Scènes de la vie du clergé/Tribulations du révérend A. Barton/2

CHAPITRE II

Heureusement que le Rév. Amos Barton n’avait pas entendu comme nous la conversation rapportée dans le chapitre précédent. Quel mortel, en vérité, pourrait s’enorgueillir s’il avait l’occasion de comparer sa conduite avec l’effet qu’elle produit sur l’esprit des autres ? Nous sommes de pauvres machines gonflées par notre satisfaction personnelle ; malheur à nous si nous rencontrons quelque pression nous faisant perdre cette bonne opinion de nous-mêmes — ce gaz qui nous soutient. Notre aptitude au bien pourrait même alors nous abandonner. Dites soudain à l’orateur le plus passionné que sa perruque est de côté, que son rabat est détaché et qu’il divertit ses auditeurs par la singularité de sa mise, au lieu de les émouvoir par l’énergie de ses périodes, et vous tarirez la source de son éloquence. On a dit un mot profond et d’une grande portée en affirmant que nul miracle ne peut se produire sans la foi nécessaire pour l’accomplir et sans la foi en celui qui en est l’auteur. C’est la confiance que nous savons inspirer qui nous donne le plus de force.

Si je suis persuadé que mon voisin Jenkins me considère comme un imbécile, je ne brillerai jamais en causant avec lui. Si je découvre que la charmante Phébé trouve mon strabisme insupportable, je ne serai jamais capable de la regarder franchement, même avec mon bon œil.

Le ciel soit loué de l’illusion qui nous rend capables d’être agréables ou utiles ; qu’il soit loué aussi de ce que nous ne savons pas exactement ce que nos amis pensent de nous, de ce que le monde n’est pas composé de miroirs pour nous montrer au juste la figure que nous faisons, et surtout ce qui se passe derrière nous ! La bienveillante illusion nous permet de rêver que nous sommes charmants, et nos visages ont alors un air d’assurance qui leur sied ; nous nous imaginons que les autres admirent nos talents, et notre bienveillance est à l’aise ; que nous faisons beaucoup de bien, et cela nous aide à en faire un peu.

Il en était justement ainsi d’Amos Barton, ce jeudi soir où il servait de sujet de conversation à la ferme de la Croix. Il avait dîné chez M. Farquhar, le notable qui tenait la seconde place dans la société de Shepperton ; et, stimulé par le porto, auquel il n’était pas habitué, il avait émis son opinion sur les affaires de la paroisse et sur d’autres avec une grande animation. Et maintenant il retournait chez lui, au clair de lune, un peu grelottant, c’est vrai, car il n’avait point de grand manteau en harmonie avec sa dignité ecclésiastique, et ses jambes n’étaient guère protégées contre le froid par la cape imperméable qu’il portait sur les épaules et par le boa de fourrure qui enveloppait son cou. Il n’avait aucune idée de l’évaluation que faisait M. Hackit de ses facultés oratoires, pas plus que des remarques que firent à son sujet les miss Farquhar, aussitôt que les portes du salon se furent fermées sur lui. Miss Julia affirmait n’avoir jamais entendu quelqu’un respirer d’une manière aussi bruyante que M. Barton, et miss Arabella s’étonnait de ce qu’il disait toujours qu’il allait pour faire ceci ou cela. Lui, cependant, l’excellent homme ! il méditait sa tâche pastorale du lendemain ; il constituait sa bibliothèque circulante, où il avait introduit quelques livres capables, à ce qu’il pensait, de porter un rude coup aux dissidents, un entre autres, écrit par un ouvrier qui, par zèle pour ceux de sa classe, prenait la peine de les mettre en garde contre ces hypocrites, les prédicateurs dissidents. Le Rév. Amos Barton croyait sincèrement à l’existence de cet ouvrier et avait quelque velléité de lui écrire. La dissidence, pensait-il, aurait la tête écrasée à Shepperton, car ne l’attaquait-il pas de deux manières ? Il prêchait les dogmes de la Basse Église, dogmes aussi évangéliques qu’on pouvait le désirer dans la chapelle indépendante ; et il soutenait les pouvoirs et les fonctions hiérarchiques de la Haute Église. Évidemment les dissidents trouveraient que le pasteur Barton était trop fort pour eux, rien n’égalant la force d’un homme réunissant la sagacité à l’énergie. Pour lui, il trouvait que sa finesse égalait celle du serpent.

