mère de l’enfant que vous allez ondoyer c’est la première prescription qui se trouve indiquée par le rituel.
Le Grand-Aumonier prit la liberté de lui répondre que ceci n’était et ne devait être indispensable que lorsque l’administrateur du sacrement ne connaissait ni la famille ni les parens du néophyte, et lorsqu’on allait enregistrer les noms de l’enfant pour lui constituer un état civil ; mais que ce n’était pas lui, Cardinal et Grand-Aumônier, qui devait écrire tout cela sur les registres de la chapelle, et que tout le monde savait très bien que Madame Royale était la fille légitime du Roi, frère aîné de Monsieur.
Là-dessus, voici le docte parrain qui s’adresse au Curé de Notre-Dame, lequel assistait d’office à la cérémonie, parce que son église paroissiale est celle du château. — Monsieur le Curé, lui dit-il avec un ton formaliste, vous avez fait et dû faire un plus grand nombre de baptêmes que M. le Cardinal, et je vous prie de nous dire si mon objection n’est pas fondée.
Cet ecclésiastique inclina respectueusement sa tête, en disant que la chose était de prescription générale, mais que dans la circonstance où l’on se trouvait, il ne se serait pas conduit autrement que Monseigneur le Cardinal…
— Il n’y a jamais d’autre Monseigneur que nous autres, en notre présence, épilogua son Altesse Royale, et le pauvre Curé fut bien confus d’avoir négligé cette partie de cérémonial. Comme il apparaissait visiblement de ces observations de Monsieur, qu’il ne connaissait pas moins bien le rituel de Paris que l’étiquette du Louvre chacun en conclut nécessairement que Monsieur n’ignorait de rien, et je suppose qu’il n’en fut pas fâché[2] ?
Écoutez un autre commérage qui me revient à la mémoire. Mme de Beauharnois tenait la fille ainée du Prince Louis de Gonzague sur les fonts de baptême à St-Sulpice, et le Maréchal de Brissac était son compère. Le Curé lui demande son nom de baptême (au Maréchal) et le voilà qui tressaille et se gonfle en son juste-au-corps en regardant le questionneur entre les deux yeux, portant la main sur le pommeau de sa grande épée en proférant comme un cri-de-guerre avec une voix qui fait trembler tous les vitraux : Timoléon, morbleu ! Timoléon !!!
Mme de Beauharnois lui dit après la cérémonie : — Auriez-vous l’obligeance de me dire pourquoi vous avez eu l’air de vous courroucer ?… — Ma commère ! lui répondit-il en vert-galant qu’il était, ce sont choses à ne point dire à votre Mignonerie qui les tiendrait pour ennuyantes, et elle ne put savoir de quelle mouche il avait été piqué !
Je lui dis que le Maréchal avait peut-être été surpris qu’on pût ignorer quel devait être son nom de baptême, parce que les Timoléon reviennent souvent dans la généalogie des Cossé-Brissac. — Mais, répliqua-t-elle, est-ce que c’est un point d’érudition qui soit obligatoire pour le Curé de notre paroisse ?
On n’a jamais raconté si parfaitement bien que Mme de Beauharnois ; on n’a jamais exprimé si délicatement certaines choses qui doivent rester en sous-entendu lorsque c’est une femme qui parle, et pourtant la précision n’en souffre en aucune façon. Il est impossible d’oublier une histoire qu’elle vous a contée. Je lui demandais un jour comment il se faisait qu’elle ne les redît jamais à moins qu’on ne la priât de les répéter ? – Mais ce doit être par instinct, répondit-elle.
Il y a long-temps que je voulais vous parler de Mme de Beauharnois, mais c’est qu’il y a long-temps que je ne l’avais vue, et voilà ce qui m’arrêtait, parce que je travaille en conscience pour vous[3].
La Comtesse de Beauharnois est la femme de France qui cause le plus agréablement et qui parle le mieux, avec une correction noblement naturelle, et facilement élégante c’est la personne du monde qui s’entend le mieux et qui réussit le plus sûrement à ménager tous les amours-propres, en évitant de les flatter aux dépens de sa véracité, qui est admirable ; je vous assure que ses innocentes manœuvres, en ces occasions-là sont une chose curieuse à considérer. Supposez qu’on vienne quêter auprès d’elle un compliment littéraire et que sa conscience ne lui fournisse aucune matière à félicitation, elle hésite en rougissant comme une jeune fille, elle change de physionimie, on ne la reconnait plus ; on dirait qu’elle est un peu distraite et légèrement impolie ? mais si les prétentions reviennent à la charge, elle a l’air de demander excuse de son impolitesse, et ce qu’elle se met à répondre est si judicieusement et si obligeamment tourné, si finement dit, si bienveillant et si parfaitement juste, surtout, que l’auteur de ce méchant ouvrage et ses lecteurs présens, en sont également satisfaits, quoi qu’ils soient d’un avis diamétralement opposé sur le mérite du livre en question.
