Sous le masqueBibliothèque Internationale d'Édition, Edward Sansot (p. 151-152).
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Vertige


Un train qui va partir dans une gare triste,…
Sous la voilette épaisse un visage charmant
Et les yeux, les chers yeux de mer et d’améthyste,
Dont l’éclat m’avait poursuivie si longuement.


Ô cieux changeants du soir, où s’en vont les fumées,
Paysage aperçu derrière les carreaux,
Vous êtes moins fuyants, moins lointains et moins beaux
Que les yeux, les yeux aux prunelles bien-aimées.

Où nous emportera ce train, vers quels hôtels,
Vers quels lacs où les fleurs tombent en féerie,
Quels parterres où sont des terrasses fleuries,
Quels soirs pleins de douceur éclairés par quel ciel ?

Ah ! les lieux, où je vais désormais, que m’importe ?
Le manteau de la nuit peut tendre ses plis lourds
Et voiler à jamais la fenêtre ou la porte,
Qu’importe la maison où se blottit l’amour !

Le train peut bien rouler jusqu’au bout de la terre,
Je ne veux ni dormir, ni même m’arrêter,
Puisque tes yeux profonds me versent leur mystère,
Je pourrais voyager pendant l’éternité.