Lévy frères (p. 263-272).


XXI

ROMÉO ET JULIETTE.


Mis comme une gravure de son journal l’Écharpe d’Iris, ganté, verni, rasé, frisé, la moustache en crocs, le stick en main, le monocle à l’œil, épanoui, rajeuni, tout à fait joli : tel on eût pu voir, un soir du mois de novembre, notre ami le poëte Rodolphe, qui, arrêté sur le boulevard, attendait une voiture pour se faire reconduire chez lui.

Rodolphe attendant une voiture ? Quel cataclysme était donc tout à coup survenu dans sa vie privée ?

— À cette même heure où le poëte, transformé, tortillait sa moustache, mâchait entre ses dents un énorme régalia, et charmait le regard des belles, un sien ami passait aussi sur le même boulevard. C’était le philosophe Gustave Colline. Rodolphe l’aperçut venir et le reconnut bien vite ; et de ceux qui l’auraient vu une seule fois, qui donc aurait pu ne pas le reconnaître ? Colline était chargé, comme toujours, d’une douzaine de bouquins. Vêtu de cet immortel paletot noisette dont la solidité fait croire qu’il a été construit par les Romains, et coiffé de ce fameux chapeau à grands rebords, dôme en castor sous lequel s’agitait l’essaim des rêves hyperphysiques, et qui a été surnommé l’armet de Mambrin de la philosophie moderne, Gustave Colline marchait à pas lents, et ruminait tout bas la préface d’un ouvrage qui était depuis trois mois sous presse… dans son imagination. Comme il s’avançait vers l’endroit où Rodolphe était arrêté, Colline crut un instant le reconnaître ; mais la suprême élégance étalée par le poëte jeta le philosophe dans le doute et l’incertitude.

— Rodolphe ganté, avec une canne, chimère ! utopie ! Quelle aberration ! Rodolphe frisé ! Lui qui a moins de cheveux que l’Occasion. Où donc avais-je la tête ? D’ailleurs, à l’heure qu’il est, mon malheureux ami est en train de se lamenter, et compose des vers mélancoliques sur le départ de la jeune mademoiselle Mimi, qui l’a planté là, ai-je ouï dire. Ma foi, je la regrette, moi, cette jeunesse ; elle apportait une grande distinction dans la manière de préparer le café, qui est le breuvage des esprits sérieux. Mais j’aime à croire que Rodolphe se consolera, et qu’il prendra bientôt une nouvelle cafetière.

Et Colline était si enchanté de son déplorable jeu de mots, qu’il se serait volontiers crié bis… si la voix grave de la philosophie ne s’était intérieurement réveillée en lui, et n’avait mis un énergique holà à cette débauche d’esprit.

Cependant, comme il était arrêté près de Rodolphe, Colline fut bien forcé de se rendre à l’évidence ; c’était bien Rodolphe, frisé, ganté, avec une canne ; c’était impossible, mais c’était vrai.

— Eh ! eh ! parbleu, dit Colline, je ne me trompe pas, c’est bien toi, j’en suis sûr.

— Et moi aussi, répondit Rodolphe.

Et Colline se mit à considérer son ami, en donnant à son visage l’expression employée par M. Lebrun, peintre du roi, pour exprimer la surprise. Mais tout à coup il aperçut deux objets bizarres dont Rodolphe était chargé : 1o une échelle de corde ; 2o une cage dans laquelle voltigeait un oiseau quelconque. À cette vue, la physionomie de Gustave Colline exprima un sentiment que M. Lebrun, peintre du roi, a oublié dans son tableau des Passions.

— Allons, dit Rodolphe à son ami, je vois distinctement la curiosité de ton esprit qui se met à la fenêtre de tes yeux ; je vais te satisfaire ; seulement, quittons la voie publique, il fait un froid qui gèlerait tes interrogations et mes réponses.

Et tous deux entrèrent dans un café.

