Ces études ont paru, pour la plupart, il y a plus
de vingt ans. Les premières datent d’une époque de
renouvellement littéraire où la critique essaya d’attirer
au livre canadien encore rare, et sous-estimé parce que
canadien, une sympathie que les nôtres furent trop lents
à lui accorder. Il fallait alors créer de l’estime pour le
livre canadien. L’encouragement du public est nécessaire
au développement d’une jeune littérature. S’il ne
crée pas lui-même les talents, il provoque des efforts
qui sont utiles.
Il fallut, pour cette œuvre de rapprochement entre
le lecteur canadien-français et les auteurs, mettre dans
les jugements littéraires une suffisante bienveillance.
La critique au vinaigre est aussi stérile que la critique
à l’eau de rose. Nous avons donc cru bon, dans nos
Essais et nos Nouveaux Essais , de faire connaître par
leur analyse les ouvrages, d’indiquer à côté des faiblesses
de fond ou de forme, les qualités que pour l’information
du lecteur aussi bien que pour le profit des auteurs,
il importait de souligner. Si aujourd’hui il est permis
à la critique d’être plus sévère, nous sommes toujours
convaincu qu’il y a vingt ou trente ans, notre méthode
fut la meilleure. Et cette méthode constitue elle-même,
semble-t-il, un document littéraire qui a sa valeur.
Nous prions les lecteurs de ces Essais que réédite, en
les groupant selon l’ordre des genres littéraires étudiés,la maison Beauchemin, de se reporter eux-mêmes à
l’époque de mésestime du livre canadien où ils furent
d’abord publiés.
Les Essais et Nouveaux Essais paraîtront en trois volumes intitulés : Les Historiens de chez nous ; les Poètes de chez nous ; les Romanciers de chez nous.