Regardez-le traverser le petit cimetière. La lumière argentée qui éclaire obliquement l’église et les tombes nous permet de voir, pendant qu’il passe entre les pierres sépulcrales, sa longue silhouette noire, rendue encore plus mince par l’étroitesse de son pantalon. Il marche d’un pas rapide et frappe vivement à la porte de la cure. Elle est aussitôt ouverte par la bonne d’enfant, cuisinière et femme de chambre réunies dans la personne de Nanny, la robuste fille à tout faire. Tandis que M. Barton pend son chapeau au crochet du corridor, vous voyez un visage qui n’a rien de particulier ; même la petite vérole qui l’a marqué semble avoir été d’une espèce bénigne. Ses traits sans accentuation et ses yeux sans expression définie sont surmontés d’un crâne dont la calvitie s’étend jusqu’au sommet de la tête. À l’apparence, vous lui accordez environ quarante ans. La maison est tranquille, car il est dix heures et demie, et les enfants sont couchés depuis longtemps. Il ouvre la porte du salon : mais, au lieu de voir, comme il s’y attendait, sa femme cousant à la clarté d’une bougie, il la trouve sans lumière. Elle se promène de long en large, à la lueur rouge du feu, tenant dans ses bras le petit Walter, bébé d’une année, qui regarde par-dessus son épaule avec des yeux tout grands ouverts, tandis que sa patiente mère lui caresse le dos de sa douce main, et jette en soupirant des regards sur un paquet de bas, grands et petits, posés sur la table, prêts à être raccommodés.

C’était une charmante femme que Mme Barton ; elle avait la fraîcheur et la grâce d’une madone, de grands yeux au doux regard, d’épaisses boucles brunes encadrant ses joues arrondies. L’élégance de sa taille haute et svelte faisait valoir le plus simple vêtement, et, dans sa robe de soie noire, rien n’égalait la distinction de sa personne. Ses bonnets auraient paru lourds et affreux sur une autre tête, car à cette époque les bonnets à la mode étaient grands et largement étalés ; mais les siens, en mêlant leur garniture de dentelle et leurs modestes rubans avec ses boucles brunes, semblaient des prodiges de bon goût.

Avec les étrangers elle était timide comme une jeune fille de quinze ans ; elle devenait pourpre si quelqu’un en appelait à son opinion ; cependant elle était si imposante dans sa douceur, que les hommes ne lui parlaient qu’avec une déférence respectueuse.

Puissance inexprimable de la distinction féminine, charme inné qui l’emporte sur tout ce qui s’acquiert : elle n’avait nul besoin, pour plaire, des ressources de la musique ou de la peinture. On eût regretté de la voir descendre de la sereine dignité d’être à l’agitation continuelle de faire.

Heureux l’homme, eussiez-vous dit, dont les yeux peuvent s’arrêter sur elle pendant le repos d’une lecture faite au coin du feu, dont la douleur de tête fiévreuse peut être calmée par le contact de cette douce main fraîche ; heureux enfin celui que la clarté aimante de ces yeux sans reproche réconfortera aux heures d’abattement et de découragement.

Peut-être n’eussiez-vous point prévu que ce bonheur pût être le partage d’un homme tel qu’Amos Barton, qui ne vous semble pas doué suffisamment pour apprécier les qualités aimables de Mme Barton. Mais, pour moi, je ne regrette point qu’il possède cette charmante femme. Toute ma vie j’ai eu de la sympathie pour certains chiens métis et disgracieux qui ne sont les favoris de personne, et je serais plus disposé à leur accorder une caresse ou un bon morceau qu’à répondre aux avances que daignerait me faire le plus joli terrier de Skye couché sur un coussin près du fauteuil de milady. Ce n’est certainement pas ce qui se passe dans le monde. S’il s’y présente un personnage de belle tournure, de grand maintien, qui ne commette pas de bévues et sache captiver l’opinion, on désigne aussitôt la plus aimable des jeunes demoiselles, et l’on dit : « Voilà qui ferait une union bien assortie ! » Pour moi, ce n’est pas mon opinion ; il me semble que ce monsieur à succès, si bien bâti, si discret et si capable, devrait s’allier à quelque personne un peu inférieure, tandis que la douce et charmante femme irait servir de soleil et de soutien au pauvre diable dont la tournure est moins irréprochable, dont les actes sont souvent des bévues, et qui, en général, reçoit plus d’affronts que de compliments. Elle, la douce femme, l’en aimera tout autant ; car cette sublime puissance d’aimer aura, pour s’exercer, un champ plus vaste ; et je me hasarde même à dire que le caractère de Mme Barton ne serait pas devenu aussi angélique si elle avait épousé l’homme que vous aviez en vue pour elle, un homme possédant un revenu suffisant et beaucoup d’éclat personnel. De plus, Amos était un mari affectionné, et il estimait à sa manière sa femme comme son trésor le plus précieux.

Maintenant il a fermé la porte en disant : « Eh bien, Milly ? » Et il a reçu pour réponse un « Bonsoir, chéri ! » rendu éloquent par le sourire qui l’accompagnait. « Eh bien, ce petit coquin ne veut pas s’endormir ? Ne pourriez-vous le donner à Nanny ?

