Séances de la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire/3 juillet 1879

SÉANCE DU 3 JUILLET 1879.


Présidence de M. Aymard.


Avant de passer à l’ordre du jour, M. le Président exprime, en quelques mots, les regrets causés au sein de la Société par la mort d’un de nos estimés confrères, M. Rabany, orfèvre, graveur distingué, et proche parent de Rabany-Beauregard, littérateur éminent du commencement du XIXe siècle.

M. I. Hedde dépose sur le bureau plusieurs de ses ouvrages qu’il destine à la bibliothèque de notre ville. De vifs remerciements sont votés au généreux donateur.

M. le Président donne lecture d’une lettre de M. le Préfet annonçant que M. le Ministre de l’Agriculture vient d’accorder à la Société une subvention de 2,000 fr. pour le concours départemental de Brioude, et une égale subvention pour le concours des animaux reproducteurs de la race bovine dm Mezenc.

À propos du concours régional de Guéret, M. le Président rappelle les succès exceptionnels remportés par nos éleveurs du Mezenc et, en particulier, les deux prix d’ensemble accordés à M. Couderchet, le sympathique vice-président du Comice agricole. M. Aymard constate, à cette occasion, que les agriculteurs de notre département prennent part à tous les concours régionaux.

À une demande qui leur est adressée par M. le Président, MM.  Couderchet et Nicolas répondent qu’ils ont remarqué parmi les instruments agricoles exposés à Guéret, une petite faucheuse dont on pourrait tirer un grand parti dans notre pays.

M. le Président rappelle le vœu émis par la Société, à sa séance du 6 juin dernier, pour que les Musées de province participent, comme les Musées de Paris, aux largesses de l’État. Grâce au projet de loi déposé sur le bureau de la Chambre des députés par MM. Lockroy, Parent et P. Bert, ce vœu est sur le point de se réaliser. Ces honorables députés réclament, en effet, une dotation de 200 millions en faveur de certains établissements, et notamment des Musées provinciaux. La commission d’initiative parlementaire, saisie de cette proposition, l’a adoptée et les renseignements qui parviennent journellement à M. Aymard, lui font espérer que les représentants des deux Chambres accueilleront avec bienveillance ce projet. L’honorable Président énumère les sacrifices faits pour le Musée Crozatier, soit par le département, soit par la ville, et estime que ces dépenses considérables (environ 400,000 fr.) sont de nature à décider le gouvernement à nous allouer une large subvention sur les ressources que la proposition précitée mettra à sa disposition.

M. le Président rend compte d’une visite archéologique qu’il a faite dernièrement dans l’église de Saint-Germain-Laprade. Ce monument, du XIIe siècle, est fort curieux à étudier. Dans l’un des murs, M. Aymard a trouvé une pierre funéraire romaine dont il donne la description. Il a découvert aussi dans la cour d’une ferme de cette localité une pierre sculptée, qui, au premier abord, paraît avoir servi au culte priapique. Cette pierre trouvée au fond d’un puits, il y a quelques années, sera déposée sous peu au Musée.

M. Lascombe donne lecture d’une notice sur le rocher d’Espaly[1].

L’assemblée admire le splendide recueil des fac-similés héliographiques de documents historiques, dont un exemplaire vient d’être acquis pour la bibliothèque de notre ville. Trois pièces attirent surtout l’attention de la Société. La première, datée du 23 mars 1149, et provenant de nos archives départementales, est un diplôme par lequel Alphonse VIII, roi de Castille, se qualifiant empereur d’Espagne, donne à l’abbaye de la Chaise-Dieu et au prieuré de Saint-Jean de Burgos, diverses terres sises au territoire de Burgos. Les deux autres, de février 1266 et juillet 1279, relatives aux coutumes de Chenereilles, citent, comme exemple, les coutumes de la ville du Puy. La Société félicite M. Chacornac du talent qu’il a déployé dans la confection de deux serrures faites à limitation de celles du moyen âge.

M. L. Gratuze adresse, par lettre, sa démission de secrétaire de la Société, ses nouvelles occupations ne lui permettant plus de prendre une part active à nos travaux. L’assemblée prie M. le Président de faire de pressantes démarches auprès de notre confrère, pour l’engager à revenir sur sa fâcheuse détermination.

Sur le rapport conforme de la commission, chargée d’examiner la candidature de M. E. de Veyrac, lieutenant-colonel au 101e territorial, la Société, après un scrutin, l’admet, à l’unanimité, comme membre non résidant.


L’un des Secrétaires,
A. Jacotin.



  1. V. IIe volume. Mémoires, p. 219.