Sous le masqueBibliothèque Internationale d'Édition, Edward Sansot (p. 63-64).


Le Lys


Pour ma fille.


Je vois, dans le jardin, sur le bord des étangs
Un grand lys, au milieu des roses tourmentées ;
Il a le même éclat, dans le même printemps,
Que les fleurs, comme lui, par le vent, agitées.


Mais il se courbe avec plus de noblesse qu’elles,
Comme s’il supportait un poids de souvenirs,
C’est une fleur plus pure, une fleur plus fidèle,
Ayant tant de fierté, qu’on n’ose la cueillir.

Avec tes cheveux blonds et ton regard tranquille,
Ton buste long et droit, la blancheur de tes mains,
Tu ressembles, ma fille, à ce lys immobile
Qui médite au milieu des roses du jardin.

Et moi, qui suis la fleur, que tous les vents tourmentent
Après l’orage, j’aime à m’appuyer sur toi,
Sur ton calice blanc et ta tige charmante,
Ma fille aux blonds cheveux, ô beau lis pur et froid.