— Nanny a été occupée toute la soirée à repasser ; mais je vais le lui donner à présent. »

Et Mme Barton descend à la cuisine, tandis que son mari va mettre sa robe de chambre. Lorsque sa femme rentre au salon, il bourre tranquillement sa longue pipe. Décidément, la couleur maïs ne convient pas à son teint ; pourquoi donc M. Barton l’a-t-il choisie pour son costume de maison ? Peut-être parce qu’il a le talent de tomber à faux dans le choix de ses vêtements comme pour le reste.

Mme Barton allume alors la bougie et s’assied devant sa montagne de bas à raccommoder. Elle a quelque chose de pénible à dire à son mari ; mais elle voudrait n’en pas parler trop tôt.

« Avez-vous eu une assez agréable soirée, cher ami ?

— Oui, assez agréable. Ely était aussi du dîner ; il est parti de bonne heure. Miss Arabella a l’air de le menacer d’une vengeance. Mais je ne crois pas qu’il soit bien amoureux. J’ai dans l’idée qu’Ely est engagé ailleurs, et qu’il surprendra toutes les dames qui languissent ici pour lui, en y amenant une épouse un de ces jours. Ely est un rusé compère ; cela lui plairait.

— Les Farquhar ont-ils dit quelque chose au sujet du chant de dimanche dernier ?

— Oui. Farquhar prétend qu’il serait nécessaire de faire quelque changement dans le chœur. Croiriez-vous qu’il a été presque scandalisé que j’eusse indiqué l’air de Lydia ? Il dit qu’il l’entend toujours quand il passe devant la réunion indépendante. » Ici M. Barton se prit à rire, il avait une manière de rire des critiques qui paraissait généralement offensante, et il montrait ainsi les restes d’une rangée de dents qui, semblables aux débris de la vieille garde, pour être peu nombreuses n’en étaient que plus fatiguées.

« Mais, continua-t-il, Mme Farquhar a surtout parlé de M. Bridmain et de la comtesse. Elle a accueilli tous les commérages à leur sujet, et voulait me convertir à son opinion ; mais je lui ai dit très nettement ce que j’en pensais.

— Bonté du ciel ! pourquoi les gens se donnent-ils tant de peine pour trouver le mal chez les autres ? J’ai reçu un billet de la comtesse, depuis que vous êtes sorti ; elle nous invite à dîner pour vendredi. »

Ici Mme Barton prend le billet sur la cheminée et le donne à son mari. Nous regarderons par-dessus son épaule pendant qu’il le lit :

« Très douce Milly, amenez-nous votre charmant visage ainsi que votre mari, pour dîner avec nous vendredi à sept heures, faites cela. Sinon, je vous bouderai jusqu’à dimanche ; je serai bien alors obligée de vous voir, et, malgré cela, je résisterai au désir de vous embrasser suivant votre réponse. Votre

« Caroline Czerlaska. »

« Cela lui ressemble tout à fait, n’est-ce pas ? dit Mme Barton. Je pense que nous pourrons y aller ?

— Oui ; je n’ai point d’engagement. La réunion ecclésiastique a lieu demain, vous savez.

— Ah ! cher ami, Woods le boucher est venu me dire qu’il a besoin d’argent pour la semaine prochaine. Il a un payement à faire. »

Cette nouvelle rendit M. Barton tout pensif. Il renvoya au plafond des bouffées plus rapides et resta les yeux fixés sur le feu.

« Je crois qu’il faut que je prie Hackit de me prêter vingt livres, car il y a encore près de deux mois d’ici à Notre-Dame, et nous ne pouvons donner à Woods notre dernier shilling.

— Je n’aimerais guère que vous vous adressiez à M. Hackit, cher ami ; lui et Mme Hackit ont été si bons pour nous : ils nous ont envoyé tant de choses dernièrement.

— Alors je m’adresserai à Oldinport. Je lui écrirai demain matin pour lui communiquer l’arrangement auquel j’ai pensé, de célébrer le service à la maison de travail pendant les travaux d’agrandissement de l’église. S’il consent à y assister une ou deux fois, les autres paroissiens y viendront. Prenez le gros poisson, vous êtes sûr de prendre le fretin.

— Je voudrais bien que nous pussions nous passer d’emprunter, et cependant je ne vois pas comment nous pourrions faire. Le pauvre Fred a besoin de chaussure ; je n’ai pu le laisser aller hier chez Mme Bond, parce que ses orteils sortaient de ses souliers, le cher enfant, et je ne puis le laisser aller nulle autre part qu’au jardin. Il lui faut de la chaussure avant dimanche. Vraiment, les bottes et les souliers sont le plus grand tourment de ma vie. Toute autre pièce de vêtement peut être tournée et retournée ; on finit par donner un air neuf à ce qui est vieux ; mais il n’y a pas moyen de faire paraître la chaussure meilleure. »

Mme Barton ne rendait pas justice à son talent pour métamorphoser la chaussure, car elle avait en ce moment même aux pieds une paire de pantoufles naguère en prunelle, qu’elle avait très proprement recouvertes de soie noire. Quels doigts habiles et étonnants que ceux de Mme Barton ! Ils n’étaient jamais oisifs ; si elle allait passer quelques heures chez des amis, on la voyait tirer de sa poche son dé, son aiguille et un morceau de calicot ou de mousseline, qui, avant son départ, devenait quelque mystérieux petit vêtement, avec toutes sortes de coutures en dedans et en dehors. Elle essayait même de persuader son mari de renoncer aux pantalons étroits, parce qu’il voulait porter les larges canons ordinaires : elle pourrait les faire assez bien pour que personne ne soupçonnât le sexe du tailleur.

