Séances de la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire/5 juin 1879

SÉANCE DU 5 JUIN 1879.


Présidence de M. Aymard.


M. A. Jacotin donne lecture du procès-verbal de la précédente séance qui est adopté.

M. le Président annonce que MM. Nicolas et docteur Langlois ont été désignés par M. le Ministre de l’agriculture comme membres du jury du concours régional de Guéret. Outre M. Couderchet, vice-président du comice agricole, de nombreux éleveurs, notamment de la région du Mezenc, prendront part à cette grande fête de l’agriculture. M. Aymard souhaite à tous les exposants de notre département, de nombreux lauriers. Les prix remportés par nos compatriotes, dans les grands concours de Lyon et de Paris, donnent à la réalisation du souhait de notre honorable président toutes chances de succès.

M. I. Hedde fait part d’une lettre qui lui a été adressée par la Société des agriculteurs de France, dont notre confrère est membre. Cette lettre, rédigée sous forme de questionnaire, sollicite des renseignements sur la situation agricole de notre département en 1878, comparée à celle de 1861, date des traités de commerce. Sur la proposition de plusieurs membres, il est décidé que l’étude de cette question, si délicate et si complexe, sera renvoyée à l’examen d’une commission ainsi composée :

MM. A. Chorand, Couderchet, L. Gratuze, I. Hedde, A. Jacotin, É. Mauras, H. Mosnier et Nicolas.

La commission se réunira sous peu et procédera elle-même à la nomination d’un président et d’un rapporteur.

M. Nicolas a la parole pour une communication sur la culture du panais. L’honorable directeur de la ferme-école donne d’abord quelques renseignements phytologiques sur cette plante potagère qui a, comme on le sait, beaucoup d’analogie avec la carotte, laquelle, ainsi que le panais, appartient à la famille des ombellifères.

On distingue deux variétés de panais pour l’usage domestique : le panais rond, qui sert à la nourriture de l’homme, et le panais long, employé à celle des animaux. La première de ces variétés forme un aliment léger et agréable, et a une saveur douce et aromatisée. La seconde est une bonne nourriture pour le bétail. En Bretagne, où il est plus productif que la carotte, on en donne aux porcs et aux bœufs et on obtient ainsi d’excellents résultats au point de vue de l’engraissement.

Quant au mode de culture du panais, il convient de le semer au premier printemps ou à la fin de l’été dans une terce humide, meuble et bien labourée. D’après notre confrère, un sol calcaire lui convient parfaitement.

Toutefois, en présence des résultats négatifs obtenus avec le panais, il y a quelques années, dans le département de Vaucluse, en présence des essais infructueux de culture de cette plante faits, en 1842, par M. Chouvon, directeur de la ferme-école, M. Nicolas conseille à nos agriculteurs de n’user qu’avec une extrême modération du panais. On doit se borner à faire quelques expériences, et, quant à notre honorable confrère, il se propose, cette année même, de faire avec cette plante de nouvelles tentatives dont il rendra compte ultérieurement à la Société.

M. le Président signale l’article que M. Richard, du Cantal, a consacré au panais, dans son dictionnaire d’agriculture. Cette plante étant, au dire de l’illustre agronome, très rustique et fort vivace, M. Aymard se demande si elle ne pourrait pas être cultivée dans les contrées qui avoisinent les montagnes du Mezenc.

M. le capitaine Lefèvre fait observer que le panais ne pouvant résister à une température au-dessous de 10°, il serait impossible d’en tirer partie à ces hautes altitudes. Notre confrère ajoute qu’il estime les climats tempérés comme les seuls propices à cette plante.

L’ordre du jour appelle la nomination des membres de la commission pour le projet d’un stand et d’une société de tir. Sont désignés pour faire partie de cette commission : MM. de Vérac, lieutenant-colonel de l’armée territoriale ; Chave et Barré, commandants en retraite ; Lefèvre, capitaine au 98e de ligne ; Meyer, Gratuze, Seguin, Pagès, Jacotin, Bonnet, adjoint ; L. Balme, Blanc-Marthory.

Il est, en outre, décidé que cette commission pourra s’adjoindre toutes les personnes qu’elle jugera aptes à amener la réalisation de cet utile et patriotique projet.