— Que vous êtes donc spirituellement bonne ! lui disais-je une fois chez Mme du Boccage, à propos de Mme Le Prince-de-Beaumont ; je n’aurais jamais eu l’esprit d’imaginer tout ce que vous trouvez moyen de dire équitablement à cette ennuyeuse Madem. Bonne à l’endroit de sa Ladi Sensée, de sa Ladi Spirituelle et de son Magasin des Adolescentes. — Mon Dieu, vous m’étonnez beaucoup, répondit-elle avec une candeur ineffable, je ne cherche pas à briller, je tâche de plaire.
Il y a d’elle une foule de mots vrais et charmans. — Les femmes aiment de tout leur cœur, et les hommes de toutes leurs forces. J’entendais un jour l’Évêque anglican Thornton qui voulait disputer contre elle à propos de la supériorité du théâtre anglais sur nos tragiques. — Vous aller m’impatienter, lui dit-elle, Corneille est un dieu, Racine est une déesse, Voltaire un enchanteur et Shakespeare un sorcier ! La Marquise de Beauharnois, sa belle-mère et la plus ennuyeuse créature du monde, était horriblement janséniste, et je me souviens qu’elle ne voulait pas (la belle-fille) emprunter pour emporter chez elle un poème de Voltaire sur le tremblement de terre de Lisbonne, en disant que ce serait un sujet de controverse… — Et comment donc cela ! — C’est que ma belle-mère ne manquerait pas de me soutenir que les véritables auteurs de ce tremblement de terre sont les jésuites !
Elle a toujours eu l’inconvénient et le défaut, car c’en est un, de vivre dans la supposition d’un monde idéal et dans certaines illusions chimériques dont les méchancetés, les révolutions, les années, les infirmités et les plus tristes vérités du monde réel ne sauraient la faire sortir. Quand on s’opiniâtre à lui chercher des ridicules, et voilà ce qu’on n’oserait faire en sa présence, car il n’est personne à l’épreuve de la séduction qu’elle exerce sans y prétendre : rien n’est plus imposant que sa politesse noble et son goût parfait ; il n’y a pas de préventions ni d’hostilité qui puissent tenir devant son air intelligent et modeste, et je n’ai jamais vu personne qui pût rester insensible à la bienveillance et la grâce naïve de son esprit. Mme de Sévigné disait qu’à la cour de Louis XIV, l’esprit de Mme de Coulanges était comme une dignité ; on dirait dans la société de notre temps que la bonne grâce et l’aménité de Mme de Beauharnois seraient une puissance.
On lui avait appliqué très impudemment et fort injustement une ancienne épigramme de Pavillon sur Mlle de la Force :
« Églé, belle et poète, a deux petits travers.
« Elle fait son visage et ne fait pas ses vers.
Il est vrai que Mlle de la Force avait toujours la peau couverte de blanc de céruse, et qu’elle se faisait peindre les sourcils avec les cils des paupières et des veines bleues sur les tempes ; mais je puis vous assurer que si la Comtesse de Beauharnois faisait son visage, c’était comme nous le faisions toutes, et qu’elle ne mettait que du rouge ainsi que toutes les autres femmes de qualité. Elle a toujours été blanche comme un cygne, et je n’ai jamais rien vu de si beau que ses yeux ! Je n’ai pas besoin de vous dire qu’elle a fait des poésies fort agréables ; mais ce que je vous dirai pertinemment c’est que depuis la mort de son ami, et je puis ajouter de son protégé, M. Dorat, il n’y a jamais eu personne dans son intimité qui fût capable de les faire pour elle. Son épître au Roi de Prusse, qui lui avait écrit en vers, est un véritable chef-d’œuvre.
— Je retourne en Espagne, et je ne sais quand nous nous reverrons, lui disait la Duchesse d’Ossuna ; écrivez-moi quelque chose sur mes tablettes, et pour me laisser un souvenir de vous ; quelque chose sur l’amour…
— Pourquoi pas sur l’amitié ? — Oh non, sur l’amour ; j’ai mes raisons… Mme de Beauharnois prit une mauvaise plume (c’est un de ses inconvéniens les moins pardonnables ;) et sans fatiguer sa Muse elle écrivit sur les tablettes en question ce quatrain charmant :
« Plus beau que les roses timides,
« Plus doux que le miel printanier,
« L’amour porte des traits perfides ;
« Comme l’abeille et le rosier.