Lorsque M. Barton eut fini sa pipe, la bougie avait bien diminué. Mme Barton alla voir si Nanny avait réussi à endormir Walter en le berçant. Nanny a posé l’enfant dans sa couchette, à côté du lit de sa mère ; la tête ornée de boucles brunes s’enfonce dans l’oreiller, et un petit poing potelé cache les lèvres roses, car bébé commet souvent le péché enfantin de sucer son pouce.

Nanny peut maintenant se joindre à la courte prière du soir, puis tous vont prendre du repos.

Mme Barton avait porté avec elle le reste des bas, qu’elle posa sur une table à côté de son lit. Son corps était fatigué, mais, en dépit des chaussures et de M. Woods, le boucher, son cœur ne sentait aucun poids ; il était inondé d’amour, et elle se savait si sûrement sous la garde d’une Providence qui prendrait soin de son mari et de ses enfants mieux qu’elle ne pouvait le prévoir, qu’elle s’endormit bientôt. Mais à cinq heures et demie du matin, si quelque ange veillait près de son lit, — et un ange pouvait être heureux de cette charge, — il put voir Mme Barton se soulever doucement, en prenant garde de ne pas réveiller Amos, qui dormait du sommeil du juste, allumer la bougie, s’asseoir sur son lit, jeter un châle sur ses épaules et se mettre vaillamment à ses raccommodages. Elle travailla jusqu’au moment où elle entendit Nanny aller et venir ; alors l’assoupissement vint avec l’aurore ; elle éteignit la lumière et se rendormit. Mais à neuf heures elle était à la table du déjeuner, préparant des tartines pour cinq bouches affamées, tandis que Nanny, ayant sur les bras le bébé aux joues roses, apportait un pot de lait chaud. Près de sa mère est assise Patty, âgée de neuf ans, l’aînée des enfants, dont la calme et fraîche figure est parfois presque grave et qui offre toujours de courir en haut pour soulager les jambes de maman, si fatiguées quand vient le soir. Puis il y a quatre autres têtes blondes, deux garçons et deux filles, rangés par ordre de taille, jusqu’à Chubby, qui fait un O de sa bouche, pour recevoir une bouchée de lard que lui offre son père. L’attention de papa est partagée entre ses caresses à Chubby et les réprimandes, que, tout en déjeunant, il adresse avec une vivacité presque excessive au bruyant Fred. Il n’a pas encore regardé maman et n’a pas vu qu’elle a les joues plus pâles qu’à l’ordinaire. Mais Patty dit à voix basse :

« Maman, avez-vous mal à la tête ? »

Heureusement le charbon était à bon marché dans le voisinage de Shepperton, et M. Hackit en faisait de temps en temps apporter sans frais une charge par ses bœufs pour le pasteur ; aussi y avait-il un feu brillant au salon, et non sans raison, car le jardin de la cure, vu par la fenêtre, était durci par le gel, et le ciel avait cette apparence laineuse qui annonce la neige.

Le déjeuner fini, M. Barton monta à son cabinet d’étude et s’occupa d’abord de sa lettre à M. Oldinport. C’était à peu près la même lettre que la plupart des ministres auraient écrite dans les mêmes circonstances. M. Barton n’avait pas une connaissance parfaite de l’orthographe et de la syntaxe anglaises, ce qui était malheureux, car on savait qu’il n’était point érudit en hébreu, et on ne le soupçonnait nullement d’être versé dans le grec. Ces bévues, chez un homme qui avait subi les épreuves éleusiniennes d’une éducation universitaire, surprenaient excessivement les jeunes dames de sa paroisse, surtout les miss Farquhar, auxquelles il avait une fois adressé une lettre commençant par « Chères Meds. », abréviation pour Mesdames. Les personnes les moins surprises des bévues du Rév. Amos étaient ses confrères, qui avaient eux-mêmes passé par là.

