Sonnet sur la maladie de sa maîtresse (« Un tel excez d’ennuis accable mon courage »)


Sur la maladie de sa maîtresse
Un tel excez d’ennuis accable mon courage…


SUR LA MALADIE DE SA MAÎTRESSE.
Sonnet.

Un tel excez d’ennuis accable mon courage
Qu’il n’est point de raison pour mon soulagement
Quand je vois qu’Amaranthe endure incessamment
Tout ce que la douleur a de pointe et de rage.

Ses roses et ses lys, où mes vœux font hommage,
Paroissent dans son teint affligé de tourment,
Comme on voit en hyver reluire tristement
Les feux du point du jour au travers d’un nuage.

Dieux ! qu’avoit-elle fait pour souffrir la rigueur
De ce mal violent dont l’extrême longueur
Ravit à mes desirs tout espoir d’allegeance ?

Ô Juge souverain qui presidez sur nous !
Si de sa cruauté j’ay demandé vangeance,
—————Pourquoy m’exauciez-vous ?