La culture des lettres, la société des savans, leurs suffrages, ce ton d’afféterie prétentieuse et particulière à la littérature française, à l’époque où Mme de Beauharnois commençait à écrire, ne purent jamais influer sur sa simplicité naturelle et sur son dégoût pour l’incorrect et le précieux. Elle a toujours évité la recherche en toute chose ; et l’on trouve encore aujourd’hui dans sa conversation toutes les grâces de la naïveté.
Les romans, les poésies, les lettres familières et la conversation de Mme de Beauharnois, ont toujours été, pour le bon esprit et le bon goût, dans une harmonieuse concordance, et l’on y reconnaît toujours cet accent de bonté qui part du cœur.
Le premier ouvrage qu’elle publia sous le titre des Amans d’autrefois est un roman plein de grâce et de sensibilité mais un peu timide, assez tiède et passablement innocent, ainsi qu’il appartenait alors aux premiers essais d’une jeune femme ; l’Abeylard supposé, que Mme de Beauharnois préfère à ses autres ouvrages est bien certainement un chef d’œuvre de goût, de délicatesse et de sentiment généreux. Je pourrais vous dire, en causant, comment il y a du vrai dans le fond de cette anecdote. Plusieurs volumes d’opuscules ont témoigné quelle était la flexibilité de son esprit et la finesse de ses observations, mais il me semble que le roman de Stéphanie porte un cachet de supériorité véritable ; le plan de ce charmant ouvrage est vaste et bien rempli ; l’intérêt s’y trouve habilement ménagé, fortement soutenu ; les situations y sont aussi variées que les caractères y sont naturels et vraisemblables ;
le style en est pur, élégant et simple ; enfin l’éclatant succès qu’ont obtenu les lettres de Stéphanie saurait manquer d’assurer à la Comtesse de Beauharnois un rang très distingué dans la littérature de son temps. Quelques instances qu’on ait pu lui faire, elle n’a jamais voulu publier qu’un volume de ses poésies, et vous verrez qu’il renferme des héroïdes et des pièces fugitives aussi remarquables pour leur agrément que pour leur correction.
Je ne vous ferais pas bien connaître Mme de Beauharnois si je négligeais de vous parler de son cœur et de son caractère. Elle a pu réunir à la plus parfaite beauté l’instruction les talens et le savoir modeste ; à la fermeté la plus constante une douceur inaltérable ; à la générosité sans bornes, une exquise délicatesse. Elle est restée le plus parfait modèle de cette ancienne urbanité française dont les traditions se perdent, et dont bientôt il ne restera plus chez nous que le souvenir. La Maréchale de Sennectère (Marie de Saint-Pierre), disait toujours : — C’est vrai, mes filles sont assez polies ; mais c’est ma nièce de Beauharnois qui est ma meilleure écolière en fait de politesse ! Toutes ses manières sont remplies d’une dignité douce, image de son âme ; elle est prévenante affectueuse, affable ; personne ne s’entend mieux qu’elle à rapprocher les distances, mais sans les confondre, et son cœur n’aime à les franchir que lorsque le mérite en fait une obligation. Je ne pense pas qu’un seul mot qui puisse affliger soit jamais sorti de sa bouche, et je puis témoigner que son cœur ne s’est jamais fatigué d’obliger. Si elle avait eu le bonheur d’épouser un homme que l’on pût aimer, la coquetterie littéraire ne serait pas venue se mettre de la partie ; les illusions n’auraient jamais altéré sa raison naturelle, et la personne la plus parfaite de la terre aurait été la Comtesse de Beauharnois, sans restriction.
