Sonnet (« Que tout cede au pouvoir de celle que j’adore ! »)


Sonnet
Que tout cede au pouvoir de celle que j’adore !


SONNET.

Que tout cede au pouvoir de celle que j’adore !
Du seul feu de ses yeux le monde est animé ;
Il fait naistre les fleurs dont l’air est parfumé
Et meurit les moissons dont la terre se dore.

Dans ces tourmens passez dont je me plains encore,
Jamais de tant d’ardeurs je ne fus consumé,
Et toutes ces beautez de qui j’estois charmé
À ce nouveau soleil ne servoient que d’aurore.

Vous qui fustes jadis mon aimable soucy,
Ne vous offensez point lors que je vante ainsi
Celle qui sur mon cœur a le pouvoir supresme.

C’est une impieté de me croire menteur.
Sçachez que par ma voix Amour le dit luy-mesme,
Et qu’un dieu ne peut estre ignorant ny menteur.