Les yeux de Colline ne quittaient point l’échelle de corde, non plus que la cage où le petit oiseau, réchauffé par l’atmosphère du café, se mit à chanter dans une langue inconnue à Colline, qui était cependant polyglotte.

— Enfin, dit le philosophe en montrant l’échelle, qu’est-ce que c’est que ça ?

— C’est un trait d’union entre ma bonne amie et moi, répondit Rodolphe avec un accent de mandoline.

— Et ça ? dit Colline en indiquant l’oiseau.

— Ça, fit le poëte, dont la voix devenait douce comme le chant de la brise, c’est une horloge.

— Parle-moi donc sans paraboles, en vile prose, mais correctement.

— Soit. As-tu lu Shakspeare ?

— Si je l’ai lu ! To be or not be. C’était un grand philosophe… Oui, je l’ai lu.

— Te souviens-tu de Roméo et Juliette ?

— Si je m’en souviens ! dit Colline. Et il se mit à réciter :

Non, ce n’est pas le jour, ce n’est pas l’alouette,
Dont les chants ont frappé ton oreille inquiète ;
Non, c’est le rossignol…

Parbleu ! oui, je m’en souviens. Mais après ?

— Comment ! dit Rodolphe en montrant l’échelle et l’oiseau, tu ne comprends pas ? Voilà le poëme : Je suis amoureux, mon cher, amoureux d’une femme qui s’appelle Juliette.

— Eh bien, après ? continua Colline impatienté.

— Voilà : ma nouvelle idole s’appelant Juliette, j’ai conçu un plan, c’est de refaire avec elle le drame de Shakspeare. D’abord, je ne m’appelle plus Rodolphe, je me nomme Roméo Montaigu, et tu m’obligeras de ne pas m’appeler autrement. Au surplus, pour que tout le monde le sache, j’ai fait graver de nouvelles cartes de visite. Mais ce n’est pas tout, je vais profiter de ce que nous ne sommes pas dans le carnaval pour m’habiller en pourpoint de velours et porter une épée.

— Pour tuer Tybald ? dit Colline.

— Absolument, continua Rodolphe. Enfin, cette échelle que tu vois doit me servir pour entrer chez ma maîtresse, qui se trouve précisément posséder un balcon.

— Mais l’oiseau, l’oiseau ? dit l’obstiné Colline.

— Eh ! parbleu, cet oiseau, qui est un pigeon, doit jouer le rôle du rossignol, et indiquer, chaque matin, le moment précis où, prêt à quitter ses bras adorés, ma maîtresse m’embrassera par le cou et me dira de sa voix douce, absolument comme dans la scène du balcon : Non, ce n’est pas le jour, ce n’est pas l’alouette… c’est-à-dire non, il n’est pas encore onze heures, il y a de la boue dans la rue, ne t’en va pas, nous sommes si bien ici. Afin de compléter l’imitation, je tâcherai de me procurer une nourrice, pour la mettre aux ordres de ma bien-aimée ; et j’espère que l’almanach sera assez bon pour m’octroyer de temps en temps un petit clair de lune, alors que j’escaladerai le balcon de ma Juliette. Que dis-tu de mon projet, philosophe ?

— C’est joli comme tout, fit Colline ; mais pourrais-tu m’expliquer aussi le mystère de cette superbe enveloppe qui te rend méconnaissable… Tu es donc devenu riche ?

Rodolphe ne répondit pas, mais il fit signe à un garçon de café et lui jeta négligemment un louis en disant :

— Payez-vous !

Puis il frappa sur son gousset, qui se mit à chanter.

— Tu as donc un clocher dans tes poches, que ça sonne tant que ça ?

— Quelques louis seulement.

— Des louis en or ? dit Colline d’une voix étranglée par l’étonnement ; montre un peu comment c’est fait.

Sur quoi les deux amis se séparent, Colline pour aller raconter les mœurs opulentes et les nouvelles amours de Rodolphe ; celui-ci pour rentrer chez lui.