Je ne l’ai jamais vue s’impatienter qu’une seule fois, et c’était dans le jardin du Luxembourg qui a toujours été l’endroit aux aventures. Il arrive une manière de joli-cœur qui s’établit derrière nos chaises et qui nous attaque de conversation. Il me paraît si merveilleusement sot, que je le pousse de bêtises, et le voilà qui nous dit qu’en sa qualité d’étudiant en médecine, il était reçu dans toutes les premières maisons de Paris. Il nous demanda si nous connaissions Mme de Quibusc et Mme de Radimaton (nous nous sommes toujours souvenues de ces deux noms-là), et comme nous ne pûmes pas lui répondre affirmativement, ceci lui donna la plus mince idée de notre usage du grand monde. — Il y a encore, nous dit-il en ricanant, une jolie Comtesse, une femme charmante pour qui j’ai fait des vers, et qui m’a répondu par d’autres vers où l’on voit combien la Comtesse a été flattée de mon hommage ; c’est la Comtesse de Beauharnois, dont vous aurez sans doute entendu parler… une femme très riche, et c’est bien la meilleure petite femme… — Vous ne connaissez pas la personne dont vous parlez, lui dit-elle sans se retourner, mais avec un accent d’émotion qui m’effraya ! Mme de Beauharnois n’est pas si riche !… et sachez qu’elle n’est pas assez bonne pour excuser de plats mensonges… — C’est précisément à côté de Madame la Comtesse de Beauharnois repris-je en l’interrompant, que vous êtes venu débiter vos confidences, ayez la bonté de passer votre chemin.
Je n’ai jamais vu colère semblable à celle de Mme de Beauharnois et c’était pourtant la chose du monde la plus facile à prévoir et la plus inévitable pour elle. C’était justement là ce que devait lui rapporter t’ihsertion de son nom dans les Almanachs des Muses et les Chansonniers des Grâces !
Avez-vous jamais entendu parler de Cauchemar ? C’est qu’il y avait alors par le monde une appréhension cruelle avec une fameuse histoire de cauchemar en circulation. Il y avait deux ou trois ans que la Duchesse de Devonshire éprouvait toujours le même cauchemar : c’était l’apparition d’un horribte singe qui sortait brusquement de sous terre, et qui venait l’arracher de son lit aussitôt qu’elle avait fermé les yeux. Avant de lâcher son bras droit, car c’était toujours par là qu’il la saisissait, et avant de l’étendre sur le dos au milieu de la chambre, il avait pris l’habitude de lui pousser avec une patte de son train de derrière, un coussin de pied sous les reins ; et quand elle était dans cette posture, il sautait sur sa poitrine, il y restait immobile et accroupi en étalant ses vilaines mains sur ses deux bajoues et lui mirant le fond des yeux jusqu’à son réveil. Voilà comme elle passait toutes ses nuits cette malheureuse Anglaise. Elle, en était tombée dans un état de langueur et de consomption pitoyable : aucun médecin ne pouvait la débarrasser de ce cauchemar, et Tronchin lui-même avait fait le voyage d’Angleterre inutilement.
— Les cauchemars persistans proviennent souvent de l’abus du magnétisme, disait Cazotte[4]. Ils peuvent aussi résulter du magnétisme mal administré ; ce ne sont pas des incrédules ou des matérialistes qui peuvent guérir cette maladie-là. Ce n’est pas ce qu’on croit… ; et comme il ne répondait jamais aux questions qu’on pouvait lui faire on n’en savait rien de plus.
On fut quelque temps sans voir Cazotte ; on apprit qu’il avait passé huit jours à Londres, et Mme de Devonshire écrivit à Paris qu’éti était guérie radicalement.
Mme de Beauharnois changeait et dépérissait à vue d’œil. — Ce n’est rien disait-elle à ses parens et ses amis qui s’en inquiétaient ; et quand on la pressait de répondre, et qu’elle avait commencé par s’en amuser, elle finissait par en pleurer d’impatience… — En vérité lui disais-je, on ne vous reconnaît plus, et je ne conçois rien à ce que vous avez.
— Si je vous le disais, me répondit-elle en souriant, j’en serais honteuse !
— Parlez-moi franchement, ma chère, ou je ne croirai plus à votre amitié. « Peut-on cacher son cœur aux cœurs qui sont à nous ? »
La maladie qu’elle éprouvait était un cauchemar aussi persistant que celui de la Duchesse de Devonshire, et ce n’était certainement pas à l’usage ou l’abus du magnétisme qu’on pouvait l’attribuer, car elle avait des magnétiseurs une crainte mortelle, une horreur invincible ; et je me servirais du mot d’exécration s’il ne faisait pas disparate avec un caractère aussi tempéré que le sien. Je vous affirme qu’elle a toujours été de la sincérité la plus candide ; ainsi n’allez pas soupçonner celle de son récit, où je tâcherai de ne rien omettre, et où vous pouvez être assuré que je n’ajouterai rien.
Aussitôt que ses femmes étaient sorties de sa chambre à coucher et que les rideaux de son lit avaient été fermés, elle éprouvait une oppression fiévreuse ; elle ne manquait pas de sonner, et personne ne venait. Elle entr’ouvrait ses rideaux pour ne pas étouffer, et voici l’étrange illusion dont elle était obsédée.
