Séances de la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire/5 janvier 1882

SÉANCE DU 5 JANVIER 1882.


Présidence de M. le Dr Langlois.

M. le Président signale deux articles dans le Journal de l’agriculture, de Barral, le premier sur le choléra des poules et le second sur un nouveau système de ferrure de chevaux.

M. P. Le Blanc fait l’historique de la papeterie de Prades sur l’Allier, fondée vers le milieu du XVIe siècle par la maison de Rochebaron.

L’assemblée s’intéresse vivement à la reproduction de peintures fort délicates qui ornent plusieurs poutres du château féodal de Beauzac. Ces peintures, datées de 1567, dénotent de la part de leur auteur, un grand sentiment artistique, en même temps qu’un profond talent.

Fragment d’une des poutres du plafond peint à fresque du château de Beauzac (canton de Monistrol-sur-Loire), Camille Robert

À l’occasion de cette communication, M. A. Jacotin rappelle que le manoir seigneurial de Beauzac, a été successivement possédé par les Rochebaron, les d’Apchon, les Moret, les Pasturel, les d’Apinac, les Cussan, les de Colomb et enfin les Richond qui le vendirent aux religieuses de Saint-Joseph, qui en sont aujourd’hui les propriétaires. Ce château, existait déjà au XIIe siècle, et dut être très fort ; il est de nos jours en partie démoli. Aussi est-ce un rare bonheur archéologique, que de pouvoir sauver de la destruction par une reproduction qui sera insérée dans nos Mémoires, le seul vestige important qu’aient respecté ces deux grands destructeurs, l’homme et le temps.

M. P. Le Blanc fait circuler sous les yeux de ses confrères le produit d’une trouvaille numismatique, faite, en octobre 1881, par le nommé Roux Jean, sur la place abbatiale de la Chaise-Dieu. M. M. de Billoër, qui s’est rendu acquéreur des neuf monnaies qui constituent cette découverte, en fait hommage, par l’entremise de M. M. P. Le Blanc au Musée du Puy.

D’après M. A. Jacotin ces monnaies peuvent être ainsi attribuées : un gros tournois argent de Philippe le Bel, un douzain du XVIe siècle (illisible), un liard en billon, un liard double en cuivre de Louis XV, deux doubles tournois en cuivre d’Henri III et de Louis XIII, et enfin un petit poids, de forme hexagonale, en fer, du XVIe siècle.

La Société vote des remerciements à l’auteur de ce don.

À propos d’une reproduction autographiée d’une ancienne vue de l’église de la Trinité, près Paulhaguet, église célèbre par ses nombreux pèlerinages, M. Aymard attribue à la dénomination de Trinité une antique origine. Il rappelle que la forme trinitaire se rencontre dans les religions les plus anciennes et que, de tout temps, des propriétés remarquables ont été données au nombre trois. Il est donc naturel de supposer, dit en terminant notre honorable confrère, que la Trinité a été en honneur dès l’époque gauloise et que le moyen âge a continué une vieille tradition, en faisant de cette localité le but d’un pèlerinage.

Tout en respectant l’opinion de M. Aymard, M. P. Le Blanc estime cependant que cette appellation de Trinité provient plutôt de la forme triangulaire du rocher sur lequel a été construite l’église. On sait, en effet, que les chrétiens représentent la Trinité sous la forme d’un triangle, au milieu duquel est inscrit, en caractères hébraïques, le nom de Jehovah. Quoi qu’il en soit de l’étymologie de ce nom de lieu, il est certain qu’aux temps historiques, la Trinité a du être une maladrerie réunie d’abord à celle de la Bajasse, puis abandonnée, et enfin devenue le lieu du rendez-vous des pèlerins.

Sous le titre du Premier âge du fer, M. E. Chantre, le célèbre paléo-ethnographe, vient de publier une très importante et très intéressante étude sur les nécropoles et tumulus du bassin du Rhône. Cet ouvrage, dont M. Chantre a fait hommage à notre Société, renferme cinquante planches reproduisant les nombreux spécimens de fibules, de torques, de bracelets, de colliers, que des fouilles intelligentes ont mis à jour, depuis quelques années, dans cette contrée. On peut dire, en parlant de ce volume, qu’il renferme l’histoire complète de l’époque dite gauloise, pendant laquelle le fer s’est substitué définitivement au bronze pour la fabrication des armes et des instruments tranchants.

La Société charge son président d’adresser ses remerciements au généreux donateur, M. Chantre.

M. Alix résume la situation financière. L’assemblée vote d’unanimes félicitations à son zélé et infatigable trésorier qui, par ses soins assidus, coopère pour une grande part à la prospérité toujours croissante de l’œuvre de progrès entreprise par la Société agricole et scientifique, dans notre département. Sur les conclusions conformes du rapport spécial, M. Varennes est proclamé membre résidant de la Société.


A. Jacotin.