À onze heures M. Barton, protégé par sa cape et son boa, sortit malgré la neige qui lui fouettait le visage, pour aller lire les prières à la maison de travail, généralement appelée le « collège ». C’était un gros bâtiment de pierre, situé sur une élévation de terrain qui le faisait apercevoir de dix milles à la ronde. Ce district est dans un pays plat, assez peu agréable à l’œil, même les jours les plus brillants. Les routes sont noircies de poussière de charbon, les maisons de briques salies par la fumée, et, comme en ce temps-là le tissage à la main était encore en usage, on pouvait voir près de la fenêtre de la moitié des chaumières un homme ou une femme à l’air maladif, penché sur le métier et accomplissant avec les jambes et les bras son travail mécanique. Un pénible district pour un pasteur qui, ainsi qu’Amos Barton, attachait une réelle importance au soin des âmes de sa paroisse, car, sans parler de la simplicité rustique des laboureurs, les mineurs étaient d’une ignorance invétérée, et les tisserands adonnés à un radicalisme et à une dissidence acrimonieux. Et Mme Hackit faisait souvent observer que les charbonniers, qui, pour la plupart, étaient mieux payés que M. Barton, passaient leur temps à ne rien faire, sinon à avaler de l’ale et à fumer comme les animaux qui doivent périr tout entiers.

Le mouvement religieux créé par la prédication populaire de M. Parry, le prédécesseur d’Amos, avait cessé, et la vie religieuse de Shepperton redescendait au niveau des basses eaux. Il y avait là, vous le voyez, une terrible proie pour Satan ; et vous pouvez, avec raison, plaindre le Rév. Amos Barton, seul chargé de lui tenir tête et de le sommer de se rendre. Nous lisons, il est vrai, que les murs de Jéricho tombèrent au son des trompettes ; mais nous ne trouvons nulle part que ces trompettes fussent rauques et faibles. Sans aucun doute elles éclatèrent en sons clairs et puissants, pour ébranler le mortier et les briques. Le débit oratoire du Rév. Amos ressemblait plutôt à une trompe de chemin de fer belge, ce qui témoignait de ses intentions louables, mais en même temps de son impuissance à atteindre le but. Car, bien qu’Amos se crût fort, il ne se sentait pas fort. La nature lui avait accordé une bonne opinion de lui-même, mais non la conviction de ses talents. Sans cette disposition à juger favorablement sa propre personne, il n’aurait jamais porté le rabat, mais il eût été un excellent ébéniste ou le diacre dévoué de quelque église indépendante, comme l’avait été avant lui son père (qui n’était point cordonnier, ainsi que l’avait avancé M. Pilgrim). Il aurait pu alors respirer longuement et vigoureusement au coin de son banc à la chapelle de Gun Street ; il aurait pu se donner le plaisir de parler, même avec hésitation, aux réunions de prières et de se servir d’un anglais incorrect dans sa vie privée ; et ces petites infirmités ne l’auraient point empêché, l’honnête homme, d’être une lumière dans le cercle dissident de Bridgeport. Une chandelle de suif est une excellente chose dans un chandelier de cuisine, et le nez et les yeux de Betty ne sont point aptes à saisir la différence qu’il y a entre le suif et la plus belle cire ; ce n’est que lorsque vous placez cette chandelle dans un flambeau d’argent et que vous l’introduisez au salon, qu’elle paraît commune, jaune et sans clarté. Malheur au digne homme qui, ainsi que la chandelle, se trouve dans une place au-dessus de son mérite ! Il n’y a que des esprits larges qui soient capables de l’apprécier et d’avoir pitié de lui, qui puissent discerner et aimer la sincérité de ses intentions, au milieu de la faiblesse de ses facultés.

Maintenant, Amos Barton, bravant la neige, est arrivé au collège ; il a ôté son chapeau, sa cape et son boa, et dans la salle à manger froide et dallée il lit aux habitants de la maison, assis devant lui, une partie du service du matin.

Rappelez-vous que la nouvelle loi des pauvres n’était pas encore appliquée, et que M. Barton ne fonctionnait pas comme chapelain payé par l’Union, mais comme pasteur ayant la charge de toutes les âmes de la paroisse, des pauvres aussi bien que des autres. Après les prières il leur adressait toujours une courte exhortation sur quelque sujet tiré de la leçon du jour, essayant si, par ce moyen, quelque édification pourrait trouver accès dans l’esprit et la conscience de ces pauvres gens, tâche qui est peut-être la plus grande épreuve que vous puissiez imaginer pour la foi et la patience de tout honnête ministre. Ses yeux cherchaient à reconnaître sur les visages du premier banc si ses exhortations produisaient quelque effet, et si quelque chose s’émouvait sous ces rudes enveloppes ?

Juste en face de lui, parce qu’il était sourd comme une pierre, et considérant probablement comme plus édifiant de se placer aussi près que possible du prédicateur, était le Vieux Maxum, comme on l’appelait familièrement, son véritable nom étant un mystère pour presque tous. On pouvait supposer, d’après ce surnom, que le pauvre patriarche avait été naguère sentencieux dans ses discours ; mais, à présent, le poids de quatre-vingt-quinze ans pèse sur sa langue comme sur ses oreilles, et il est assis devant le ministre, le menton en avant, la bouche remuante, et les yeux paraissant regarder dans le vide.