Elle apercevait d’abord un brasier des plus ardens qui remplissait l’âtre de sa cheminée. Elle entendait ouvrir les deux battans d’une porte qui communiquait de sa chambre à son second salon, et puis elle entendait tousser en fausset avec une opiniâtreté criarde.
Il arrivait premièrement dans sa chambre une femme très grande et misérablement vêtue, dont les sales jupons étaient rongés inégalement jusqu’à mi-jambes, et dont la tête était couverte d’un bavolet de grosse toile écrue, ce qui n’empêchait pas de voir qu’elle avait des cornes au front. Ces deux cornes de la femme n’étaient pas plus longues que le doigt, comme celles des génisses ; elles n’étaient pas acérées, et même il y en avait une plus courte que l’autre et qui paraissait avoir été cassée, rompue, brisée violemment. Quoi qu’il en fût, cette vilaine personne allait tout de suite attiser le feu sans avoir l’air de s’occuper d’autre chose ; il paraît que c’était son unique emploi dans le cauchemar, et c’est pourquoi la Comtesse avait tout le temps de la regarder. Il se trouvait dans la chambre et principalement autour de son lit, une légion d’horribles figures qui se transformaient silencieusement en choses informes, et qui se reproduisaient sous une autre image en changeant continuellement d’apparence et de dimension ; mais ce qui la tourmentait le plus, c’était cette malheureuse toux qu’elle entendait hors de la chambre et dont elle avait déjà si souvent et et si tristement expérimenté l’inconvénient pour elle.
Le héros de ce drame nocturne était un petit monstre d’enfant qui avait la coqueluche, qui toussait comme un diable enrhumé qu’il était, et qu’on finissait par amener dans cette chambre à pas comptés, avec des airs de grande importance et des précautions infinies. Il était conduit par un diable de médecin qui ressemblait de visage à Mme de Beauharnois, la douairière, et son escorte était composée d’une foule de démons qui lui faisaient des caresses, et des tendresses à n’en pas finir. Parmi tous ces farfadets de l’escorte, il n’y avait pas de ces figures monstrueuses comme celles qui tapissaient le fond dela chambre, mais c’étaient des physionomies si diablement bêtes, si sottement admiratrices et si platement flagorneuses que le désespoir en prenait ! Le jeune valétudinaire qu’on asseyait au coin du feu sur un coussin d’ottomane, avait la taille d’un enfant de cinq à six ans ; il avait toujours un habit de taffetas bleu de ciel : il était bouffi comme un abcès, mais très pâle ; sa tête était prodigieusement grosse, il avait des cheveux roux qui étaient relevés à racines droites, et l’on voyait sur son front deux germes de cornes qui ressemblaient à des coquilles d’escargot.
Il y avait toujours entre les familiers de ce petit monstre et son docteur (qui ressemblait à la Marquise de Beauharnois) il y avait régulièrement tous les soirs une dissertation bruyante avec des pourparlers très animés dans un langage inintelligible et qui n’étaient interrompus que par les accès de colère et les quintes de toux de ce petit coquelucheux. Il en résultait toujours une sorte de tumulte et de chaos fantastique, au milieu duquel on venait arracher la Comtesse de Beauharnois de son lit. Il y avait alors une manière de géant à barbe blanche qui la soulevait par les cheveux et qui la laissait retomber rudement jusqu’à terre en la maintenant toute droite, et ceci jusqu’à ce qu’elle eût ployé les genoux. Alors on lui relevait les jambes en arrière, ce qui lui disloquait les jointures et la faisait cruellement souffrir dans les deux articulations génuflexiles ; ensuite de quoi l’on attachait fortement ses jambes relevées avec une petite chaîne à tourniquet dont on lui faisait une ceinture. On n’omettait jamais de lui placer ses deux mains sur les hanches, en ayant soin de lui écarter les bras du corps afin de les arrondir en forme d’anses, et puis, on enfonçait brutalement et très inhumainement dans son gosier des oignons blancs, des racines de guimauve, des bâtons de réglisse, des paquets de chiendent, des quartiers de pommes et des monceaux de figues sèches. On y ajoutait du miel roux et du miel de Narbonne, qu’un lui faisait entrer dans la bouche et la gorge avec des spatules de bois, et puis c’était de grosses poignées des quatre-fleurs qui l’étouffaient plus que tout le reste, disait-elle, et son supplice n’était un peu soulage que lorsqu’on en venait à lui faire avaler une énorme quantité d’eau froide au moyen d’un entonnoir de ferblanc.
