Sonnet du duc de Nevers, envoyé au duc de Vendôme

Sonnet du duc de Nevers, envoyé au duc de Vendôme
Œuvres de ChaulieuPissotTome 1 (p. 58-59).


SONNET DU MÊME


Envoyé à Monsieur le Duc de Vendôme
dans la même Lettre.


Que Césarion soit le bien ressuscité,
Sans manne, ni séné, ni pomme d’Ellébore !
S’il a d’un Pelisson l’épiderme croûté,
En quelqu’état qu’il soit, il nous charme, on l’adore.

Pour[1] lui rendre bientôt des signes de santé,

Je sacrifie un Coq au Talbot d’Épidaure[2],
Et pour avoir de lui quelque postérité,
Le grand Dieu de Lampsaque[3] en sa faveur implore.

Mais quand le verrons-nous de retour en ce lieu
Le bon Chaulieu-Vendôme & Vendôme-Chaulieu ?
Paris sera charmé, la Cour sera ravie.

Moi, je verrai combler mes plus ardens desirs :
C’est un autre moi-même ; il fait goûter la vie,
En paresseux sensé qui pond sur[4] les plaisirs.

  1. S. Marc a suivi la leçon de l’original dans lequel ces quatre Vers étoient ainsi :
    Pour remettre en ses nerfs des signes de santé,
    Je sacrifie un Coq au Talbot d’Épidaure ;
    Et du Maurier, Héros de la lubricié,
    Le grand Dieu de Lampsaque en sa faveur implore.
    Notre Poëte nous a laissé ignorer pourquoi il s’est permis ces différens chagemens dans des Pieces qui ne sont pas de lui. Ce du Maurier, ainsi que l’a imprimé S. Marc, est sans contredit le même que le Baron de l’Arsée qu’il écrit Moriez dans sa Note sur la Piece précédente. Nos manuscrits écrivoient du Morier.
  2. Ville du Péloponnese, fameuse par son Temple d’Ésculape.
  3. Ville de l’Asie mineur, sur la Propontide, où Priape étoit honoré d’une maniere particuliere.
  4. Qui pond sur ses plaisirs.