À côté de lui est assise Poll Fodge, connue aussi des magistrats de son pays sous le nom de Mary Higgins, une borgne au visage couturé, la rebelle la plus notoire de la maison de travail, accusée d’avoir une fois jeté son bouillon sur l’habit du directeur, et qui, malgré sa laideur repoussante, n’en a pas moins perpétué la race des Fodge dans la personne d’un garçonnet, qui se conduit irrévérencieusement sur un banc du fond de la salle. Miss Fodge fixe son œil unique sur M. Barton d’un air de défi insolent.

Près de ce représentant du sexe faible se trouve le jeune Silly Jim, affligé d’une hydrocéphalie, balançant la tête de droite à gauche et regardant le bout de son nez. Tels sont les voisins de droite du Vieux Maxum.

À sa gauche est le grand M. Fitchett, jadis laquais dans la famille d’Oldinport, et qui, dans cette situation élevée, osa énoncer une opinion dédaigneuse à l’égard du bœuf bouilli, ce qui, au dire des habitants de Shepperton, le conduisit à être à la charge de la commune. Ses mollets sont maigres maintenant, et ses cheveux gris sans l’aide de la poudre ; mais il porte encore le menton haut, comme s’il était soutenu par une cravate empesée, et son chapeau déformé est incliné sur l’oreille gauche. Quand on l’emploie aux travaux des champs, il y apporte l’élégante désinvolture avec laquelle il introduisait chez milady les visites matinales ; et il continue à diviser la société en gens du monde, en laquais du grand monde et en fournisseurs. Un pasteur sans laquais est une anomalie qui n’appartient à aucune de ces catégories. M. Fitchett a une irrésistible tendance à l’assoupissement pendant l’instruction religieuse, et, dans la régularité périodique avec laquelle il s’endort pour ne se réveiller qu’à la phrase finale, il ressemble à une pièce mécanique ingénieusement calculée pour mesurer la longueur des discours de M. Barton.

Sa voisine de gauche, au contraire, est parfaitement éveillée : c’est une de ces vieilles femmes qui ne meurent pas, auxquelles la vieillesse a donné un tissu de rides qui leur sert de cuirasse enchantée contre le froid de l’hiver et les ardeurs de l’été. Le point sur lequel Mme Brick est encore sensible, la seule chose qui puisse encore exciter ses espérances ou ses craintes, c’est le tabac à priser. Il est devenu le sel de son âme.

Et maintenant, composez le reste de la congrégation dont ce premier banc vous fournit le modèle, avec un certain nombre d’enfants indociles, sur lesquels M. Spratt, le directeur de la maison de travail, exerce une surveillance impatiente, et vous admettrez, je pense, qu’un ministre formé à l’université, et dont la charge est de faire comprendre l’Évangile à une réunion de pareilles âmes, a une tâche suffisamment pénible. Car, pour avoir quelque chance de succès, sans une intervention miraculeuse, il faut qu’il descende à la portée de pauvres gens qui n’ont aucun aperçu des vérités religieuses, lui chez qui les dogmes ont une si grande vitalité. Il faut une imagination bien flexible pour faire un tel saut, et une langue bien souple pour y adapter son langage. Le Rév. Amos Barton n’avait ni l’une ni l’autre. Il parlait d’Israël et des péchés d’Israël, de vases d’élection, de l’agneau pascal, du sang comme moyen de réconciliation ; et il s’efforçait ainsi, de son mieux, de mettre la vérité religieuse à la portée de l’esprit borné des Fodge et des Fitchett. Ce matin même, la première leçon fut le douzième chapitre de l’Exode, et l’explication de M. Barton porta sur le pain sans levain. Rien au monde de plus convenable pour les intelligences simples que l’instruction donnée au moyen de types familiers et de symboles ! Mais il en résulte toujours un danger : c’est que l’intérêt et la compréhension de vos auditeurs s’arrêtent précisément au point où commence votre interprétation spirituelle. Ainsi M. Barton, ce jour-là, réussit bien à fixer l’attention de ces pauvres gens, tant qu’il leur parla du pain et de l’auge à pétrir ; mais il ne fut malheureusement pas capable de les intéresser aux vérités inconnues qu’il avait l’intention d’en faire sortir.

Hélas ! une incapacité naturelle pour l’enseignement, corroborée par un séjour à Cambridge, où il y a encore d’habiles mathématiciens, et où le beurre se vend à l’aune, n’est apparemment pas le moyen le plus sûr pour permettre aux dogmes chrétiens de s’infiltrer comme une rosée bienfaisante dans des âmes égarées.