Mais voici le Diable qui battit Job ! En la prenant par ses deux anses, ainsi qu’une demoiselle de paveur, car on n’a jamais vu cafetière de sa taille, et de cette contenance, on allait la mettre au feu pour y bouillir pendant toute la nuit comme un coquemard de tisanne… — Non, disait-elle en gémissant et pleurant du souvenir de ses tortures, au travers de ses rires, — Non, jamais on n’a souffert un martyre semblable à celui que j’éprouve toutes les nuits ! Il me semble aussi que je m’entends rugir de douleur et que la grande femme se met à dire : — Allons donc, on est trop heureuse de souffrir pour ce bel ange ! Il y a quelquefois des dissertations de cet indigne médecin qui me révoltent, et c’est quand il entreprend de démontrer à tous ces démons, qui en rient aux éclats, que je ne dois pas souffrir autrement qu’une bouilloire, et que je ne suis pas plus à plaindre qu’un autre coquemard, par la raison, leur dit-il, que je porte en moi ta quantité voulue de liquide, afin de ne pas me torréfier. — Ah si je ne l’avais pas fait pourvoir du volume d’eau requis par les lois de la physique afin d’éviter la dessiccation complète, à la bonne heure ! elle aurait sujet de se plaindre ; mais vous savez que les vases remplis de liquide ne sauraient être détériorés par l’action du feu… Enfin c’est pour en éclater de fureur, fût-on devenue cruche de terre ! et c’est cet infernal pédant qui me tourmente le plus, sans compter qu’il ressemble à ma belle-mère, à s’y tromper !
– Est-il possible, lui demandai-je, est-il bien vrai, que vous puissiez faire un si bizarre et si fâcheux rêve avec une régularité si surprenante ?
– Je vous l’assure ! me dit-elle, tous ces détails incroyablement ridicules et ce long verbiage au sujet de ce que je crois éprouver, entendre et voir, est d’une exactitude parfaite, et c’est absolument le même rêve avec les mêmes souffrances pour moi toutes les nuits. Vous savez que je ne fais jamais d’histoires vous voyez combien je suis abattue d’un pareil régime, et j’en souffre si cruellement que je ne veux plus me coucher.
Cazotte avait fini par la délivrer de ce cauchemar, et tout ce qu’elle avait connu du remède employé par lui, c’est qu’il avait proféré certaines formules de prières en lui touchant les mains. Mais elle m’a dit ces jours passés que depuis la mort de Cazotte elle avait éprouvé d’autres obsessions qui n’étaient pas moins fatigantes pour elle, et c’est à la suite de cela qu’elle a pris cette habitude de dormir sur un fauteuil, habitude où l’on veut absolument trouver une sorte de manie, mais dont je ne saurais certainement la désapprouver !
Je l’ai trouvée bien établie dans un grand appartement de l’hôtel de Lorges, rue de Sèvres, et nous nous sommes revues avec un attendrissement bien partagé. Elle en a éprouvé tant d’émotion qu’elle en est restée saisie, ses mains dans les miennes, et sans pouvoir me parler, en me regardant avec les larmes aux yeux pendant sept à huit minutes. Elle ne m’a paru ni très changée ni beaucoup vieillie. Elle a consacré sa coiffure et ses habits à la mode de 89. Elle se tient dans un boudoir tout en glaces au bout d’un salon doré, lequel est tendu de cramoisi frangé d’or, absolument comme avant la révolution. — Vous êtes restée bien magnifique ! — Je vis de mes provisions : est-ce que j’aurais la contrariété d’apprendre que vous eussiez acheté des meubles en bois d’acajou ? — Ne craignez donc pas, et ne me connaissez-vous point ? l’acajou me paraît si froid et si sombre qu’il m’attriste à voir, et je crois qu’il m’enrhume ? Enfin des niaiseries, des vieilleries, de bonnes petites causeries de l’ancien temps, comme des pensionnaires qui se retrouvent ; et puis, comme vous pensez bien, de lamentables paroles et des souvenirs déchirans sur la destinée de nos princes, et la perte de nos amis !