Ceci se passait dans la semaine qui avait suivi la seconde rupture des amours de Rodolphe avec mademoiselle Mimi. Accompagné de son ami Marcel, le poëte, quand il eut rompu avec sa maîtresse, éprouva le besoin de changer d’air et de milieu, et quitta le noir hôtel garni, dont le propriétaire le vit partir sans trop de regrets ainsi que Marcel. Tous deux, comme nous l’avons déjà dit, allèrent chercher gîte ailleurs, et arrêtèrent deux chambres dans la même maison et sur le même carré. La chambre choisie par Rodolphe était incomparablement plus confortable qu’aucune de celles qu’il eût habitées jusque-là. On y remarquait des meubles presque sérieux ; surtout un canapé en étoffe rouge devant imiter le velours, laquelle étoffe n’observait aucunement le proverbe : « Fais ce que dois. »

Il y avait aussi, sur la cheminée, deux vases en porcelaine avec des fleurs, au milieu une pendule en albâtre avec des agréments affreux. Rodolphe mit les vases dans une armoire ; et comme le propriétaire était venu pour monter la pendule arrêtée, le poëte le pria de n’en rien faire.

— Je consens à laisser la pendule sur la cheminée, dit-il, mais seulement comme objet d’art ; elle marque minuit, c’est une belle heure, qu’elle s’y tienne ! Le jour où elle marquera minuit cinq minutes, je déménage… Une pendule ! disait Rodolphe, qui n’avait jamais pu se soumettre à l’impérieuse tyrannie du cadran, mais c’est un ennemi intime qui vous compte implacablement votre existence heure par heure, minute par minute, et vous dit à chaque instant : Voici une partie de ta vie qui s’en va. Ah ! je ne pourrais pas dormir tranquille dans une chambre où se trouverait un de ces instruments de torture, dans le voisinage desquels la nonchalance et la rêverie sont impossibles… Une pendule dont les aiguilles s’allongent jusqu’à votre lit et viennent vous piquer le matin quand vous êtes encore plongé dans les molles douceurs du premier réveil… Une pendule dont la voix vous crie : ding, ding, ding ! C’est l’heure des affaires, quitte ton rêve charmant, échappe aux caresses de tes visions (et quelquefois à celles des réalités). Mets ton chapeau, tes bottes, il fait froid, il pleut, va-t’en à tes affaires, c’est l’heure, ding, ding… C’est déjà bien assez d’avoir l’almanach… Que ma pendule reste donc paralysée, sinon…

Et tout en monologuant ainsi, il examinait sa nouvelle demeure et se sentait agité par cette secrète inquiétude qu’on éprouve presque toujours en entrant dans un nouveau logement.

— Je l’ai remarqué, pensait-il, les lieux que nous habitons exercent une influence mystérieuse sur nos pensées, et par conséquent sur nos actions. Cette chambre est froide et silencieuse comme un tombeau. Si jamais la gaieté chante ici, c’est qu’on l’amènera du dehors ; et encore elle n’y restera pas longtemps, car les éclats de rire mourraient sans échos sous ce plafond bas, froid et blanc comme un ciel de neige. Hélas ! quelle sera ma vie entre ces quatre murs ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cependant, peu de jours après, cette chambre si triste était pleine de clartés et résonnait de joyeuses clameurs ; on y pendait la crémaillère, et de nombreux flacons expliquaient l’humeur gaie des convives. Rodolphe lui-même s’était laissé gagner par la bonne humeur contagieuse de ses convives. Isolé dans un coin avec une jeune femme venue là par hasard et dont il s’était emparé, le poëte madrigalisait avec elle de la parole et des mains. Vers la fin de la fête, il avait obtenu un rendez-vous pour le lendemain.

— Allons, se dit-il lorsqu’il fut seul, la soirée n’a pas été trop mauvaise, et ce n’est pas mal inaugurer mon séjour ici.

Le lendemain, à l’heure convenue, arriva mademoiselle Juliette. La soirée se passa seulement en explications. Juliette avait appris la récente rupture de Rodolphe avec cette fille aux yeux bleus qu’il avait tant aimée ; elle savait qu’après l’avoir quittée déjà une fois, Rodolphe l’avait reprise, et elle craignait d’être la victime d’un nouveau revenez-y de l’amour.

