Séances de la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire/5 mai 1881

SÉANCE DU 5 MAI 1881.


Présidence de M. le Dr Langlois.

M. Nicolas, directeur de la Ferme-École, résume les diverses communications faites à la dernière séance de la commission météorologique départementale, sur l’établissement d’un observatoire au Mezenc. Notre honorable confrère rend aussi compte des arguments qu’il a fait valoir en faveur de cette institution, lors de la réunion de la commission centrale de météorologie, à Paris et constate, en terminant, que la pénurie des ressources ne permettra la création de cet observatoire que dans un avenir malheureusement éloigné.

M. Guerrier, inspecteur d’académie, estime qu’en présence du vœu favorable émis par 19 conseils généraux sur 25 consultés, on peut, sans exagération, considérer ce projet comme devant avoir une solution prochaine.

M. Nicolas ajoute qu’en attendant la réalisation de cette demande, on pourrait, provisoirement, remettre au garde des eaux et forêts, dont la maison est située sur le versant occidental du Mezenc, les instruments les plus indispensables pour faire des observations journalières, tels qu’un baromètre, des thermomètres, etc.

À l’unanimité, la Société émet un vœu conforme à cette proposition.

À propos du congrès des Sociétés savantes et des beaux-arts à la Sorbonne, l’assemblée, sur la proposition de plusieurs de ses membres, est d’avis de demander à M. le Ministre de l’Instruction publique que des démarches soient faites auprès des Compagnies de chemins de fer, pour que les délégués des associations scientifiques puissent voyager par les trains express.

M. Lascombe lit la communication suivante de M. L. Gueyffier sur le choléra des poules.

Beyssat, près Brioude.

Dans le courant de juillet dernier, mon poulailler a été décimé par la maladie. Sur quarante-quatre bêtes, vingt-cinq ont succombé, en quelques jours. Cette mortalité ayant attiré mon attention et, peu satisfait de cette explication que ma volaille avait le choléra des poules, j’ai tenu à en connaître le genre et, si possible, la cause.

Je me suis adressé à M. Giraud, vétérinaire à Brioude. Je lui remis une des victimes dont il fit l’autopsie et qu’il examina avec une attention très minutieuse. Guidé par les leçons de M. Pasteur, il reconnut, comme ce savant praticien, au moyen de vers grossissants, une multitude de vibrions dans le sang. Comment ces infusoires s’y sont-ils introduits, il ne le sait pas non plus ; mais, maître de cette donnée, il me conseilla d’introduire dans la pâtée donnée à la volaille, pendant la durée de la maladie, deux grammes de sulfate de soude par tête, en réduisant cette quantité à un gramme en fin du traitement. Il me recommanda de faire enlever soigneusement, tous les quatre ou cinq jours, le fumier du poulailler, de le tenir rigoureusement propre et d’en laver le sol et les perchoirs avec de l’eau additionnée d’acide sulfurique dans la proportion de dix grammes par litre d’eau. Pour le désinfecter plus complètement, j’ai eu le soin d’y répandre pendant plusieurs jours du chlorure de chaux.

Ce mode de traitement a réussi ; le mal a disparu. Je le commençais le 15 juillet, le 25 la maladie était moins intense, la mortalité moins grande, quelques volailles atteintes guérissaient et le 10 août la dernière victime succombait sans que sa mort fût précédée des signes extérieurs qui avaient révélé le mal chez ses congénères. L’animal atteint devient triste, ne mange plus, se soutient à peine ou marche péniblement, l’œil est morne, la crête devient noire.

La basse-cour de la ferme dans le voisinage de la mienne a été atteinte à son tour, la maladie étant de sa nature contagieuse, les ravages y ont été aussi grands, le fermier n’ayant pas voulu d’abord appliquer le remède, se méfiant de tout ce que disent les médecins, qu’ils soient médecins pour les hommes ou médecins des bêtes. Sur soixante-dix têtes, il en a perdu cinquante. Cédant enfin à l’évidence, il s’est décidé à traiter sa volaille et il a obtenu le même résultat, c’est-à-dire qu’en quelques jours il n’a plus éprouvé de pertes, ses poules guérissaient.


M. le Dr Langlois, rappelle à ce sujet, que l’emploi de l’émétique contre cette maladie lui a parfaitement réussi.

M. Blanc-Marthory préconise l’usage du fer dissous dans l’eau que l’on met dans les basses-cours, contre cette sorte d’affection charbonneuse.

M. Dussau fait une très intéressante communication sur les cyclones et la prévision du temps.

De l’ensemble des communications faites par les membres présents sur l’état des récoltes dans le département, il résulte qu’elles ont été fortement éprouvées par les gelées printanières. Les seigles sont bons, mais en revanche les froments ont beaucoup souffert. Les arbres fruitiers ont été sensiblement atteints ; les vignes, quoique gelées en partie, donneront cependant encore quelques fruits, grâce aux bourgeons stipulaires qui ont été épargnés.

L’assemblée vote unanimement les propositions du rapport de M. Robert, directeur des postes, concluant à la nomination, comme membre résidant, de M. Gimbert-Montbrun, contrôleur des lignes télégraphiques.

M. le Président rappelle le mauvais état d’entretien de l’anémomètre de Ronzon.

M. Dussau dit que les imperfections de cet instrument proviennent de ce qu’il n’est pourvu que d’un seul fil. Mais, ajoute notre confrère, il serait facile de remédier à cet inconvénient et, quant à lui, il se chargerait volontiers d’installer les cinq fils nécessaires à son parfait fonctionnement.

A. Jacotin.