Elle m’a dit que la Vsse de Beauharnois était devenue l’intime amie de Mme Tallien, et qu’elle avait épousé le général Buonaparté, ce qui lui faisait bien de la peine à cause des enfans du Vicomte, son neveu. Au reste, on n’a jamais à risquer de rencontrer celle-ci chez la Comtesse, attendu qu’elles ne sont pas en relation plus intime et plus suivie qu’avant la révolution. Elle avait à dîner ce jour-là Madame et Mesdemoiselles de Rohan la Duchesse de Villeroy, ma bonne et sainte amie la Csse d’Hautefort, et je ne sais combien d’Altesses étrangères. Les hommes que je vis arriver chez elle avant mon départ étaient le Prince Ferdinand, le Prince Camille, MM. de Roquelaure, de Boufflers, Delille, de Pougens, de Laval, de Cossé-Brissac, et le surplus des convives était composé de plusieurs jeunes gens qui me parurent avoir de la politesse et de la distinction dans l’esprit.
— Et le Chevalier de Cubières-Palmezeaux ? lui dis-je à l’oreille on m’a dit qu’il était insupportablement ennuyeux, et que vous devriez avoir ta complaisance de fermer votre porte à ce poète crotté.
— Vous pouvez ajouter indécrottable, me répondit-elle à voix basse, mais écoutez ce que je dois vous en dire : Il m’a sauvé la vie en 93, il a vendu son dernier contrat de rente pour acheter et payer ma mise en liberté ; il n’a jamais voulu souffrir que je le rembourse, et comme il est resté sans aucune ressource, je lui donne une chambre ; il mange ici quand il en a la volonté, et quand il est en fantaisie d’aller dîner ailleurs que chez moi, je ne m’en plains pas mais je ne l’en chasserai jamais, comme vous pouvez croire ? Voilà toute mon histoire avec M. Dorat-Cubières, à moins d’ajouter charitablement pour nous deux, qu’il a soixante et dix ans révolus, et que j’en aurai soixante-six au mois de février prochain.
Le Marquis de Cubières, Écuyer du Roi, est un honnête homme d’esprit, ainsi qu’il appert des Actes des Apôtres où il a fait beaucoup d’articles. Son frère, le Chevalier de Cubières, Écuyer de Mme la Comtesse d’Artois, a toujours eu la manie de rimer en dépit de Minerve, et je me souviens de ce qu’en l’année 1790, il avait eu la bonté de me dédier et de m’envoyer une Héroïde qu’il avait composée pour moi, et que j’ai toujours fait semblant de n’avoir jamais reçue ; je me rappelle aussi qu’il voulait intenter un procès à mon suisse, à raison de ce qu’il aurait perdu ce beau paquet qu’il m’avait adressé de Versailles, et franc de port, ajoutait-il, sous le cachet de Mme la Comtesse d’Artois ! voilà qui méritait les galères, à son avis mais la rigueur et l’exigence de son humeur aristocratique ne t’ont pas empêché d’entrer en 92 au conseil de la Commune, où, du reste, il a servi beaucoup d’honnêtes gens du mieux qu’il a pu. C’est un pauvre homme absolument dénué de courage, et que la peur de la guillotine avait terrifié. Pour imiter tout doucement les Brutus et les Scévola des sections de Paris, il avait cru faire merveille en accolant à son nom celui de feu M. Dorat ; voyez la belle recommandation auprès des Montagnards ?
— Mais, Monsieur, lui disait bonnement Mme de Beauharnois, comment se fait-il que vous puissiez composer, prendre la peine d’écrire et faire imprimer, corriger en épreuve et avoir le courage de publier des vers pareils à ceux-ci.
« Il n’est pas d’homme riche et même d’indigent,
« Qui n’ait lu la Henriade et qui n’en soit bien aise !
« Sans la philosophie, on n’est qu’un animal.
« On croit faire du bien, on ne fait que du mal ! »
Voilà je vous assure, une marque d’aveuglement, et permettez-moi de vous dire, une témérité que je ne conçois pas ! C’est de la poésie comme on en fait dans la famille Necker, et je vous demande excuse pour la comparaison.
Le Chevalier de Cubières n’a, je crois, jamais dit qu’une jolie chose en toute sa vie, et, c’était à souper chez Mme de Staël (en tête-à-tête et pendant sa jeunesse). Elle n’avait à lui donner que des cotelettes et des rognons de mouton, un gigot de mouton qui n’était pas des plus tendres, et finalement des œufs brouillés dans le jus du mouton roti. Pour te dessert, il se mit à lui chanter :
« Églé me croit berger. »
Mon Dieu, mon enfant, en m’asseyant ce matin devant mon pupitre, je me demandais ce que j’allais trouver à vous dire en attendant l’assemblée des Notables ? il me semblait que je vous avais conté bien des choses, mais vous voyez que si je laissais courir ma plume elle ne manquerait pas de matière, et je crois véritablement que j’en mourrais à la peine avant d’arriver jusqu’à la révolution ?