Aussi, tandis que le grésil se changeait en une véritable neige, que la salle à manger dallée paraissait de plus en plus sombre et désagréable, que M. Fitchett oscillait de plus en plus et que M. Spratt souffletait les garçons avec un constant rinforzando, comme s’il sentait de plus en plus l’approche du dîner, M. Barton termina son exhortation sous l’influence du froid de février qui envahissait son cœur aussi bien que ses pieds. M. Fitchett, complètement réveillé, une fois l’exhortation terminée, s’avança obséquieusement pour aider M. Barton à mettre sa cape, tandis que Mme Brick frottait de son doigt maigre le tour de sa petite tabatière en forme de soulier, cherchant en vain quelque apparence de tabac. Je ne puis m’empêcher de croire que, si M. Barton avait secoué dans cette petite boîte quelques bribes de son tabac écossais bien sec, il eût produit une plus aimable émotion dans l’esprit de Mme Brick que n’avait pu le faire toute son exhortation sur le pain sans levain. Mais notre bon Amos ne possédait pas plus de tact que d’argent, et, quand il remarqua le mouvement de l’index de la vieille femme, il lui dit de sa manière brusque : « Ainsi, tout votre tabac est fini, eh ? »

Les yeux de Mme Brick clignèrent à l’espoir que le pasteur allait remplir sa boîte, ou tout au moins lui donner une petite pièce de cuivre.

« Vous irez bientôt là où il n’y a plus de tabac. Vous aurez besoin de miséricorde. Rappelez-vous qu’alors vous chercherez le pardon, et que vous ne le trouverez plus, pas plus que votre tabac maintenant. »

Dès le début de cette exhortation, le clignement d’yeux de Mme Brick s’arrêta. Le couvercle de la boîte fit click, et son cœur se ferma en même temps.

Mais l’attention de M. Barton fut appelée sur M. Spratt, qui tirait de la foule un petit garçon récalcitrant. M. Spratt était un homme de petite taille, d’une loquacité tempérée par l’hésitation, et qui se piquait d’exprimer en toute occasion des sentiments irréprochables en termes irréprochables.

« Monsieur Barton, monsieur, ah ! ah ! excusez-moi d’empiéter sur votre temps, ah ! pour vous prier d’administrer une semonce à ce garçon ; il est, ah ! ah ! tout à fait endurci dans sa mauvaise conduite pendant le service. »

Le coupable endurci était un garçon de sept ans, dont le nez réclamait vainement un mouchoir. Mais M. Spratt n’eut pas plus tôt énoncé sa plainte, que miss Fodge s’élança et se plaça entre M. Barton et l’accusé.

« C’est mon enfant, monsieur Barton, s’écria-t-elle, manifestant son instinct maternel en appliquant son tablier au nez de sa progéniture. Il est toujours à le trouver en faute et à le maltraiter pour rien. Qu’il aille manger son oie rôtie, dont l’odeur nous vient au nez pendant que nous avalons notre bouillon maigre, et qu’il laisse mon garçon tranquille.

Les yeux de M. Spratt étincelèrent, et il faillit exprimer devant le ministre des sentiments peu irréprochables ; mais M. Barton, prévoyant que cet épisode contribuerait peu à l’édification, dit : « Silence ! » de sa voix la plus sévère. « Que je n’entende point de dispute. Votre garçon ne se conduira pas bien si vous lui donnez l’exemple de l’insolence. » Puis se baissant vers maître Fodge et le prenant par l’épaule : « Aimez-vous à être battu ?

— Non.

— Alors vous êtes un nigaud de vous mal conduire. Si vous n’étiez pas méchant, vous ne seriez pas battu. Si vous êtes indocile, Dieu sera fâché, ainsi que M. Spratt, et Dieu peut vous brûler pour toujours. Ce sera bien pire que d’être battu. »

L’expression de maître Fodge témoignait que cette menace le laissait assez indifférent.

« Mais, continua M. Barton, si vous êtes un garçon sage, Dieu vous aimera et vous grandirez pour être un honnête homme. Maintenant, faites en sorte que j’entende dire jeudi prochain que vous avez été un bon garçon. »

Maître Fodge ne distinguait pas clairement quel bénéfice lui reviendrait de ce changement de conduite. Mais M. Barton, comprenant que miss Fodge avait touché un sujet délicat, en faisant allusion à l’oie rôtie, était décidé à ne plus entendre de discussion entre elle et M. Spratt ; aussi, disant adieu à ce dernier, il quitta promptement le collège.

La neige tombait en flocons de plus en plus épais, et le jardin de la cure avait déjà son manteau blanc lorsque le pasteur le traversa. Mme Barton l’entendit ouvrir la porte et courut du salon à sa rencontre.