— C’est que, voyez-vous, ajouta-t-elle avec un joli geste de mutinerie, je n’ai point du tout envie de jouer un rôle ridicule. Je vous préviens que je suis très-méchante ; une fois maîtresse ici, et elle souligna par un regard l’intention qu’elle donnait au mot, j’y reste et ne cède point ma place.

Rodolphe appela toute son éloquence à la rescousse pour la convaincre que ses craintes n’étaient point fondées, et la jeune femme ayant de son côté bon désir d’être convaincue, ils finirent par s’entendre. Seulement, ils ne s’entendirent plus quand sonna minuit ; car Rodolphe voulait que Juliette restât, et celle-ci prétendit s’en aller.

— Non, lui dit-elle comme il insistait. Pourquoi tant se presser ? nous arriverons bien toujours où nous devons arriver, à moins que vous ne vous arrêtiez en route ; je reviendrai demain.

Et elle revint ainsi tous les soirs pendant une semaine, pour s’en retourner de même quand sonnait minuit.

Ces lenteurs n’ennuyaient point trop Rodolphe. En amour ou même en caprice, il était de cette école de voyageurs qui n’ont jamais grand’hâte d’arriver, et qui, à la route droite menant au but directement, préfèrent les sentiers perdus qui allongent le voyage et le rendent pittoresque. Cette petite préface sentimentale eut pour résultat d’entraîner d’abord Rodolphe plus loin qu’il ne voulait aller. Et c’était sans doute pour l’amener à ce point où le caprice, mûri par la résistance qu’on lui oppose, commence à ressembler à de l’amour, que mademoiselle Juliette avait employé ce stratagème.

— À chaque nouvelle visite qu’elle faisait à Rodolphe, Juliette remarquait un ton de sincérité plus prononcé dans ce qu’il lui disait. Il éprouvait, lorsqu’elle était un peu en retard, de ces impatiences symptomatiques qui enchantaient la jeune fille ; et il lui écrivait même des lettres dont le langage avait de quoi lui faire espérer qu’elle deviendrait prochainement sa maîtresse légitime.

Comme Marcel, qui était son confident, avait une fois surpris une des épîtres de Rodolphe, il lui dit en riant :

— Est-ce du style, ou bien penses-tu réellement ce que tu dis là ?

— Vraiment oui, je le pense, répondit Rodolphe, et j’en suis bien un peu étonné ; mais cela est ainsi. J’étais, il y a huit jours, dans une situation d’esprit très-triste. Cette solitude et ce silence, qui avaient succédé si brutalement aux tempêtes de mon ancien ménage, m’épouvantaient horriblement, mais Juliette est arrivée presque subitement. J’ai entendu résonner à mon oreille les fanfares d’une gaieté de vingt ans. J’ai eu devant moi un frais visage, des yeux pleins de sourire, une bouche pleine de baisers, et je me suis tout doucement laissé entraîner à suivre cette pente du caprice qui m’aura peut-être amené à l’amour. J’aime à aimer.

Cependant Rodolphe ne tarda pas à s’apercevoir qu’il ne tenait plus guère qu’à lui d’amener une conclusion à ce petit roman ; et c’est alors qu’il avait imaginé de copier dans Shakspeare la mise en scène des amours de Roméo et Juliette. Sa future maîtresse avait trouvé l’idée amusante et consentit à se mettre de moitié dans la plaisanterie.

C’était le soir même où ce rendez-vous était fixé que Rodolphe rencontra le philosophe Colline, comme il venait d’acheter cette échelle de soie en corde qui devait lui servir à escalader le balcon de Juliette. Le marchand d’oiseaux auquel il s’était adressé n’ayant point de rossignol, Rodolphe y substitua un pigeon, qui, lui assura-t-on, chantait tous les matins, au lever de l’aube.