- ↑ Marie-Thérèse de France, Fille de France et Duchesse
d’Angoulême. On est tenté de s’écrier charitablement pour elle :
Hélas ! plût à Dieu qu’elle fût morte ce jour-là ! Elle aurait
précédé son bienheureux père au ciel, au lieu d’y monter la
dernière de sa famille, après tant de souffrances et d’afflictions
après tant d’années d’angoisses et de cruel martyre ! Mais les
desseins de la Providence ne sont pas les nôtres ; elle a voulu
donner à la terre un éternel exemple de vertus sublimes et
d’édification. Pieuse et courageuse fille de Robert-le-Fort et
de Robert-le-Pieux ! Ô véritable fille de France et digne enfant
de Saint Louis ! s’il existe chez nous, s’il peut exister au monde
un seul être humain dont le cœur ne soit pas torturé, dont les
yeux ne soient pas noyés de larmes en songeant à vous ?… Ce
n’est pas moi !(Note de l’Auteur.)
- ↑ Quand nos princes et nos prélats vont être revenus de
leur émigration, souvenez-vous qu’il ne faut jamais donner le
Monseigneur à ces derniers quand on se trouve en présence d’un
prince du sang royal de France, pour qui cette justification
doit être réservée par exclusion de toute autre personne fût-elle
d’une autre famille souveraine. Comme les personnes
royales étrangères n’en sont pas satisfaites, c’est à raison de
cette coutume que l’usage de voyager incognito s’est établi vers le
milieu du règne de Louis XV ; car il ne date pas de plus loin.
Quand on se trouve en pareil cas vis-à-vis d’un Cardinal ou
d’un vieux Archevêque ou d’un saint Évêque, on évite seulement
de l’appeler Monsieur ; on tourne autour de l’écueil en
louvoyant, et c’est ainsi qu’on lui marque sa révérence.
Mes oncles disaient toujours que cette coutume était bonne à garder, ne fût-ce que pour attester et manifester à messieurs les prélats que lorsqu’ils se trouvent monseigneurisés par nous, c’est un pur effet de petitesse dévotieuse et de courtoisie volontaire.
Mme de Lhospital avait remarqué que lorsqu’un Évêque français n’est pas né Gentilhomme cette partie du formulaire est supportée fort impatiemment par la noblesse, et toujours est-il que nulle personne de la cour n’aurait voulu donner le titre de Monseigneur à M. Boyer, l’Évêque de Mirepoix quoiqu’on eût perpétuellement affaire à lui parce qu’il était chargé de la feuille des bénéfices. Le Maréchal de Richelieu n’a jamais dit que Monsieur à tous les Évêques et les Archevêques du royaume, et personne ne s’en étonnait. Rappelez-vous donc qu’à la réserve de nos Princes la noblesse française ne doit le Monseigneur qu’à M. le Chancelier, et peut-être aux Maréchaux de France, en qualité de juges du Point-d’Honneur ? Mais je divague à ce qu’il me semble et la concision de tout ceci consiste à ne jamais dire Monseigneur à un Évêque devant un Prince du sang.(Note de l’Auteur, 1797.) - ↑ Marie-Françoise Mouschard de Chaban de Menneval,
née à Paris en 1741, mariée en 1757 au Comte de Beauharnais
et des Roches-Baritant, Lieutenant-Général des armées navals, etc. Depuis
la suppression des titres féodaux et nobiliaires,
plusieurs ouvrages de cette Dame ont été publiés sous le nom
de Mme Fanny de Beauharnais. Elle est morte à Paris le 2 juillet 1813.
On voit dans un article nécrologique, publié dans
les journaux du temps, que la Comtesse de Beauharnais avait
été frappée comme d’un coup de foudre en apprenant inopinément
la mort de la Duchesse de Brissac qui était son intime
amie depuis un demi-siècle, et cet article appliqué à Mme
Beauharnais ce mot de Thalès à la veuve d’Hyrax : « Vous étiez
digne de mourir de douleur. »(Note de l’Éditeur.)
- ↑ Jacques Gazette, auteur du poème d’Olivier, du Diable
Amoureux : et autres charmans ouvrages, né à Paris en 1720.
Après avoir été sauvé miraculeusement du massacre des prisons,
il fut condamné par le tribunal révolutionnaire, et
monta courageusement sur l’échafaud de barrière du Trône
en 1793.
(Note de l’Auteur.)