Séances de la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire/2 juin 1881

SÉANCE DU 2 JUIN 1881.


Présidence de M. le Dr Langlois.

M. le Président lit une lettre du docteur Davaine au baron Larrey insérée au Journal d’agriculture pratique, dans laquelle il établit qu’aucun cas de trichinose ne s’est produit en France à la suite de l’importation des viandes salées américaines. M. Davaine conclut en combattant la continuation de la prohibition à l’entrée en France des salaisons d’Amérique, se basant sur l’immunité à peu près constatée des trichines à leur arrivée et sur la facilité de leur enlever par la cuisson le reste de leur vitalité.

M. Langlois, membre du jury à Cahors, rend compte très brièvement du concours qui a eu lieu dans cette ville, concours auquel notre département n’a pris aucune part. Il regrette que les fêtes politiques aient absorbé la solennité agricole presque devenue un hors-d’œuvre. M. Langlois rappelle, à l’honneur de la Société, que deux de ses membres ont été présidents de section du jury, M. Nicolas dans la section des espèces ovine et porcine, et lui-même dans celle des produits agricoles.

Le même membre fait part à la Société d’une proposition qui lui a été faite par M. Foucher de Careil, sénateur, président de la Société nationale d’encouragement à l’agriculture. Les conditions d’affiliation à cette Société paraissent aux membres présents difficiles à remplir. Cependant, désireuse de se réunir à une association avec laquelle elle est en conformité complète d’idées, la compagnie charge son président de chercher la possibilité de s’affilier à la Société nationale dans des conditions moins onéreuses.

M. Langlois s’est transporté à Brioude pour constater sur la vigne les effets de la dernière gelée. Plusieurs communes riveraines de l’Allier, dit-il, ont été fortement atteintes. Les vignes de Brioude situées en plaine ont beaucoup souffert, les côtes un peu moins. En résumé, on estime à un quart de la récolte environ les pertes occasionnées par les gelées des premiers jours de mai.

Un mémoire lu par M. Lascombe signale les foires et marchés créés au Monastier depuis Pépin II, roi d’Aquitaine, jusqu’à nos jours, Notre confrère relève à ce sujet des erreurs commises par quelques historiens du Velay[1].


M. A. Jacotin signale la publication, par MM. de Charpin-Feugerolles et Guigues, archiviste du Rhône, du cartulaire de Saint-Sauveur-en-Rüe. Cet ouvrage édité avec luxe chez Perrin, à Lyon, contient de nombreux documents sur notre département. Le prieuré de Saint-Sauveur, situé en Forez, fut de l’an 1061 au 19 avril 1607, époque de son union au Collège des jésuites de Tournon, l’une des nombreuses dépendances de la riche abbaye de la Chaise-Dieu. Aussi, parmi les 233 chartes qui composent ce recueil, 12 intéressent particulièrement notre province et contiennent sur le prieuré de Chamalières, le bourg de Dunières, la maison du Temple du Puy, Saint-Romain-Lachalm, l’abbaye de Clavas, Riotord, etc., des renseignements inédits qui seront certainement d’une grande utilité à nos historiens vellaves.

Toutefois, notre confrère regrette que cette œuvre importante soit déparée par quelques lapsus qu’on aurait pu éviter. C’est ainsi qu’on trouve des traductions défectueuses comme Armandus de Fayno, sive Fagino, par Armand de Fayne au lieu de Armand de Fay, Johannes Cardinalis foris decanus, par Jean Cardinal Foris doyen, au lieu de Jean Cardinal fort doyen de Notre-Dame du Puy, etc.

À part ces légères erreurs qui du reste ne détruisent en rien la valeur intrinsèque de l’ouvrage, on peut, dit en terminant M. A. Jacotin, considérer le cartulaire de Saint-Sauveur comme une publication de la pius haute importance pour notre région et qui viendra occuper une des premières places parmi les œuvres similaires, telles que les cartulaires de Brioude, Sauxillanges, Chamalières, Pébrac, Saint-Julien en Vivarais, l’abbaye de Conques en Rouergue, etc., qui intéressent le département de la Haute-Loire.

M. A. Jacotin résume en quelques mots les diverses transactions faites de 1690 à 1694, par le chapitre de Notre-Dame du Puy, au sujet de la construction des orgues de la cathédrale. Il rappelle à ce propos les opinions erronées émises par plusieurs historiographes de la basilique anicienne et restitue, à l’aide de documents authentiques découverts dans les archives départementales, la part, jusqu’ici contestée, qui revient à notre célèbre sculpteur Vanneau, dans l’édification de ces orgues. Notre confrère dit qu’il a communiqué ces renseignements à M. Paul Le Blanc qui, sous peu, doit faire paraître dans nos Mémoires une notice complète sur Vanneau.

M. A. Jacotin rectifie une erreur commise par le Gallia christiana, t. II, col. 714, qui, dans son article consacré à Bernard II de Montaigu, évêque du Puy, dit qu’en l’an 1238 un certain Pierre de Banville partant pour la Terre-Sainte, donna en gage à l’évêque, pour 9 000 sous, la baronnie de Cereis. Tous ceux qui s’intéressent à l’histoire du Velay, avaient inutilement cherché la famille de Banville, mais, grâce à une charte originale qu’il a eue entre les mains, M. Jacotin a pu s’assurer que les savants frères de Sainte Marthe s’étaient trompés dans la désignation du nom de ce possesseur de la seigneurie de Cereis. Ce n’est pas, en effet, d’un Pierre de Banville dont il est question, mais de Pierre de Bulhon qui tire son nom et son origine du fief de Bulhon situé en Auvergne près de Maringues, arrondissement d’Issoire. Un petit registre d’hommages du XVIe siècle, conservé aux archives départementales (fonds de l’Évêché), confirme du reste entièrement les données historiques de cette charte.


Une commission composée de MM. Langlois, Robert et Lascombe est nommée pour statuer sur la candidature de M. Henri Blanc, avocat au Puy, présenté à titre de membre résidant.

A. Lascombe.




  1. Voyez t. III ; Mémoires, p. 181.