Rentré chez lui, le poëte fit cette réflexion qu’une ascension sur une échelle de corde n’était point chose facile, et qu’il était bon de faire une petite répétition de la scène du balcon, s’il ne voulait pas, outre les chances d’une chute, courir le risque de se montrer ridicule et maladroit aux yeux de celle qui allait l’attendre. Ayant attaché son échelle à deux clous, solidement enfoncés dans le plafond, Rodolphe employa les deux heures qui lui restaient à faire de la gymnastique ; et, après un nombre infini de tentatives, il parvint tant bien que mal à pouvoir franchir une dizaine d’échelons.

— Allons, c’est bien, se dit-il, je suis maintenant sûr de mon affaire, et d’ailleurs, si je restais en chemin l’amour me donnerait des ailes.

Et, chargé de son échelle et de sa cage à pigeon, il se rendit chez Juliette qui habitait dans son voisinage. Sa chambre était située au fond d’un petit jardin et possédait bien, en effet, une espèce de balcon. Mais cette chambre était au rez-de-chaussée, et ce balcon pouvait s’enjamber le plus facilement du monde.

Aussi Rodolphe fut-il tout atterré lorsqu’il s’aperçut de cette disposition locale qui mettait à néant son poétique projet d’escalade.

— C’est égal, dit-il à Juliette, nous pourrons toujours exécuter l’épisode du balcon. Voilà un oiseau qui nous éveillera demain par sa voix mélodieuse, et nous avertira du moment précis où nous devrons nous séparer l’un de l’autre avec désespoir. Et Rodolphe accrocha la cage dans un angle de la chambre.

Le lendemain, à cinq heures du matin, le pigeon fut parfaitement exact, et remplit la chambre d’un roucoulement prolongé qui aurait réveillé les deux amants s’ils avaient dormi.

— Eh bien, dit Juliette, voilà le moment d’aller sur le balcon et de nous faire des adieux désespérés ; qu’en penses-tu ?

— Le pigeon avance, dit Rodolphe ; nous sommes en novembre, le soleil ne se lève qu’à midi.

— C’est égal, dit Juliette, je me lève, moi.

— Tiens ! pourquoi faire ?

— J’ai l’estomac creux, et je ne te cacherai pas que je mangerais bien un peu.

— C’est extraordinaire l’accord qui règne dans nos sympathies, j’ai également une faim atroce, dit Rodolphe en se levant aussi et en s’habillant en toute hâte.

Juliette avait déjà allumé du feu, et cherchait dans son buffet si elle ne trouverait rien ; Rodolphe l’aidait dans ses recherches.

— Tiens, dit-il, des oignons !

— Et du lard, dit Juliette.

— Et du beurre.

— Et du pain.

— Hélas ! C’était tout !

Pendant ces recherches, le pigeon optimiste et insoucieux chantait sur son perchoir.

Roméo regarda Juliette, Juliette regarda Roméo ; tous deux regardèrent le pigeon.

Ils ne s’en dirent pas davantage. Le sort du pigeon-pendule était fixé ; il en aurait appelé en cassation que c’eût été peines perdues, la faim est une si cruelle conseillère.

Rodolphe avait allumé du charbon, et faisait revenir du lard dans le beurre frémissant ; il avait l’air grave et solennel.

Juliette épluchait des oignons dans une attitude mélancolique.

Le pigeon chantait toujours, c’était sa Romance du saule.

À ces lamentations se joignit la chanson du beurre dans la casserole.

Cinq minutes après, le beurre chantait encore ; mais, pareil aux templiers, le pigeon ne chantait plus.

Roméo et Juliette avaient accommodé leur pendule à la crapaudine.

— Il avait une jolie voix, disait Juliette et se mettant à table.

— Il était bien tendre, fit Roméo en découpant son réveille-matin parfaitement rissolé.

Et les deux amants se regardèrent et se surprirent ayant chacun une larme dans les yeux.

… Hypocrites, c’étaient les oignons qui les faisaient pleurer !