Sandoz & Fischbacher (p. xi).


xi

Double Aurore

à mademoiselle louise f.

Ne te souvient-il pas du coteau de Barbière
Où pour voir le soleil j’ai si longtemps marché ?
— Le sol glissait à peine, une faible lumière
Éclairait les débris dont il était jonché.

Au sommet, je m’assis sur un vieux bloc de pierre,
Le rossignol chantait dans les rameaux caché ;
Tu l’écoutais, pensive, & ta chaste paupière
De pleurs silencieux baignait ton bras penché.

Bientôt la nuit fit place à l’aube matinale,
Le ciel eut des reflets d’émeraude & d’opale
Et des flots de clarté brillèrent dans tes yeux.

Tu contemplas alors l’immense paysage ;
Le soleil resplendit sur le bord d’un nuage
Et notre amour monta comme lui dans les cieux !