M. le Président fait une communication sur des plans géométriques d’anciennes cavernes souterraines découvertes en diverses communes du canton de Pradelles.

Sur la proposition de son président, l’Assemblée vote de vives félicitations à M. Bonnefoux, auteur de ces plans.

M. Lascombe donne lecture d’une notice sur des bijoux ornés de saphirs du Puy, mentionnés dans un inventaire du XIVe siècle[1].

À propos du classement de nos archives communales confié par M. le Maire de la ville du Puy à M. A. Jacotin, ce dernier demande à la Société d’émettre le vœu que la municipalité de notre ville veuille bien faire construire un local permettant de mettre à l’abri de l’incendie les titres importants qui constituent les archives du Puy. Il rappelle que M. Préat, répondant à un désir légitime de M. Aymard, avait fait disposer une salle voûtée avec porte en fer, mais que cette salle est devenue maintenant tout à fait insuffisante, pour contenir les documents qui, chaque jour, s’accumulent à la mairie. Il est donc nécessaire, dit en terminant M. A. Jacotin, de signaler à l’attention éclairée de notre municipalité les inconvénients de cette situation, à laquelle il importe de remédier au plus tôt.

M. Aymard appuie vivement la proposition de M. A. Jacotin et rappelle l’incendie de l’Hôtel-de-ville du 9 octobre 1653, dans lequel périrent tous les papiers et titres qui s’y trouvaient. Notre honorable Président ajoute que, depuis longtemps, il s’occupe de cette question et que, de concert avec l’architecte de la ville, il avait fait, il y a quelques années, les plans et devis d’une construction remplissant toutes les conditions nécessaires pour éviter le retour de semblables sinistres.

L’assemblée s’associe unanimement au désir exprimé par MM. A. Jacotin et Aymard et émet le vœu qu’à sa prochaine séance, le conseil municipal de la ville du Puy s’occupe de prendre d’urgence les mesures pour préserver de l’incendie nos archives municipales.

M. le Président annonce que le Musée a été enfin évacué par la troupe et que M. le Maire en a livré l’entière jouissance aux conservateurs qui dorénavant auront un cabinet spécial. Lorsque les ressources de la ville le permettront, le conseil des conservateurs a l’intention de demander le transfert au Musée de la bibliothèque publique. En attendant, et pour prouver tout l’intérêt que le conseil municipal porte à cet établissement communal, M. le Président est heureux d’annoncer à l’assemblée qu’une nouvelle somme de 100 fr. a été mise à la disposition des collections d’histoire naturelle.

À propos du Musée, M. Aymard donne quelques détails fort intéressants sur le classement, par groupes chronologiques, des antiquités lapidaires. Le troisième groupe qu’il vient d’achever, a été surtout élevé à L’aide de pierres provenant de notre cathédrale.

Dans le nouveau groupe, en ce moment en construction, une tête placée au centre d’une arcature a vivement attiré l’attention de M. Aymard qui n’y voit que la représentation, au XIe siècle, de l’empereur Charlemagne, dont le grand souvenir s’est perpétué à travers les âges.

En terminant son intéressante communication, M. Aymard fait ressortir tout l’intérêt qui s’attache au classement des antiquités lapidaires disposées pan âges et par groupes. C’est, selon lui, le plus sûr moyen d’enseigner l’art épigraphique et l’art décoratif, deux questions qui passionnent de nos jours l’opinion publique et qui, au moment de la grande Exposition universelle, ont provoqué d’intéressants commentaires de la part d’un artiste éminent, M. Pillet, inspecteur de l’enseignement primaire, dans un rapport lu à la dernière réunion de la Sorbonne.

La Société, sur la proposition de M. I. Hedde, vote de vives félicitations à M. Aymard pour le soin laborieux et érudit qu’il met à classer les collections lapidaires de notre Musée.

M. le Président attire l’attention de l’assemblée sur un tableau envoyé par notre compatriote, M. Maurin, élève de l’école des Beaux-Arts, pour le Musée du Puy. Chacun se plaît à reconnaître chez le jeune artiste les qualités éminentes qui lui ont valu déjà à Paris des récompenses élevées.


L’un des Secrétaires,
A. Jacotin.

  1. V. IIe volume, Mémoires, p. 225.