Sonnets Gaillards et Priapiques/Je ne connus jamais femme de telle courage,

Sonnets gaillards et priapiquesBibliothèque internationale d’édition (p. 43).


Je ne connus jamais femme de tel courage,
Ni d’un si haut esprit, qui veut tout embrasser,
Un seul de tant d’amans on ne luy voit chasser,
A tous également sa franchise elle engage.

Par des regars trompeurs, et par un doux visage,
Elle peut, à son gré les esprits enlasser,
Et ne se lasse point d’attraire et pourchasser
Un Prince maintenant, et maintenant un Page.

Pour savoir bien danser le muguet est aymé ;
L’autre chante assez bien ; et l’autre est estimé
Pour ce qu’il fait des vers ; l’autre est de bonne mise.

Et bien soit, de par Dieu, je ne l’en veux blâmer ;
Mais il me fâche fort de luy voir tant aymer
Ce sot qui ne fait rien que fraiser sa chemise.