Séances de la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire/8 janvier 1880


SÉANCE DU 8 JANVIER 1880.


Présidence de M. Aymard.


M. le Président, à l’occasion du concours d’animaux gras tenu annuellement au Puy, dit qu’il aura lieu, cette année, le 16 mars prochain.

Un concours régional pour la région comprenant les départements de l’Ardèche, de la Loire, de la Haute-Loire, de la Lozère, du Puy-de-Dôme et du Rhône, se tiendra à Clermont-Ferrand, du 28 août au 6 septembre 1880. À ce rendez-vous agricole figureront les races bovines de Salers, d’Aubrac, du Mezenc, et, parmi les produits du pays, les fromages des fruitières et des burons, les vins d’Auvergne, les beaux fruits de la Limagne et les magnifiques céréales qu’engendre cette plaine si vaste et si féconde. M. le Président convie à ce concours les éleveurs de la Haute-Loire, et notamment ceux de la région du Mezenc, bien persuadé qu’ils représenteront dignement le département et remporteront, comme ils l’ont déjà fait dans de précédents concours, de nombreuses récompenses.

Notre confrère, M. Chorand, vice-président du Comice agricole, exploite, depuis environ quarante ans, un domaine de 42 hectares, situé à Talobre, commune de Saint-Christophe-sur-Dolaison. Toujours au courant des progrès accomplis en agriculture dans ces dernières années et désireux de mettre en pratique les nouvelles méthodes culturales dont il reconnaissait l’utilité, M. Chorand, par des drainages, des défoncements à une grande profondeur, par des épierrements bien entendus, a singulièrement amélioré sa propriété et il rend compte des résultats heureux qu’il a obtenus, dans un rapport qu’il lit à l’Assemblée[1].

Le rigoureux hiver que nous traversons a présenté un phénomène remarquable. Le froid a été bien moins vif sur les hauteurs que dans la plaine, bien moins vif au sommet du Puy-de-Dôme qu’à Clermont-Ferrand et au Mezenc qu’au Puy. Dans la région du Mezenc, les femmes fabriquaient des dentelles au seuil de leurs portes et le bétail était conduit à la pâture en pleines prairies, pendant qu’au Puy le thermomètre descendait à 10 et 15 degrés.

Il est donné lecture, par M. Lascombe, d’une notice sur le couvent du Refuge ou Saint-Maurice au Puy et de l’acte de fondation de ce monastère par Armand de Béthune, évêque du Puy. Cette pièce, d’une grande importance, porte la date du 18 octobre 1687. L’assemblée décide que le travail de M. Lascombe sera inséré dans les Mémoires de la Société[2].

M. A. Jacotin a découvert, dans les archives hospitalières de la ville du Puy, un terrier en forme de rouleau qui présente, au point de vue paléographique, un grand intérêt. Le parchemin, cité jusqu’ici pour sa longueur exceptionnelle, a, au dire de M. Natalis de Wailly (Éléments de paléographie, t. I), 67 pieds et demi. C’est l’enquête sur les Templiers. Notre document qui relate l’étendue des possessions de l’Hôtel-Dieu au XIVe siècle, mesure 90 pieds. Notre confrère pense qu’il est utile de mentionner ce fait, inédit jusqu’à ce jour.

La question des chemins de fer de la Haute-Loire préoccupe, à juste titre, les populations du département. La Chambre consultative des arts et manufactures du Puy a pris, le 26 décembre 1879, une délibération sur l’utilité du chemin de fer d’Ambert à un point de la ligne du Puy à Saint-Georges-d’Aurac. La Chambre désire vivement l’établissement de cette voie ferrée dont la convenance est incontestable à tous les points de vue stratégiques et commerciaux. Elle estime qu’il y a lieu, en l’établissant, de favoriser, le plus possible, les deux chefs-lieux de canton d’Allègre et de Saint-Paulien. Allègre a, chaque semaine, un marché très important. Là, se concentrent les bestiaux qui sont dirigés sur Paris, la région du Midi et le Forez. La commission d’enquête, réunie le 30 décembre dernier, a entendu les principaux intéressés dans la question et s’est ajournée au 27 janvier prochain. Il y a lieu d’espérer que satisfaction sera donnée à nos deux cantons.

En classant les archives municipales du Puy, M. A. Jacotin a eu l’occasion d’étudier le compois de notre ville, rédigé en 1408 et écrit en langue vulgaire. La rareté de pareilles pièces, la nécessité de rechercher les origines de la langue française déterminent notre confrère à émettre le vœu qu’un glossaire complet de ce compois soit inséré dans les Mémoires de la Société. À l’unanimité, cette proposition est adoptée et M. A. Jacotin est chargé de faire les recherches nécessaires pour rédiger ce curieux dictionnaire.



A. Lascombe.

  1. V. IIe volume. Mémoires, p. 256.
  2. V. IIe volume. Mémoires, p. 183.