« Je crains que vous n’ayez les pieds mouillés, cher ami. Quelle terrible matinée ! Donnez-moi votre chapeau. Vos pantoufles sont près du feu. »

M. Barton se sentait un peu refroidi et de mauvaise humeur. Il est difficile, quand on a rempli des devoirs désagréables sans qu’on vous en ait témoigné de la reconnaissance, surtout un jour neigeux, de se soumettre aux petits devoirs de la vie domestique. Sans se montrer aucunement reconnaissant des attentions de Milly, il lui répondit : « Allez me chercher ma robe de chambre, s’il vous plaît.

— Elle est en bas, cher ami. J’ai pensé que vous n’iriez pas dans votre chambre d’étude, parce que vous aviez dit que vous vouliez cataloguer et numéroter les livres pour la bibliothèque circulante. Patty et moi, nous les avons recouverts, et ils sont au salon tout prêts.

— Je ne puis pas faire cela ce matin, dit M. Barton en ôtant ses bottes et mettant ses pantoufles ; il faut porter ces livres au parloir. »

Le salon était aussi la chambre où les enfants se tenaient et prenaient leurs leçons, et, pendant que maman était sortie, le second des garçons avait insisté pour prendre la place de Chubby et conduire un cheval sans tête, qu’elle traînait autour de la chambre ; et, lorsque papa ouvrit la porte, Chubby donnait énergiquement de la voix.

« Milly, il faut que ces enfants sortent de la chambre. J’ai besoin d’être tranquille.

— Oui, cher ami. Silence, Chubby ; va avec Patty, voir ce que Nanny prépare pour le dîner. À présent, Fred, Sophie et Dickey, aidez-moi à porter ces livres au parloir. En voici trois pour Dickey. Porte-les sagement. »

Pendant ce temps, le père s’installa dans son fauteuil et prit un ouvrage sur l’épiscopat, qu’il tenait de la Société des Livres théologiques, désirant en achever la lecture pour le rendre le jour où il irait à la réunion ecclésiastique, à la cure de Milby, où la Société des Livres religieux avait son siège.

Les réunions ecclésiastiques et la Société des Livres religieux, fondées depuis huit ou dix mois, avaient exercé une influence notable sur le Rév. Amos Barton. À son arrivée à Shepperton, c’était simplement un ministre évangélique, qui avait commencé ses études chrétiennes sous l’enseignement du Rév. M. Johns, de la chapelle de Gun Street, et les avait achevées à Cambridge, sous la direction de M. Simeon. John Newton et Thomas Scott étaient pour lui l’idéal dogmatique ; il se serait abonné à l’Observateur chrétien et au Record, si ses moyens pécuniaires le lui avaient permis. Ses anecdotes étaient surtout du genre pieusement gai, ayant cours dans les cercles dissidents, et il pensait qu’un établissement relevant de l’épiscopat ne pouvait rencontrer d’objection.

Mais, à cette époque, l’effet de l’agitation produite par les traités religieux commençait à se faire sentir dans les régions provinciales reculées, et la satire tractarienne contre le parti de la Basse Église commençait à agir même sur ceux qui désavouaient les dogmes tractariens ou leur résistaient. La vibration de ce mouvement intellectuel fut ressentie de la tête dorée de l’établissement jusqu’à ses talons boueux ; et il en résulta que, dans le district qui environnait Milby, petite ville près de Shepperton, le clergé résolut d’avoir chaque mois une réunion ecclésiastique, où les membres exerceraient leur intelligence en discutant des questions théologiques et ecclésiastiques, et cimenteraient leur amour fraternel en dégustant un bon dîner. On émit naturellement l’opinion qu’une société de livres devrait s’adjoindre à cet agréable plan ; et vous voyez qu’il y avait là de quoi exciter un ample développement de l’esprit ecclésiastique.

Il faut savoir que le Rév. Amos Barton était un de ces hommes qui ont une volonté et une opinion à eux ; il se tenait fièrement debout et n’avait point de méfiance de soi-même. Il marchait d’un pas déterminé dans la route qu’il croyait la meilleure ; mais, aussi, il n’y avait rien de plus facile que de lui persuader quelle était la meilleure route. En sorte qu’une lecture nouvelle pour lui et une discussion en dehors de ses habitudes lui démontrèrent qu’un établissement épiscopal était supérieur à tout ce qu’on pouvait lui opposer, et il commença à penser que sur plusieurs points il avait des opinions trop élevées et trop profondes pour pouvoir les communiquer d’emblée et crûment à des esprits ordinaires. Il était comme un oignon qui a été frotté d’épices ; la forte odeur primitive était absorbée par quelque chose de nouveau et d’étranger. L’oignon de la Basse Église offensait encore l’odorat de la Haute Église, et le goût des nouvelles épices était mal venu au palais du mangeur d’oignon au naturel.

Nous ne l’accompagnerons pas aujourd’hui à la réunion ecclésiastique, parce que nous aurons peut-être besoin de nous y transporter un jour ou il n’y figurera pas. Pour le moment, je désire vous présenter M. Bridmain et la comtesse, chez lesquels M. et Mme Barton sont invités à dîner demain.